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vendredi 22 novembre 2024

AccueilA la uneLes dix grandes questions de l’obstacle en 2024

Les dix grandes questions de l’obstacle en 2024

LE MAGAZINE

Les dix grandes questions de l’obstacle en 2024

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

Quels défis attendent l’obstacle pour 2024 ? D’Auteuil à l’international, en passant par la province, de l’élevage à la piste : découvrez les différents points que nous avons retenus…

Il Est Français (K) peut-il réussir son défi du Grand Steeple ?

Nous étions déjà sous le charme d’Il Est Français (K) (Karaktar) suite à sa campagne à 4ans. Mais que dire après sa démonstration dans le Kauto Star Novices’ Chase (Gr1), qu’il a enlevé de bout en bout, avec des chronos qui, en théorie, lui auraient permis de gagner le King George VI Chase (Gr1), le même jour, face aux steeple-chasers expérimentés… Il Est Français est un champion et son prochain défi sera le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1). À Auteuil, il a gagné notamment le Prix Fondeur (L) en solitaire. Cette année, il va d’abord découvrir le rail-ditch, ce qui ne devrait pas poser de problèmes à ce sauteur hors pair. Puis il y aura l’inconnue de la distance des 6.000m du Grand Steeple, parcours qui ne pardonne pas le moindre déficit de tenue. Il Est Français pourra-t-il répéter sa meilleure valeur sur une aussi longue distance ? C’est la grande question. Lors de son succès à Kempton, il n’a pas fini sa course de 4.800m (sur un tracé plat certes) très fatigué. À Auteuil non plus. S’il n’en fait pas trop et ne commet pas d’erreurs sur ses obstacles, Il Est Français sera rapidement désigné comme le grand favori du Grand Steeple. Et évidemment, sur ce que l’on a vu, il a largement les moyens de relever victorieusement le défi du Grand Steeple. Avoir un champion de cette envergure, connu par la presse britannique, est un plus pour l’obstacle français. Pour le spectacle aussi car plusieurs des absents à l’automne ne seront pas de la partie au printemps (comme Gex (K)…) De retour à l’entraînement, Sel Jem (Masked Marvel) comptera parmi ses principaux rivaux, lui qui a la fameuse mémoire du corps, puisqu’il a enlevé le Grand Steeple 2022. Lauréat du Prix La Haye Jousselin (Gr1), Grandeur Nature (Lord du Sud) fera aussi partie de ses rivaux avec Gran Diose (Planteur) ou encore Juntos Ganamos (Martaline) et Gold Tweet (On Est Bien). Sur le papier, cela promet énormément…

Caolan Woods et Il Est Français vont-ils inspirer les propriétaires britanniques ?

Entre la victoire de Gr1 à Kempton d’Il Est Français et la réussite de Caolan Woods en France, il y a là deux belles publicités pour les propriétaires britanniques. Certains vont-ils être tentés de placer des sauteurs à l’entraînement en France ? Le succès du pensionnaire de Noel George et d’Amanda Zetterholm a permis de donner une piqûre de rappel aux propriétaires anglo-irlandais. On peut préparer des gagnants de Gr1 sur les obstacles anglais en France, comme l’avait fait François Doumen par le passé. La réussite de Caolan Woods est exceptionnelle avec Mickaël Seror, lui qui “patinait” en Irlande, avec un premier Groupe acquis grâce à Marvel de Cerisy (Masked Marvel) dans le Grand Prix de la Ville de Nice – Prix Bernard Sécly (Gr3). Bien sûr, chez les propriétaires anglo-irlandais, il restera le prestige et l’animation des grands meetings comme Cheltenham, Aintree ou Punchestown. À nous de recréer un peu d’ambiance à Auteuil afin de les attirer en plus grand nombre !

Quels sont les jeunes jockeys qui vont performer en 2024 ?

Dixième au classement des jockeys en 2023 avec 38 succès, lauréat notamment du Prix Georges Courtois (Gr2) avec Gold Tweet, Gabin Meunier est appelé à grimper dans la hiérarchie et à gagner des places au classement en 2024. Outre les “Pacault”, mère et fille, Dominique Bressou lui accorde aussi sa confiance, tout comme David Cottin et Gabriel Leenders. Vainqueur de son premier Groupe avec Karakta (Karaktar) dans le Prix Général de Saint-Didier (Gr3), lauréat récemment en cross à Pau avec Louis Malpic (Hunter’s Light), Valentin Morin a enlevé 34 courses en 2023. Il fera partie des jeunes pilotes à suivre cette année, à l’instar de Léo-Paul Bréchet, vainqueur de son premier Gr1 quelques semaines après son passage dans le rang des professionnels, grâce à Amy du Kiff (Kapgarde). Nathan Howie, Damien Thomas, Christopher Riou, Sarah Boulet ou encore Léa Suisse sont autant de jeunes cavaliers qui peuvent réussir de grandes choses cette année. Liste non exhaustive !

