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jeudi 26 décembre 2024

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Distancement pour sollicitation excessive : des avis partagés

Distancement pour sollicitation excessive : des avis partagés

Garry de la Brunie est devenu samedi le premier cheval distancé pour sollicitation excessive de son jockey, Johnny Charron en l’occurrence. Depuis le 1er septembre 2023, la règle est claire : à partir de neuf coups de cravache et plus, le cheval est distancé et le jockey suspendu de 15 jours au moins dans les courses autres que les Groupes, et de 30 jours au moins pour les Groupes. Onze semaines après l’application de cette mesure, elle a donc été appliquée pour la première fois, dans une course d’obstacle, remportée d’un nez par Garry de la Brunie. À chaud, Johnny Charron a fait son mea culpa au micro d’Equidia, regrettant que l’entourage du cheval soit sanctionné en raison de sa faute. Du côté des professionnels, les réactions sont plus nuancées.

Johnny Charron (sur Equida)

« L’entourage du cheval n’y est pour rien »

« Je souhaitais réagir car je suis très déçu. J’ai oublié la règle. J’en ai pris connaissance au mois de septembre. Je l’avais prise en compte, mais j’ai eu un oubli aujourd’hui. C’est une faute professionnelle. Mais il faudrait que cette règle change, car aujourd’hui, mon cheval a toujours avancé. Je ne suis pas favorable à la cravache, mais Garry de la Brunie s’est montré très froid durant la course. Je pensais avoir mis sept coups de cravache. Le personnel de l’écurie a fait un gros travail afin que le cheval soit prêt pour aujourd’hui. Le propriétaire est un ami. Je veux bien que moi-même – le jockey – écope d’une sanction, je le comprends, ce sont les règles. Mais il ne faudrait pas sanctionner toute l’équipe qui est derrière le cheval. Si j’avais fini mon parcours en décélérant, j’aurais été d’accord, mais là, le cheval a fini en accélérant. Il soufflait moins que moi, et le terrain était très lourd. Quand j’ai appris l’existence de cette nouvelle règle, je n’y étais pas favorable, car nous avons des cravaches en mousse. Il faut arrêter. Je fais mon métier depuis 20 ans, je suis le doyen des vestiaires ! J’aime les chevaux et je suis passionné par les courses, je traverse la France toute l’année. Ce matin, je me suis levé à 4 heures, afin de perdre un kilo dans ma baignoire. Je pousse un «coup de gueule», je pense au personnel qui est derrière le cheval et aux turfistes. Les sanctions ne devraient concerner que les jockeys. Le personnel n’y est pour rien, qui plus est, ils font un métier difficile. Je suis très déçu et je ne veux pas que tout le monde soit sanctionné pour cela. »

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Marcel Rolland

«  Pas sportif »

« Ce n’est parce que ce genre de sanctions existent à l’étranger que nous sommes obligés de faire de même en France. Il est très délicat et très difficile de pénaliser tout l’entourage du cheval. Le jockey a fait une faute, il doit prendre ses responsabilités. Selon moi, la seule pénalité doit revenir au jockey. Je pense que c’est suffisamment dur de réussir à passer le poteau en tête à Auteuil, et c’est très sévère de pénaliser le propriétaire et l’entourage. Ils n’y sont pour rien. Imaginez-vous la déception pour ceux qui sont distancés. Ou imaginez : vous êtes à l’arrivée du Grand Steeple-Chase de Paris, votre jockey donne deux ou trois coups de cravache en trop et vous êtes distancés à cause de cela. Je trouve que c’est trop lourd. Il faut se mettre à la place des personnes. Pour emmener un cheval à Auteuil et passer le poteau en tête, nous avons passé de nombreux aléas. Tout le monde a fourni du travail, et être distancé à cause de cela, c’est trop lourd. Nous, entraîneurs, nous sommes responsables de tout ce qui entoure le cheval. Lorsqu’un cheval est contrôlé positif, et même dans le cas où nous n’y sommes pour rien, nous prenons une amende, voire une suspension. Dans le cas des coups de cravache, je ne vois pas pourquoi le propriétaire serait concerné. Il n’y est pour rien, il a confié son cheval, il monte dans les tribunes, son cheval passe le poteau en tête et on lui enlève la victoire. Je ne trouve pas cela sportif. »

