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dimanche 22 décembre 2024

Vitse

Dès le mercredi, l’équipe de copains est au fameux Breakfast, qui permet de voir les chevaux s’exercer tout en rencontrant les différents entourages en bord de piste. « Fa-bu-leux ! Ce concept est vraiment magique. Tout le monde se rencontre, échange, il n’y a pas (encore) de stress… Je ne sais pas comment nous pourrions nous en inspirer en France, mais il faut y réfléchir ! De façon plus générale, l’accueil et la prise en charge des éleveurs n’ont rien à voir avec ce qu’on connaît en France. Nous avions (ainsi que nos amis) droit à des badges pour accéder aux écuries, au rond, à la pelouse, et même à une loge en tribune. On se sent vraiment considérés… » La magie de Santa Anita opère : « Soleil, palmiers, montagne… Tout y est ! Nous avions aussi beaucoup aimé Keeneland avec tous les grands haras mythiques à proximité… J’avais profité du séjour pour faire un pèlerinage dans les haras où j’avais travaillé plus jeune. »

Invincibles

Vendredi, jour J. Les Vitse sont au petit déjeuner quand ils reçoivent un SMS. « Nous étions confiants, tout en sachant qu’Unquestionable n’était que le deuxième cheval de Coolmore… Et puis ce message arrive, qui nous apprend que River Tiber est forfait. La pression monte d’un coup ! Les planètes s’alignent, on commence vraiment à y croire… On se rappelle qu’il y a douze ans jour pour jour, on avait gagné un premier Gr1 à Auteuil avec La Segnora… Il est bientôt l’heure d’aller sur l’hippodrome. Nous avons pris place dans notre loge. Avec Tanguy, on a parié pour faire passer le temps… et la pression ! Et on a touché le gagnant dans chaque course ! Là aussi, un autre signe du destin. On commence à se sentir invincibles. Notre loge était juste à côté de celle des propriétaires de Fierceness, qui a gagné la Juvenile juste avant notre course. Ils étaient au moins quarante. Ils ont fait trembler la tribune, mais surtout, ils nous ont communiqué leur énergie. »

De la folie furieuse !

C’est (enfin) l’heure de la Juvenile Turf. « L’équipe de Coolmore nous a proposé de regarder la course avec eux dans leur loge, ce qui était très gentil. Mais nous avons préféré rester dans la nôtre. Quand les chevaux sont passés pour la première fois devant nous, je n’en menais pas large. Le cheval était très froid, comme il l’est toujours, et Ryan Moore a été constamment obligé de s’occuper de lui. Mais, dans la ligne droite, il a placé le coup de reins qu’on lui connaît ! Là, les émotions sont difficilement descriptibles. C’est la folie furieuse, une délivrance aussi ! Quand on a travaillé aux États-Unis, comme moi, la Breeders’ Cup, c’est un Graal ! Je me souviens encore quand, gamin, j’avais regardé Alysheba gagner depuis Clairefontaine… Et puis on se demande comment ça peut nous arriver à nous, après seulement cinq ans d’installation, avec notre petit effectif… Cette victoire, c’est aussi celle de l’élevage français, dont on peut être fier ! »

Un changement payant

Depuis février dernier, les Vitse ont opéré un grand changement : de locataires, ils sont devenus propriétaires, en faisant le choix de réduire considérablement leur effectif. Camille prend la parole : « Nous avons décidé de nous concentrer sur notre élevage personnel. C’est à la fois un choix contraint, en raison de la difficulté à recruter des salariés, mais c’est aussi une configuration qui correspond à l’exigence de Guillaume : il a besoin d’être proche de ses chevaux, de passer le maximum de temps avec eux. Et, à la cinquantaine, nous n’avions pas envie de nous lancer dans quelque chose de beaucoup plus grand. Nous avons actuellement quinze juments : cinq nous appartiennent à 100 %, comme la mère d’Unquestionable, six sont détenues en association, et quatre sont la propriété de clients. »

