Gianluca Bietolini, Monsieur podiums classiques
Gianluca Bietolini ne figure pas uniquement sur un podium au titre de personne la plus élégante sur les hippodromes – peut-être même à la première place. Il affiche surtout un score parfait dans les classiques : quatre partants, tous dans les trois premiers.
Par Franco Raimondi
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Souvenez-vous : Dicton (Lawman) s’est classé troisième de Poule d’Essai des Poulains et du Prix du Jockey Club, Grand Glory (Olympic Glory) avait terminé en boulet de canon à la troisième place du Prix de Diane et Colosseo (Street Boss) avait décroché la deuxième place de la Poule de St Mark’s Basilica (Siyouni). Aujourd’hui, les places ne suffisent plus à Gianluca Bietolini : « Je me suis installé en France en 2014 avec un objectif majeur : remporter un classique. Cette année, j’ai huit chevaux engagés. Peut-être suis-je un grand optimiste ou une personne stupide… »
Chez lui à Maisons
Le professionnel est tombé amoureux de Maisons-Laffitte, outil de travail exceptionnel : « Le centre d’entraînement est magnifique, nous avons tout ce qu’il nous faut et ne rencontrons pas le moindre problème de surpopulation. On peut parfaitement travailler, au calme, et en suivant un planning précis. Je dis toujours que je suis dans le plus grand centre d’entraînement privé au monde… Durant l’hiver, la quasi-totalité de mes chevaux pour les classiques ont effectué beaucoup de travail de base, de longs galops de chasse et des promenades en forêt. Cette approche leur a fait le plus grand bien. Ils sont prêts à passer aux choses sérieuses. »
Ribaltagaia la grande étoile
La petite étoile de l’écurie se nomme Ribaltagaia (Blame), quatrième du Qatar Prix Marcel Boussac (Gr1) lors de sa deuxième sortie. Gianluca Bietolini s’en amuse : « Ce n’est plus la petite mais la grande étoile ! Je n’ai pas à l’écurie un poulain de 3ans plus grand qu’elle… La pouliche a pris beaucoup de force et, si l’on observe son pedigree, on y trouve beaucoup de tenue. En principe, je pense lui faire effectuer sa rentrée dans une Classe 2 avant d’aller sur la Poule. Si tout se passe bien, il y a ensuite le Prix de Diane. Je ne veux pas prendre une autre voie et lui donner une course de trop… »
L’autre pouliche engagée dans les classiques est Grigna del Nord (More than Ready), qui a ouvert son palmarès fin octobre sur la P.S.F. de Chantilly : « Elle est américaine et, comme dans le cas de Ribaltagaia, j’ai dû lui chercher une course ouverte aux chevaux qui ne sont pas qualifiés dans les maidens F.E.E. Elle a bien gagné et, même si elle n’est pas très grande, elle possède de la classe et de la tenue. On la verra sur le gazon mais je pense qu’elle va devenir une bonne pouliche. »
Megarry, un nouveau venu arrivé d’Irlande
Parmi les quatre poulains engagés dans la Poule, il y a le petit nouveau de l’écurie : Megarry (Inns of Court), lauréat de Listed en Irlande avec à la clé un rating 102 et qui a été acheté 110.000 Gns (135.000 €) à Tattersalls HIT : « Quand il est arrivé à l’écurie, j’étais inquiet puisqu’il avait couru sept fois à 2ans et était un peu léger. Il m’a agréablement surpris : il s’est tout de suite bien adapté à sa nouvelle routine. Il n’a pas beaucoup grandi mais il a pris trente kilos et se comporte aujourd’hui comme un vrai pro. Il est engagé dans le Prix de la Californie (L) mais je ne sais pas si nous allons effectuer le déplacement. Il doit porter deux kilos de surcharge et le poulain de Jérôme Reynier [Lazzat, ndlr] m’a fortement impressionné. Megarry est engagé dans la Poule et nous verrons comment il évolue. Le plan B serait d’aller sur le Premio Parioli (Gr3), la Poule italienne. »
Les trois autres 3ans de la maison Bietolini ont déjà tous remporté leur course : Grand Son of Calyx (Calyx), Grand Scoop (No Nay Never) et Gentleman Beauty (Masar). Grand Son of Calyx avait fait ses débuts en mars mais il n’a plus été revu après le Prix Roland de Chambure (L), pour une bonne raison : « Il s’est donné un gros coup et nous avons dû le mettre au repos. Il a repris petit à petit et a fait de la piscine. Je ne veux pas dire que cela a été un mal pour un bien mais le poulain est très impressionnant et je m’attends à de bonnes choses. Grand Scoop n’est pas un cheval de grande taille mais il a de la classe. C’est un petit professeur. Le matin, il fait le minimum, comme les bons chevaux, et il a gagné une course impossible. Gentleman Beauty a remporté sa Classe 2 et nous avons tenté le Critérium de Vitesse (L), une vraie course pour les sprinters. Si je pense qu’il s’agit d’un cheval pour les tracés rectilignes, ce n’est pas un vrai sprinter. Je pense au Prix Djebel (Gr3) et, s’il gagne, on pourrait se laisser tenter par la Poule. Il est donc engagé. »
Pour le Jockey Club… ou l’Italie
Les deux pensionnaires de Gianluca Bietolini qui ont leur ticket pour le Qatar Prix du Jockey Club sont Candy Wheel (Candy Ride), septième lors de ses débuts jeudi à Chantilly, et Believer (Make Believe), qui a ouvert son palmarès sur le gazon de Cagnes-sur-Mer : « Candy Wheel est la démonstration même de ma stupidité (rires)… En fait, il est un peu spécial. Le matin, il réalise de superbes galops et parfois d’autres très moyens. Il est un peu têtu. Jeudi à Chantilly, il n’a pas compris qu’il était aux courses. Je reste convaincu qu’il a du talent et qu’il va le montrer. » Believer a joué de malchance lors de ses débuts quand il est tombé sur un autre mansonnien très estimé, le Lerner Look de Vega (Lope de Vega) : « Je savais que Look de Vega était jugé très bon. Believer avait hérité d’un mauvais numéro dans les stalles et il s’est retrouvé en tête alors que mes chevaux galopent toujours derrière un leader à la maison. Il a été battu sans excuse mais il a bien couru. Lors de sa rentrée à Cagnes-sur-Mer, il a pu attendre avant de placer une très belle accélération. Il tient et accélère. Après cette victoire, il a le droit de souffler un peu et on le reverra en avril dans une Classe 2. Je suis confiant. Il est dans le Jockey Club mais je pense aussi au Derby Italiano (Gr2). »