Sweet Valrose, l’histoire improbable de la mère de Losange Bleu (K)

Jolie jument bai brun, Sweet Valrose (Cadoudal) est l’un des derniers produits élevés par Ginette Gayet au haras de l’Épée à avoir couru, et dont la souche des « Sweet » remonte aux années 70. Elle est notamment la propre sœur de Blue Shark (Cadoudal), lauréat du Prix Ketch (L) à Auteuil, mais surtout vainqueur du Finale Juvenile Hurdle (Gr1) à Chepstow. Appartenant à Vincenzo Esposito, le créateur de la célèbre pizzeria de Deauville « Santa Lucia », Sweet Valrose a débuté directement en obstacle à Enghien, où elle a tout de suite dévoilé de la qualité en terminant deuxième du Prix des Cadettes (Haies).

En début de carrière, Sweet Valrose était entraînée par Thomas Trapenard, qui se souvient : « Sweet Valrose n’a jamais gagné. Mais elle s’est montrée courageuse en terminant notamment troisième du Prix Géographie (Haies) à Auteuil. Par la suite elle s’est blessée et est restée un moment sans courir. C’était une petite jument issue d’une très belle famille maternelle. » Dans le Prix Géographie, Sweet Valrose était devancée par deux pouliches black types dont Mésange Royale (Garde Royale), la gagnante du Prix Alain du Breil (Gr1). Après une interruption de carrière de près de deux ans, la jument a rejoint les boxes de François-Xavier de Chevigny pour courir en plat : « Je l’ai reçue dans le but de lui apporter quelques performances en plat car son propriétaire, Vincenzo Esposito, avait peur qu’elle se fasse de nouveau mal sur les obstacles. Mais le problème, c’est que le programme pour une jument de 5ans n’est pas simple. Son propriétaire avait une casaque blanche à pois verts. J’ai entraîné quelques chevaux pour lui. Il était très ami avec les époux Wingtans du haras des Forêts, chez qui elle est partie à l’élevage à la fin de sa carrière de course. Dans mes souvenirs, Sweet Valrose était une magnifique jument presque noire. »

Au haras des Forêts, chez les époux Wingtans, Sweet Valrose a donné de bons chevaux de course et un black type dès son deuxième produit : Osso Bello, troisième du Prix Montgomery (Gr3). Il est issu d’un croisement 100 % « Esposito » car l’étalon Corri Piano (Garde Royale) était un cheval élevé et appartenant à Vincenzo Esposito. Vainqueur en haies et en steeple à Auteuil, il s’est notamment classé troisième du Prix Prédicateur (L) mais il a eu une production très réduite : 66 produits seulement sont enregistrés sur huit saisons de monte. Ses meilleurs produits sont justement ceux de Sweet Valrose. Ainsi, la jument a donné a aussi donné Vomero (Corri Piano), deuxième du Prix Stanley (L), et Vicenzo Mio (Corri Piano), vainqueur du Prix des Platanes (devenu L) et notamment troisième du Finesse Juvenile Hurdle (Gr2) à Cheltenham.

Sweet Valrose est issue d’une souche maternelle que connaît très bien la famille Papot : Coulvagny (Nikos), vainqueur à Fontainebleau pour ses débuts, est frère de Sweet Valrose, et a en effet couru sous la casaque aux losanges verts et bleus. Mais quand la famille Papot s’est portée acquéreur de la poulinière, elle avait déjà 16ans, un pari assez risqué qui s’est finalement révélé fructueux malgré une fertilité devenue moins bonne au fil des années. Xavier Papot nous a confié : « Nous avons fait preuve de stratégie pour avoir cette jument. J’avais demandé à un courtier de regarder ce qu’il pouvait y avoir comme poulinières sur le marché. Et Sweet Valrose était vraiment une évidence. Elle est issue d’une des plus belles familles françaises pour l’obstacle. Quand nous l’avons acquise, elle était pleine de Montmartre (Montjeu) et notre plan était d’aller à Martaline (Linamix). Sweet Valrose avait montré un peu de qualité sur les obstacles et, au haras, elle avait été capable de sortir de bons chevaux avec des étalons qui n’étaient pas confirmés. » Aujourd’hui Sweet Valrose à 23ans. Elle a été placée à la retraite et son dernier produit, Losange Bleu Vert (Night Wish), est à l’entraînement chez Dominique Bressou comme son grand frère Losange Bleu : « Il devrait débuter à Pau cet hiver. À l’instar de ses frères nés chez nous, c’est un cheval peu démonstratif le matin, donc il est difficile de le juger. Toutefois, nous avons hâte de le voir en compétition… »