Thélème va-t-il conquérir l’Angleterre ?

Le champion Thélème (Sidestep) sera notre porte-étendard à Cheltenham où il devrait courir la Stayer’s Hurdle (Gr1). Notre meilleur hurdler, également meilleur sauteur français par les ratings, tentera lui aussi de faire briller l’entraînement français en Angleterre. Il devrait découvrir directement les claies à Cheltenham après une rentrée en plat. Dans la Grande Course de Haies d’Auteuil (Gr1) 2023, il a devancé Klassical Dream (Dream Well), lauréat de Gr1 sur les claies, Hewick (Virtual) et Feronily (Getaway), gagnants de Grs1 sur le steeple. Très clairement, par rapport aux préparatoires à la Stayer’s Hurdle que nous avons vues, Thélème est au-dessus du lot, et de loin ! Les prétendants à cette épreuve se sont succédé ces dernières semaines. De Teahupoo (Masked Marvel) à Irish Point (Joshua Tree), en passant par Impaire et Passe (Diamond Boy), ils sont tous de super chevaux, mais Thélème n’habite pas au même étage. En revanche, le profil de Cheltenham, les nouveaux obstacles, le voyage, seront les plus sérieux adversaires du cheval de JDG Bloodstock Services. Le rythme ne devrait pas le contrarier, bien au contraire, car avec une épreuve sélective, son accélération finale est terrible. De plus, le jeudi et le vendredi, on court sur le New Course à Cheltenham, une piste avec une plus longue ligne droite, ce qui devrait là encore avantager Thélème. Les bookmakers le proposent d’ailleurs à 4/1, soit la même cote que Teahupoo. Il est donc cofavori de cette Grande Course de Haies anglaise qu’est la Stayer’s Hurdle.

Le calendrier d’obstacle évolue à l’automne 2024 : pour quels résultats ?

Le calendrier des courses PMU est sorti récemment. Si le premier semestre en obstacle est le même que les années précédentes, le second semestre d’Auteuil débutera le 10 septembre, soit une semaine plus tard qu’à l’accoutumée, pour s’achever le dimanche 8 décembre. C’était une volonté de tous les candidats à la présidence de France Galop de décaler le meeting automnal compte tenu des soucis météo, et donc des problèmes de santé que cela peut générer pour les chevaux. Mais, conséquence logique, les 48 h de l’obstacle se retrouvent décalées d’une semaine et se disputeront le week-end des 16 et 17 novembre. La critique est facile et l’art est difficile, mais peut-être aurait-il été mieux de les repousser de quinze jours et de courir la dernière réunion d’Auteuil le samedi 14 décembre pour laisser Pau commencer son meeting le dimanche 15 décembre. Car, en épluchant le calendrier, les bras nous en sont tombés… La réunion du 17 novembre, celle qui accueille le Prix La Haye Jousselin (Gr1) – sauf s’il est heureusement avancé au samedi – n’aura pas les pleines lumières d’une réunion 1 avec Quinté… Imaginerait-on le Jockey Club ou le Diane en réunion 2 ? En effet, le même jour, Vincennes organise le Prix de Bretagne et il ne faudrait pas que LeTrot “fasse trop d’efforts” dans son calendrier… L’entente entre sociétés oui, mais pas trop ! C’est probablement un point à revoir pour les saisons futures. Terminons sur deux notes positives : l’obstacle a conservé sa quarantaine de Quintés habituelle et la nouvelle place des 48 h pourrait lui faire gagner des partants anglais et irlandais pour peu que, comme les Irlandais le font, France Galop fasse de la publicité pour les attirer en envoyant par exemple les programmes aux entraîneurs étrangers.

Et si l’on remplissait Auteuil avec le public provincial ?

