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vendredi 15 novembre 2024

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Euro Limousin, deux jeunes investisseurs ambitieux

Euro Limousin, deux jeunes investisseurs ambitieux

Par Thomas Guilmin

tg@jourdegalop.com

Dimanche dernier, à Pau, la 3ans Jakima (Kodiac) a ouvert son palmarès à l’occasion de sa neuvième tentative. Auparavant entraînée par Andrew Balding, cette ancienne élève et représentante de George Strawbridge a été acquise 42.000 Gns par Langlais Bloodstock (Victor Langlais) à la vente d’août des chevaux à l’entraînement de Tattersalls, en 2023. Ce dernier partage désormais la propriété avec Ludovic Gadbin, mais également avec Euro Limousin, Derrière ce nom, on retrouve Quentin Meteyer et Guillaume Lajudie, deux hommes d’une trentaine d’années qui sont à la tête de plusieurs sociétés dans le secteur agricole. Passionnés par la génétique, ils ont souhaité parfaire leur domaine de connaissances en s’intéressant de plus près aux courses ainsi qu’à l’élevage. Et la réussite n’a pas tardé à arriver. Quentin Meteyer détaille : « Jakima nous a offert une première victoire en tant que propriétaire. L’objectif était de la faire gagner, c’est désormais chose faite. Elle devrait rentrer comme poulinière après sa carrière de courses. Ce sera la dixième poulinière sur laquelle nous sommes associés. »

Au quotidien, les deux hommes ont plusieurs casquettes. Gérants de Selecviande, une entreprise spécialisée en conseils génétiques aux élevages ainsi que dans la prospection commerciale, ils sont également chefs des ventes du marché au cadran des Hérolles dans la Vienne ou encore éleveurs de bovins : « Avec mon associé, Guillaume Lajudie, nous sommes issus du monde agricole. Nous organisons des ventes aux enchères pour un marché où l’on vend environ 50.000 bovins et ovins par an. On exporte également. En parallèle, nous sommes aussi éleveurs de vaches limousines. Nous avons deux fermes, soit environ 360 hectares. Cela fait une dizaine d’années que nous sommes associés. Nos familles respectives n’ont aucun lien avec l’univers des courses. Mes parents avaient quelques chevaux de CSO, mais cela ne m’intéressait pas vraiment. Puis, étant donné que nous sommes en Haute-Vienne, dans le Limousin, ce n’est pas une activité qui est très répandue. »

Leurs débuts dans les courses

Tout est parti d’une rencontre qui, sur le papier, était purement professionnelle : « Cela a débuté lorsque j’ai rencontré Jeofrrey Lerner, du haras de Marancourt. Il m’a appelé car il souhaitait lancer un élevage de vaches limousines. De fil en aiguille, nous nous sommes liés d’amitié. En l’espace de trois ou quatre ans, il m’a acheté près de 400 vaches. Pour lui rendre la pareille, je me suis intéressé à l’élevage de chevaux. Cela a été le début de notre aventure. Nous avons commencé chez les trotteurs en devenant propriétaires de quelques chevaux. Jeoffrey Lerner, lui, débutait tout juste dans l’univers du galop. Au même moment, nous avons rencontré Victor Langlais (Langlais Bloodstock) qui était un peu mieux introduit que nous chez les galopeurs. Nous étions tous âgés de moins de 30 ans ! Tous ensemble, on se motive davantage. Victor et Jeoffrey ont une vision très optimiste de la filière. C’est ce qui nous a motivés car nous étions novices au départ. »

Un grand intérêt pour les souches “Strawbridge”

