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lundi 23 décembre 2024

AccueilA la uneNicolas Clément : ses chevaux, sa vision

Nicolas Clément : ses chevaux, sa vision

Nicolas Clément : ses chevaux, sa vision

Auteur d’une belle année 2023, ponctuée de trente-neuf victoires et de nombreux succès acquis avec ses sujets de 2ans, Nicolas Clément peut aborder sereinement la saison à venir. Outre Rose Bloom (Lope de Vega), double lauréate et deuxième du Qatar Prix Marcel Boussac (Gr1), l’écurie pourra également compter sur Shady Lady (Blue Point), Survie (Churchill), et autres Miz Vega (Lope de Vega)…

Installé depuis la fin des années 1980 à Chantilly, vainqueur de l’Arc de Triomphe en 1990 avec Saumarez, l’entraîneur n’a pas tardé à prendre le virage de la modernité, portée sur la communication, avec les propriétaires et via les réseaux sociaux, ainsi que le développement de l’analyse de données. Un aspect d’autant plus important que le professionnel veille sur une soixantaine de pensionnaires, appartenant à près de quarante propriétaires différents, en majorité étrangers. Il nous a parlé de son écurie et de ses espoirs en 2024, mais également de sa vision des courses et de leur évolution. L’optimisme est là, porté aussi par le centre d’entraînement de Chantilly qui, après quelques années difficiles, a vu le nombre de yearlings à l’entraînement augmenter de 15 % au 1er janvier 2024. Une excellente nouvelle pour l’entraînement Made in France, qui doit confirmer sa belle année 2023. On le sait : le nombre fait la force !

Par Sacha Rochereau

sr@jourdegalop.com

Jour de Galop. – Lorsque l’on remporte autant de courses avec des 2ans, dans quel état d’esprit se trouve-t-on avant d’aborder la saison suivante ?

N. Clément. – 2023 a été une très bonne année avec les 2ans. Cette qualité à l’écurie permet de donner des lignes et cela donne confiance. Il y a un effet « boule de neige » qui se crée.

Comment avez-vous jugé la performance de Rose Bloom dans le Qatar Prix Marcel Boussac ? Quel va être son programme pour son année de 3ans ?

Sa performance est très bonne. Sa deuxième sortie, à Chantilly, était un peu rapprochée par rapport à ses débuts deauvillais. Rose Bloom s’est tout de même montrée très tendue dans le Boussac et il va falloir qu’elle se détende à l’avenir. Il y a certainement un axe d’amélioration de ce côté-là. L’objectif serait de la préparer en vue de la Poule d’Essai des Pouliches (Gr1). Nous verrons si nous lui donnons une course préparatoire avant, mais nous pourrions aller directement sur la belle. C’est une question que nous nous posons avec ses propriétaires.

Outre Rose Bloom, quels sont vos autres espoirs pour 2024 ?

Il y a d’autres bons éléments comme Shady Lady, qui a fait un « truc » dans le Prix Miesque (Gr3) dont elle se classait deuxième. Miz Vega a été impressionnante à Saint-Cloud, dans un terrain profond. Je me pose la question de savoir si elle a une aptitude ou non, je n’aime rien affirmer après une course seulement. Mais je pense que, comme toutes les bonnes pouliches, elle va dans tous les terrains. Quoi qu’il en soit, c’est l’un des bons espoirs de l’écurie. Il y a une autre pouliche que j’apprécie qui s’appelle Goa (No Nay Never). Elle s’est classée deuxième pour ses débuts [en décembre à Deauville dans le Prix de Lexington, ndlr] mais en finissant de plaisante manière. Enfin, nous avons Survie pour monsieur Augustin-Normand qui a bien gagné ses deux courses. Nous avons discuté avec John Hammond à son sujet et nous allons la laisser tranquille. Comme elle a couru fin décembre, nous ne voulons pas lui faire effectuer sa rentrée trop tôt. Le mois de mars est parfois un peu « cruel » pour les femelles.

Nous avions également Shamrock Glitter (Shalaa) qui avait plaisamment ouvert son palmarès, mais il a été vendu [à Team Valor, ndlr]. Il vient d’ailleurs de se classer deuxième à Dubaï pour son nouvel entourage. Nous sommes bien armés et nous espérons pouvoir rééditer cette année. Nous allons nous appliquer pour bien nous occuper de nos 2ans. Je pense que la réussite vient d’un mélange entre la confiance de l’équipe, la qualité de chevaux et les origines que l’on reçoit, ainsi que de l’entraînement. Avec les jeunes chevaux, l’idéal est de les avoir assez tôt à l’entraînement, leur apprendre à travailler en « bottes/bottes », les amener aux boîtes. Plus généralement, leur donner du rythme et les « mécaniser ».

Concernant votre effectif, vous avez énormément de propriétaires différents, dont beaucoup sont étrangers. Comment se passent les relations avec eux ?

J’ai beaucoup de propriétaires américains car je me rends souvent aux États-Unis. De fil en aiguille, on leur fait découvrir la France. Avec les résultats, on parvient ensuite à les fidéliser. C’est le cas par exemple avec le propriétaire de Shady Lady, Robert George Schaedle (RGS Racing France), les époux Harris, ou Ramon Tallaj (RT Racing). Ce dernier est un propriétaire récent, avec qui nous avons de la réussite puisque nous avons eu Moon Ray (Saxon Warrior) ou Galifa (Frankel). Je n’ai pas de gros propriétaires… mais chacun d’entre eux est important ! Cependant, si quelqu’un souhaite me confier quarante chevaux, je suis partant ! Nous avons également créé l’écurie de Groupe Shamrock Racing, avec Thibault de Seyssel. Je crois qu’il faut de plus en plus d’associations, et qu’il y aura de plus en plus de propriétaires pour moins de chevaux. Il faut donc être un peu inventif. Les résultats comptent évidemment beaucoup, mais il y a également l’aspect humain qui rentre en jeu. Savoir communiquer est important, avoir le sens de l’accueil. Savoir se réinventer est également important, tout en gardant ses bases, mais en évoluant avec l’expérience.