Nous avons déjà évoqué le nouvel Auteuil dans les questions institutionnelles. Président de France Galop, Guillaume de Saint-Seine a mis en avant le fait qu’il faille se reconnecter avec les populations résidant aux alentours. Difficile défi face à des Parisiens de moins en moins connectés avec les animaux et surtout avec le monde rural… Mais évidemment, il faut accroître les relations entre Auteuil et ses voisins, les partenariats, et surtout conserver des liens étroits avec la mairie de Paris, d’autant plus lorsqu’on voit que celle-ci a réussi à se faire manipuler par une association extrémiste animaliste pour supprimer les balades à poneys en 2025 dans les parcs parisiens… Le tout sans véritable réaction de contestations des acteurs impliqués… Au-delà de ce constat, Auteuil peut aussi remplir ses tribunes en accueillant plus de spectateurs britanniques lors de ses deux grands week-ends. Ces derniers commencent à venir à Auteuil, mais on peut probablement faire plus de communication pour les attirer. Et l’obstacle, comme Auteuil, se nourrit de la province. Dès lors, comme je l’ai écrit à de nombreuses reprises, il faudrait s’appuyer sur les PMU en région pour proposer une formule comprenant le trajet en bus, un repas, l’entrée sur l’hippodrome avec visite guidée lors des grandes journées d’Auteuil. Principalement autour des grands bassins d’entraînement de sauteurs, avec peut-être en amont des journées portes ouvertes pour que le public connaisse mieux les ambassadeurs des régions que sont les chevaux. Cela avait très bien fonctionné avec le club de supporters venu pour soutenir Karly Flight, ou encore Ine Anjou. C’est un levier facile pour qu’Auteuil gagne du public. La province est la base de l’obstacle, il ne faut pas l’oublier, et Pau, le Lion ou Craon sont là pour nous le rappeler !

Quels jeunes entraîneurs vont-ils émerger ?

L’obstacle a un vivier de jeunes entraîneurs particulièrement fourni. Certains font déjà partie des valeurs sûres comme Gabriel Leenders, Hugo Mérienne, Mickaël Seror, Jérôme Delaunay… En quelques mois, Noel George et Amanda Zetterholm ont gravi les échelons à la vitesse grand V. Davide Satalia, Élisabeth Allaire, Étienne d’Andigné ou encore Lucie Pontoir font eux aussi partie de la relève, bénéficiant, qui plus est, de l’appui de grandes casaques pour certains. Et, là non plus, la liste n’est pas exhaustive !

Quels propriétaires pour challenger la famille Papot ?

Si en 2023, le haras de Saint-Voir a ravi la première place chez les propriétaires en obstacle à la famille Papot, cette dernière a souvent dominé le classement ces dernières années. La famille Détré est aussi régulièrement dans le top 5 ou le top 3. Les Pilarski, père et fils, les familles Devin, Carion, les époux Coiffier ou encore Hubert Mauillon sont aussi très bien armés tous les ans sans avoir forcément l’atout du nombre. Mais en France, alors qu’on manque de gros propriétaires, qui pourrait tenter de challenger les leaders dans le futur ? Sofiane Benaroussi pourrait bien faire partie des grandes casaques de l’obstacle français dans quelques saisons. Toutefois, en 2024, cela risque d’être juste, car il a beaucoup investi dans les jeunes chevaux. Caolan Woods, Richard Kelvin-Hughes et beaucoup d’autres propriétaires anglo-irlandais commencent à prendre goût à nos courses. D’autres suivront-ils dans le futur, peut-être ?

L’élevage français va-t-il poursuivre sa razzia sur les obstacles anglo-irlandais ?

De mémoire, nous avons rarement connu un début de saison d’obstacle anglo-irlandais autant dominé par les French breds. Ils alignent les victoires dans les Grs1 depuis le début du mois de novembre et l’exemple a été particulièrement saisissant durant les fêtes. Rien que durant le Christmas Festival, à Leopardstown, six des neuf Groupes disputés ont été gagnés par des français. Et le bilan devrait être exceptionnel car avant les grands festivals du printemps, il y aura le Dublin Racing Festival, au cours duquel les “FR” vont cartonner. Selon les bookmakers, ils sont déjà favoris du Supreme Novices’ Hurdle, du Mares’ Hurdle, du Queen Mother Champion Chase, du Champion Bumper, du Ryanair Chase, de la Stayer’s Hurdle et de la Cheltenham Gold Cup (Grs1) …

Comment les enjeux vont-ils s’orienter en obstacle ?

L’obstacle n’a pas été gâté ces dernières années. Moins d’enjeux, aussi lui est-il attribué des créneaux moins porteurs, ce qui se répercute sur les enjeux, etc. Parfois, le calendrier fait que des réunions qui fonctionnaient bien (comme celle du Grand Steeple de Compiègne en 2024) doivent être avancées afin de pouvoir courir en plat en semi-nocturne. Et puis, en raison des contraintes de certains hippodromes, des réunions matinales du week-end ne peuvent proposer l’obstacle qu’en fin de réunion, et donc sans paris PMU… Avec l’appui des candidatures étrangères, le week-end du Grand Steeple a démontré pouvoir obtenir de bons résultats. Attirer des étrangers, comme Josef Vana Jr à Cagnes, ou d’autres à différentes périodes de l’année, aide à redresser la barre vitale des partants. De plus en plus d’éleveurs souhaitent également vendre leur production en France pour pouvoir bénéficier de meilleures primes et aussi suivre plus facilement leurs élèves. Une note positive pour augmenter le nombre de partants, tout comme l’apparition de nouvelles casaques sur notre sol. Un impératif pour le bien des enjeux en obstacle.

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