« Lors de notre première année dans l’univers des courses, nous avons été encadrés par Jeoffrey et Victor. On leur a fait totalement confiance. Mais, lorsque l’on s’y est vraiment intéressé, nous avons compris comment cela se passait à travers les pedigrees, etc. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir acheter des produits de la famille de Dream Clover (Oasis Dream) et d’In Clover (Inchinor). Cette souche donne beaucoup de femelles. C’était une bonne opportunité pour nous car nous ne voulions pas être spectateurs : nous souhaitions vraiment nous impliquer. La première poulinière que nous avons achetée est Ayelet (Hat Trick) en association avec Jeoffrey et Victor. Elle était pleine de Wootton Bassett (Iffraaj). Ayelet est elle aussi issue de l’élevage de George Strawbridge, c’est une famille que nous aimons beaucoup. C’est une fille de Dream Clover. D’ailleurs, actuellement, nous avons quatre sœurs qui sont toutes des filles de Dream Clover. En 2022, nous avons acheté Quechuah (Dark Angel), la sœur de Kelina (Frankel), qui a gagné le Prix de la Forêt (Gr1), à la vente d’élevage d’Arqana. Là encore, nous parlons d’une souche de George Strawbridge car la mère, Incahoots (Oasis Dream), est une fille d’In Clover (Inchinor). L’idée est vraiment de travailler sur toute cette famille… »

Ils ont vendu à Coolmore et Peter Brandt

L’été dernier, Quentin Meteyer a vécu un grand moment à Deauville. Et pour cause, le troisième produit d’Ayelet par Sottsass (Siyouni) a attiré les convoitises de plusieurs acheteurs, ce qu’ils ne sont pas près d’oublier : « C’est le frère du 3ans Agat (Wootton Bassett) qui vient d’ouvrir son palmarès à Deauville pour l’entraînement de Jean-Claude Rouget. Il a été présenté à la vente de yearlings d’août d’Arqana, où il a été acheté 380.000 € par la Team Coolmore en association avec White Birch Farm. Pour nous, c’était quelque chose d’exceptionnel d’autant plus que nous étions présents… »

Des investissements en obstacle également

Quentin Meteyer et Guillaume ne se concentrent pas uniquement sur le plat : « Lors de la dernière vente d’automne d’Arqana, nous avons acheté Ashalanda (Linamix) en association avec le haras de Marancourt. L’idée est de diversifier notre activité en nous intéressant également à la discipline de l’obstacle. Ce n’est pas la première fois que nous faisons ce type d’achat car, en 2018, nous avions acheté Légende du Berlais (Saint des Saints) avec Victor Langlais. »

Les ventes aux enchères font partie de leur quotidien

Chaque semaine, les deux hommes ont pour mission d’organiser les ventes du marché au cadran des Hérolles. À en croire leurs propos, il y a d’ailleurs quelques similitudes avec les ventes aux enchères de chevaux : « Nous sommes habitués aux ventes aux enchères car cela fait partie de notre quotidien. Il y a quelques similitudes dans l’attitude des personnes que l’on peut rencontrer dans les bovins et dans les chevaux. On retrouve également la passion. En revanche, le monde des courses est beaucoup plus international. On peut discuter avec diverses personnes qui viennent de milieux totalement différents. Dans le secteur du bovin, c’est beaucoup plus sectaire. Le prix, lui, varie beaucoup car dans les chevaux, les montants sont nettement plus exorbitants. »

Un lien fort avec le haras de Marancourt

D’abord amis, Jeoffrey Lerner et Quentin Meteyer sont désormais liés puisque ce dernier partage son quotidien avec la sÅ“ur de Jeoffrey : « Le haras de Marancourt est une structure exemplaire. J’ai entièrement confiance en Jeofrrey. Il a des qualités d’éleveurs indéniables. Lorsque l’on se rend aux ventes, avec Quentin, on remarque que nos poulains sont magnifiques et qu’ils sortent un peu de l’ordinaire. La partie génétique est importante, mais l’œil de l’éleveur l’est encore plus. »

Leurs prochains objectifs

« L’idée est de pouvoir prendre deux ou trois parts de poulinières tous les ans. Cela nous permettrait d’en avoir une vingtaine, ce qui devrait nous permettre de limiter les risques tout en optimisant les investissements. Notre famille est en train de s’établir donc nous voulons conserver les bonnes femelles, tout en valorisant la majeure partie de l’effectif. Ce qui est très important, c’est de continuer à présenter de bons poulains aux ventes et qu’ils soient performants lorsqu’ils iront aux courses. Tant que le marché reste porteur comme il peut l’être aujourd’hui, nous continuerons d’investir avec beaucoup d’envie. Nous sommes passionnés par la génétique. »

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