La formidable épopée de l’AQPS enfin racontée
En 2017, Céline Sirven-Gualde avait signé le très bon livre intitulé Sports équestres & hippiques chez Chronique Éditions. Six ans plus tard, elle revient avec La Saga des AQPS, un livre très richement illustré et qui fourmille d’anecdotes.
Jour de Galop. – En quoi l’histoire de l’AQPS est-elle si particulière ?
Céline Sirven-Gualde. – Pour plusieurs raisons. D’abord il y a cette transition de cheval de guerre à cheval de course. L’AQPS aurait pu disparaître quand le cheval de guerre s’est éclipsé, mais c’est devenu un cheval de course, grâce notamment aux Haras nationaux, qui ont aidé à cette transition. Et puis – et je trouve ça formidable –, par rapport aux pur-sang, c’est la proximité que les éleveurs ont avec leurs familles de juments. Car ces juments étaient des juments de chasse à courre, des juments réformées de l’armée, des juments qui tiraient la carriole… Des juments avec lesquelles les gens vivaient, travaillaient, et ce sont elles qui sont devenues les matrones de ces élevages AQPS. Ce sont des lignées de juments associées à des familles d’hommes.
Justement, au sujet des hommes, vous les évoquez en comparant « le monde AQPS » au « village d’Astérix« . Pourquoi ?
J’utilise cette image car ce sont des gens capables de se disputer, d’avoir des conflits. Mais, quand il faut faire cause commune, parler d’une seule voix pour défendre la cause AQPS, là ils sont tous en ordre de bataille. On le voit encore aujourd’hui. Ils sont très sportifs et très politiques. Ils élèvent de bons chevaux, gagnent de très belles courses et sont présents dans les instances.
Vous revenez aussi sur le lobbying fait par l’association pour que l’AQPS soit reconnu et ait le droit de courir à Paris…
À une époque, on n’osait pas faire courir les AQPS à Paris. Les éleveurs avaient un vrai complexe et pensaient qu’ils n’étaient pas compétitifs. Et puis il y a eu quelques pionniers, comme Rivoli, qui fut le premier à gagner une course principale à Paris. Parallèlement, ils ont dû batailler pour avoir des courses et que l’Institution leur ouvre ses portes. Et puis ils ont réussi cet incroyable tour de force : celui de créer un stud-book en 2005. C’est à partir de là qu’ils se sont appelés AQPS et plus les demi-sang. En créant ce stud-book, ils ont créé une race à l’époque moderne. Ce qui n’est quand même pas courant !
Si vous deviez détacher une anecdote de votre livre ?
Quand Bernard Le Gentil a repris l’association en 1974, elle était alors en difficulté. Il raconte dans le livre que l’association comptait certes beaucoup de membres… mais que la plupart étaient morts. Ils ont alors arpenté la France pour trouver des adhérents. Ce travail a payé et l’AQPS a commencé à être connu, à gagner en Angleterre. Quelques années plus tard, Bernard Le Gentil est parti au meeting de Cheltenham. Quelqu’un qui travaillait pour la reine est venu le voir pour lui demander s’il souhaitait lui être présenté. Et cela a été comme un moment de gloire pour les AQPS car, dans un français parfait, elle lui a dit : « Monsieur le président, parlez-moi donc de ces fameux AQPS. » D’une, il n’en revenait pas que la reine d’Angleterre l’appelle « monsieur le président » et de deux qu’elle lui pose une question sur les AQPS. C’est une anecdote très symbolique de la conquête qu’ils ont menée.
Pouvez-vous nous rappeler dans quelles circonstances vous avez écrit La Saga des AQPS ? Et quelles ont été vos sources ?
L’association AQPS, qui ne portait pas ce nom à sa création, célébrait ses 100 ans en 2022. Laurence Roussel, qui travaillait à l’époque pour l’association et qui est une grande amoureuse des chevaux AQPS, a dit au président Hervé d’Armaillé et à d’autres membres du bureau que la mémoire se perdait, que beaucoup de gens qui avaient connu l’épopée de l’AQPS ou encore la création du stud-book en 2005 allaient peu à peu à disparaître. Elle a lancé l’idée qu’un livre soit écrit, une idée à laquelle d’autres ont adhéré et c’est ainsi qu’il m’a été confié de l’écrire. J’avais déjà écrit un livre (Sports équestres & hippiques, chez Chronique Éditions) et cela me passionnait de travailler sur cette histoire. Avec Laurence Roussel, ensemble, nous avons interrogé beaucoup d’éleveurs, dans différentes régions. Cela va des pionniers tels que Bernard Le Gentil, Michel de Gigou, Michel Bourgneuf, etc., à des éleveurs performants aujourd’hui tels que les Trinquet, les Vagne, Nicolas de Lageneste… Ensuite, j’ai effectué beaucoup de recherches. L’association m’a donné des archives et avait d’ailleurs lancé un appel pour que des éleveurs m’envoient les leurs. Grâce par exemple à Alain Peltier, qui dispose de beaucoup de documents, je suis parvenue finalement à retrouver beaucoup de choses. Mais le résultat n’est certainement pas exhaustif, car d’autres se sont perdues. Cela méritera certainement une deuxième édition.
Le livre disponible aux ventes Arqana
Le livre sera disponible à la vente (35 €) lors des prochaines ventes Arqana de décembre, à partir de lundi. Puis lors des portes ouvertes du haras de Cercy le 6 janvier, lors du Salon des étalons du Lion-d’Angers le 13 janvier, ainsi que lors de l’AG de l’Union du Centre-Est le 25 janvier.