Alexis Badel : « Les entraîneurs hongkongais ont prouvé qu’ils pouvaient faire aussi bien que les Occidentaux. »
Comme Antoine Hamelin, Alexis Badel sera dimanche au départ de la Queen’s Silver Jubilee Cup, un Gr1 qu’il a déjà remporté. L’occasion pour le pilote de faire un point sur sa nouvelle saison à Hongkong.
Jour de Galop. – Comment jugez-vous votre saison actuelle ?
Alexis Badel. – Le niveau est très compétitif et je ne m’en sors pas trop mal. Je suis donc plutôt satisfait de cette première partie de saison. J’ai gagné des Groupes, de belles épreuves mais, en nombre de gagnants, j’aurais pu faire mieux. J’ai l’impression d’avoir pris quelques mauvaises décisions, notamment sur le booking des chevaux. J’ai également reçu quelques suspensions qui m’ont coûté cher. La seconde partie de saison devrait être bonne car j’ai de bonnes montes qui arrivent.
Justement, dimanche à Sha Tin, dans la Queen’s Silver Jubilee Cup (Gr1), vous montez Healthy Happy (Zouztar), avec qui vous avez gagné la Celebration Cup (Gr3 Hcp) en septembre…
Healthy Happy est un cheval que je connais bien, avec lequel j’ai effectivement gagné un Gr3 et, surtout, ma première “grosse” course ici : la Hong Kong Classic Cup, lorsqu’il avait 4ans, en 2021. C’est un cheval généreux mais qui a toujours un peu peiné au niveau supérieur. Dimanche, il est barré pour la victoire mais une place reste envisageable.
Que valent les 4ans cette saison à Hongkong ?
Il reste une épreuve à courir dans la série des grandes courses pour cette promotion : le Hong Kong Derby. Le niveau est globalement correct, dans le sens où très peu de chevaux sortent du lot. Seuls deux ou trois 4ans sont vraiment au-dessus [un cheval comme Helios Express vient de remporter coup sur coup le Hong Kong Classic Mile et le Hong Kong Classic Cup, ndlr].
La victoire de Romantic Warrior (Acclamation) dans le Cox Plate (Gr1) à Melbourne a-t-elle boosté la confiance des entraîneurs de Hongkong de courir à l’étranger ?
Danny Shum, l’entraîneur de Romantic Warrior, a toujours été un bon entraîneur local. Il est l’un des seuls entraîneurs étrangers à courir à l’étranger. Il avait même gagné à Royal Ascot, si ma mémoire est bonne [le King’s Stand Stakes (Gr1), en 2012, avec Little Bridge (Faltaat), ndlr]. Il mérite ce genre de succès. Plus largement, la confiance des entraîneurs hongkongais s’est également amplifiée avec les réussites de compétiteurs tels que Lucky Sweynesse (Sweynesse) et Golden Sixty (Medaglia d’Oro), deux chevaux entraînés par des locaux. Ils ont prouvé qu’ils pouvaient faire aussi bien que les Occidentaux.
Lors de la dernière élection pour la présidence de France Galop, il a souvent été fait référence à Hongkong et à son modèle. Vous qui êtes en première ligne là -bas, de quoi la France devrait-elle s’inspirer en priorité ?
[Il réfléchit] Il est inutile de critiquer France Galop sur ce qui ne va pas par rapport à Hongkong, car la gestion des courses françaises est bien plus complexe. Les environnements n’ont rien à voir. Selon moi, le modèle hongkongais est très difficile à copier. Le business est plus “huilé”. Tout est limité ici, le nombre de chevaux, d’entraîneurs, de jockeys. À Hongkong, il y a beaucoup, beaucoup d’argent. Les propriétaires investissent énormément. Les courses sont quasiment la seule offre de jeu, c’est pourquoi énormément de personnes jouent aux courses. À cela s’ajoute un Hong Kong Jockey Club extrêmement puissant et qui dispose d’énormément de moyens. Et, lorsque l’on a des moyens, on peut évidemment faire les choses plus facilement…