Justement, comment gérez-vous la partie communication au sein de votre écurie ?

J’ai une assistante, Charlotte de Pellegars, qui s’occupe de cela. Nous essayons de faire en sorte que chaque propriétaire reçoive régulièrement des photos, même si rien ne remplace les échanges par téléphone avec l’entraîneur. L’idéal est d’avoir les deux. Nous utilisons aussi l’application The Racing Manager. Morgane Molle est elle aussi une de nos assistantes et s’occupe de l’analyse des données via Arioneo. J’apprends à ses côtés afin d’essayer de revenir à la hauteur de nos jeunes entraîneurs sur ce point. C’est assez intéressant et, personnellement, j’apprécie tout ce qui est scientifique. Globalement, nous essayons d’être tournés vers une certaine modernité, mais surtout une proximité vis-à-vis de la clientèle. Il faut que nos clients se sentent les bienvenus.

La relation avec les propriétaires a certainement beaucoup évolué depuis vos débuts ?

J’ai commencé à entraîner il y a très longtemps, en 1988. À l’époque, on utilisait encore le Minitel ! Il y a des évolutions mais il faut prendre le train qui est en marche. Les entraîneurs doivent beaucoup plus communiquer à présent, nous avons beaucoup plus de propriétaires et il faut s’aider de supports. Cela reste néanmoins du « fun », de la joie à transmettre. La transparence est tout de même nécessaire. Il faut espérer que la nouvelle équipe en place à France Galop fasse, ce qui semble être le cas, de l’accueil, de la conquête du propriétaire, une priorité. Ceci afin de redynamiser l’atmosphère et tous les attraits liés à notre sport.

Comment jugez-vous la situation actuelle de Chantilly, en particulier au niveau du nombre de chevaux à l’entraînement ?

Nous avons une hausse de 10 % de chevaux à l’entraînement sur Chantilly, toutes générations confondues. Il y a bien sûr eu un effet lié à l’arrivée de Christophe Ferland, mais il n’y a pas que lui. Au niveau des yearlings, on note une augmentation de 15 % au 1er janvier. Ce qui est surtout impressionnant, c’est que nous avons cent 3ans de plus à l’entraînement par rapport à l’an passé. Il y a actuellement 2.315 chevaux basés à Chantilly. Et on y trouve de nouveaux entraîneurs en obstacle qui ont de très bons résultats. Le vent semble tourner dans le bon sens… et c’est tant mieux !

Chantilly est un gros fournisseur de partants, qui bénéficie en plus de la proximité des hippodromes et des aéroports. La qualité du centre n’est plus à prouver, et il y a une bonne équipe en place. Au niveau des pistes, Marin Le Cour Grandmaison et Lucien de Colbert forment un excellent tandem, qui fonctionne très bien. C’est encourageant. Je ne vous cache pas que nous étions inquiets il y a trois ou quatre ans, en voyant fondre les effectifs. Il y a des épiphénomènes qui se produisent et des changements de l’ordre de 1 ou de 2 % ne sont pas significatifs. Mais lorsque nous avons une hausse de 10 % comme c’est le cas actuellement, cela signifie quelque chose.

Êtes-vous optimiste concernant l’avenir des courses en France ?

Les courses ont été résilientes, c’est un très beau sport. Il faut simplement que l’on rentre dans le XXIe siècle, en utilisant les bons outils et en regardant ce qui fonctionne à l’étranger. Par exemple, je pense qu’il est nécessaire que nos hippodromes disposent d’écrans géants pour le confort du public. En effet, nous sommes aujourd’hui dans un monde d’images. Je suis aussi vice-président de l’AEDG (Association des entraîneurs de galop) et au conseil d’administration de France Galop. Je fais tout pour défendre la profession et remonter les avis constatés sur le terrain au conseil d’administration et à la nouvelle équipe en place. Essayons, ensemble, de travailler pour aller dans le bon sens, pour réformer les courses et attirer une nouvelle clientèle, de parieurs et de propriétaires et ainsi, ensemble, pérenniser notre si joli sport.

Il y a des passionnés chez les éleveurs, les propriétaires, les entraîneurs, les écuries. Il faut entretenir cette passion. Le maillage du territoire est également important, il est nécessaire d’avoir des courses un peu partout. Mais il faut des chevaux à l’entraînement pour aller avec, ainsi que des locomotives. En tant qu’entraîneurs, nous devons être à la hauteur, et travailler main dans la main avec nos dirigeants. Nous avons un rôle d’ambassadeurs afin de faire venir des clients. Je suis raisonnablement optimiste grâce à la nouvelle équipe à la tête de la société mère, et la beauté de notre sport. La France dispose d’un très bon système. Nous disposons du PMU comme outil commercial, qui génère quasiment 10 milliards d’euros, dont 8 % sont redistribués à la filière. C’est fabuleux, mais il faut bien jouer sur les équilibres, compter sur tous les étages de la pyramide en notre possession et, bien sûr, travailler ensemble.

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