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Gilles Barbarin

« Nul n’est censé ignorer la loi »

« Nul n’est censé ignorer la loi. Il y a des règles qui sont appliquées dans la vie, qui sont appliquées aux courses. Ces règles, on les accepte ou on ne les accepte pas. Quand on refuse d’obtempérer, on s’expose à des conséquences qui peuvent être très graves. En mettant neuf ou dix coups de cravache, le jockey n’a pas respecté la règle, qui distance le cheval à partir du franchissement de ce nombre de coups. Il fallait que cela arrive un jour, je ne pensais d’ailleurs pas que cela puisse arriver. Je ne favorise personne, j’ai des chevaux chez Hector de Lageneste et Guillaume Macaire et j’apprécie Johnny Charron. Le parieur qui a joué le cheval arrivé deuxième et qui est battu sur le poteau, pouvait également estimer que si la règle des coups de cravache avait été respectée, il n’aurait pas été battu. C’est pareil pour les parieurs, c’est un mutuel… Selon moi, il s’agit d’un faux débat. La sanction n’est pas trop dure. Prenons un exemple : imaginons que vous êtes battus d’un rien dans un classique par un cheval monté par un jockey qui met cent coups de cravache. La valeur étalon du vainqueur sera différente de celle du deuxième. C’est un raisonnement par l’absurde mais cela montre l’importance du respect des règles. Autre exemple au trot, Hokkaido Jiel, dans le Prix des Cévennes. Il a gagné la course, mais son driver est sorti sous le nez d’un autre concurrent et l’a amené à la faute. Il a été disqualifié, et personne n’a contesté cette décision. Au trot, lorsqu’un cheval empiète trop sur les piquets et qu’il gagne, il est également disqualifié. Évidemment, c’est dur pour l’entourage du cheval distancé et les parieurs, mais telle est la règle. Elle aurait été également dure pour l’entourage du cheval battu par un autre ayant reçu trop de coups de cravache. En France, on préfère le voleur au volé, cela se vérifie quotidiennement… Peut-être que Johnny Charron a oublié la règle, c’est dommage mais c’est ainsi. Si l’on compare la situation avec celle d’Hongkong ou du Japon par exemple, c’est très différent. Les règles sont très strictes. C’est également le cas en Suède ou en Allemagne. On se plie aux règles appliquées dans chaque pays ! La règle est connue depuis plusieurs mois, il est peu tard pour revenir dessus. »

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Benjamin Boitez, président de l’Association nationale des turfistes

« Retravailler la sanction pour la rendre plus raisonnable »

« La cravache est le sujet numéro un. Beaucoup de personnes se détournent des courses à cause de ça. En particulier les jeunes, c’est-à-dire les futurs turfistes. Il était nécessaire de durcir le règlement concernant la cravache. Les turfistes veulent que les courses soient saines et équitables, et cette mesure allait dans le bon sens. Il ne faut pas tout remettre en question après ce qu’il s’est passé samedi. En quasiment deux mois d’application, il s’agit seulement du premier cas auquel les courses sont confrontées, ce qui signifie que cette règle a été très bien acceptée. En revanche, on s’aperçoit encore une fois que les turfistes sont au bout de la chaîne puisqu’eux aussi sont sanctionnés. Pour l’erreur commise par Johnny Charron, tous ceux qui avaient joué le cheval sont pénalisés. En tant que favori, il apparaissait sur de nombreuses combinaisons. N’aurait-il pas été plus judicieux non pas de le distancer mais de le rétrograder à la deuxième place, classement qu’il aurait sans doute obtenu sans les coups de cravaches en trop ? Il faudrait, selon moi, retravailler la sanction pour la rendre plus raisonnable. »

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