Strawberry Lace (Sea the Stars), la mère du poulain, a rejoint Normandie Breeding en décembre 2019, après son achat pour 52.000 Gns à Tattersalls. « Nous avions réussi à débloquer un budget de 100.000 € pour acheter une jument. Pour nous, c’est beaucoup ! Le lundi, nous avons été battus sur tous les lots qui nous intéressaient. Le soir, nous nous sommes gratté la tête, conscients que le mardi l’affaire allait beaucoup se compliquer, les prix étant encore plus élevés. J’ai dit à Camille que notre seule chance, c’était d’en trouver une parmi les 15 premiers lots. Alors nous avons cherché, cherché… Deux juments correspondaient à nos critères. Finalement, nous avons pu acheter Strawberry Lace, à un prix relativement accessible. Ce qui nous plaisait ? Le modèle de la jument, pas trop grande comme peuvent l’être parfois les filles de Sea the Stars, la souche Juddmonte, et le fait qu’elle soit pleine de Night of Thunder. »

Aujourd’hui en Californie, demain en Normandie

La jument pouline d’une femelle, et le couple se décide pour Wootton Bassett. « C’était tout simplement le meilleur étalon français avec Siyouni. Mais, au moment de réserver la saillie, le pedigree n’était pas suffisant pour envisager un foal-share. Tant pis, on décide d’y aller quand même. Puis la jument met bas, la pouliche est vraiment magnifique et je rappelle Nicolas de Chambure pour qu’il vienne la voir. Elle lui plaît tellement qu’il accepte le foal-share… C’est ainsi qu’Unquestionable a été conçu. Ensuite, elle est allée à Almanzor. C’est Rob Aguiar qui a acheté le poulain en août dernier. Il était malheureusement positif à la piroplasmose, sans quoi il aurait sûrement fait le double, et il n’est pas certain qu’il aille sur les breeze up. Il m’a dit qu’il pourrait l’exploiter en compétition. La jument a un foal d’Almanzor et elle est revenue vide d’Irlande, après avoir été saillie par Wootton Bassett : ce n’est pas très grave, car elle avait été saillie tard, mi-juin… »

Il est maintenant temps de boucler les valises. Les Vitse n’assisteront pas aux courses de samedi : « On a du boulot et les enfants qui nous attendent à la maison ! » Un jour à Los Angeles sur le podium d’une Breeders’ Cup au côté d’Aidan O’Brien, le lendemain auprès de leurs juments à Hotot-en-Auge. C’est la vie qu’ils ont choisie !

Nicolas de Watrigant : « Cocorico ! »

Nicolas de Watrigant est le courtier qui a acheté Unquestionable yearling, à Arqana. C’est la deuxième victoire de Breeders’ Cup de l’homme de Mandore International Agency, après celle d’Uni, dans le Mile en 2019 : « Gagner une deuxième fois une course de la Breeders’ Cup, avec un yearling acheté chez Arqana cette fois, c’est un accomplissement pour un courtier. C’est notre dix-septième gagnant de Gr1. Il y a de quoi être fier mais c’est surtout nos clients qu’il faut remercier de leur confiance. J’étais très ému pour les Vitse, qui travaillent dur comme la plupart des éleveurs français, qui se donnent les moyens d’aller aux bonnes saillies, d’investir dans leur jumenterie, de prendre des risques. Cette victoire est un encouragement aux efforts de jeunes éleveurs comme eux et, plus largement, c’est super pour l’élevage français ! Aidan O’Brien a emmené le cheval dans un état parfait et Ryan Moore a monté une course d’anthologie. L’alchimie a pris ! Cette journée, c’était l’ascenseur émotionnel, car Laulne a glissé dans le dernier tournant de la Juvenile Fillies Turf, et on n’a pas pu voir la vraie pouliche. J’ai aussi pensé très fort à ma femme et à mes enfants restés en France. Meryl m’aide au quotidien pour l’organisation du travail et servir au mieux nos clients. »

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