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mercredi 25 décembre 2024

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Et soudain, le Qatar est (à nouveau) le centre du monde

H.H. The Amir Sword Festival

Et soudain, le Qatar est (à nouveau) le centre du monde

L’histoire n’est pas linéaire et Doha fait un retour impressionnant sur le devant de la scène hippique internationale. Le meeting international, du 15 au 17 février, bénéficie d’un fort regain d’attention. Et ce n’est pas qu’une question d’allocations.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Le Qatar a effectué une entrée fracassante dans les courses internationales de pur-sang anglais il y a un peu plus de dix ans. Principalement avec la création d’Al Shaqab Racing et la montée en puissance des autres écuries de la famille Al Thani (Al Shahania, Umm Quarn…). Sans oublier un nombre exponentiel de sponsorings et de chevaux à l’entraînement des deux côtés de la Manche. Soudainement, la planète course semblait quasiment graviter autour de Doha tous les ans au mois de février. La France hippique a beaucoup bénéficié des investissements du Qatar. Et tout ce que l’Irlande et la Grande-Bretagne comptaient de courtiers, journalistes, officiels et autres entraîneurs venaient en pèlerinage sur l’hippodrome d’Al Rayyan pour H.H. The Amir Sword Festival.

Dans une deuxième phase, la frénésie des investissements des grosses écuries qataries s’est assagie. Certains ont développé leurs élevages. D’autres ont préféré se recentrer sur le pur-sang arabe ou être plus raisonnables dans leurs achats. Le nombre de chevaux à l’entraînement en Europe s’est également réduit. Si on avait mis un compteur de visiteurs européens à l’entrée de l’hippodrome, la décrue aurait été très nette !

Des allocations qui interpellent

La troisième phase, nous y sommes. La Coupe du monde étant passée, le Qrec, c’est-à-dire le France Galop local, a « mis le paquet » sur les allocations qui ont connu une progression spectaculaire au cours des trois dernières saisons. Cela favorise l’expansion des effectifs d’un nombre significatif de jeunes propriétaires qui ont des moyens – sans forcément pouvoir lutter avec les très gros – et aussi beaucoup d’enthousiasme. Un deuxième hippodrome a été construit, avec la volonté de donner une chance raisonnable de victoire à un nombre important de casaques grâce à des conditions de course restrictives. Les pouliches pur-sang anglais nées au Qatar ont leur programme, tout comme les pur-sang arabes d’âge importés de France. Y compris lors du meeting international de H.H. The Amir Sword où chacune des 26 courses est dotée d’au minimum 100.000 $. Sur ces questions, les jockeys internationaux sont toujours très bien informés par leur proximité avec les leaders du monde hippique. Un grand pilote international britannique qui navigue dans l’élite depuis une vingtaine d’années m’a confié son sentiment alors que nous partagions le même taxi. Contre la promesse de ne pas révéler son nom, il m’a dit : « Je monte aussi à Meydan et les allocations n’ont pas suivi la même trajectoire qu’ici au Qatar. On sent que ce pays a une puissance financière impressionnante, avec une grande volonté à investir dans les courses. Clairement, pour moi, le Qatar et l’Arabie saoudite… c’est l’avenir !  »

Tout le monde est prêt à dégainer

Mais bien sûr, l’événement le plus visible de cette troisième phase, c’est l’apparition de Wathan Racing, c’est-à-dire l’écurie de l’émir du Qatar. Soudainement, les rangs de nos amis et confrères anglo-irlandais qui prennent l’avion pour Doha se sont mis à croître de nouveau ! Même les Émiratis, hier en conflit avec le Qatar dans le cadre du blocus imposé par les autres pays du Golfe, envoient des concurrents à l’assaut des riches allocations du meeting international. John Gosden s’est débrouillé pour trouver un cheval capable de bien faire et il a envoyé son fils Thady pour établir des relations publiques. Tout comme les O’Brien père et fils. Chez les Européens, chacun comprend que quelque chose est peut-être en train de naître. Et les leaders britanniques ou irlandais sont tous prêts à dégainer « au cas où » l’avenir du sport hippique se jouerait là. Cet avenir, justement, il est bien difficile à prévoir. Mais il y a la possibilité – pas la certitude – que Wathan Racing devienne un jour le nouveau Godolphin en termes d’impact économique sur notre microcosme. Bien sûr, vraisemblablement pas le « Godolphin » des années folles où les yearlings à sept chiffres mettaient le feu aux salles de vente du monde entier. Car, jusqu’à présent, Wathan a été assez « raisonnable » dans ses achats sur ce marché. L’entité qatarie concentrant une part importante de son budget sur celui des chevaux à l’entraînement où des offres impossibles à refuser ont permis d’acquérir de très bons sujets, en Europe notamment. Pour l’instant, le gros des troupes chez les pur-sang anglais gravite autour de la Grande-Bretagne où le management de Wathan a ses attaches. Mais l’émir a un nombre significatif de pur-sang arabes à l’entraînement en France.

Le dilemme d’un chef d’État

Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreux pays cherchent de nouveaux fournisseurs de pétrole, et surtout de gaz, pour tenter de se passer de la Russie. Ils se tournent notamment vers le Qatar où les devises affluent. En toute franchise, les acteurs des courses du Qatar sont fiers de l’émergence de Wathan Racing. D’une part car l’émir est très populaire. Et, d’autre part, car ils ont envie de voir une casaque de leur pays gagner les grandes courses internationales. Un peu comme la « fibre nationale » vibre quand le PSG brille ou quand un athlète qatari monte sur le podium aux Jeux Olympiques. La montée en puissance de Wathan Racing a tout changé dans la hiérarchie locale et l’écurie de l’émir domine totalement chez les pur-sang anglais. Mais pas encore chez les pur-sang arabes. L’émir va donc se retrouver face à un dilemme : faire monter en puissance son écurie, mais sans écraser les autres écuries locales. Car l’espoir de gagner une belle course a indéniablement fait partie des leviers du développement de la filière locale.

Un chef d’État… ça aide

Dans l’histoire moderne de notre sport, assez peu de chefs d’États et de monarques ont eu des chevaux de course. La famille royale britannique est une belle exception et elle a considérablement influé sur la popularité du sport hippique au Royaume-Uni. En Turquie, le soutien du père de la république, Mustafa Kemal Atatürk, a permis de poser les bases d’une filière qui est encore de nos jours une des plus solides de la région. Chez les Français, la dernière personnalité de « tout premier plan » à avoir Å“uvré en faveur du sport hippique n’est autre que le regretté Jean-Luc Lagardère. Sans être un chef d’État, il a eu une influence considérable sur notre microcosme et nous vivons encore un peu sur les bases qu’il a établies pour notre filière.

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