vendredi 19 juillet 2024

Beres

Le parieur devenu propriétaire

Jacques Bérès n’était pas issu d’une famille des courses. Étudiant en khâgnes à Louis-le-Grand, il avait un avenir de normalien tout tracé, lui qui était fils d’un célèbre libraire et filleul de Colette. Mais ce sera finalement la médecine. Sa passion pour les courses remonte à cette époque de vie étudiante, où le jeune Bérès découvre le pari. De parieur à propriétaire, il a vite franchi le pas, comme il nous l’avait expliqué : « La première fois que je suis allé sur un hippodrome, j’ai trouvé les chevaux tellement beaux. J’ai acheté mon premier cheval suite à un coup réalisé au jeu. J’étais encore étudiant et j’ai gagné un très gros Tiercé. Je me suis dit qu’avec cet argent, j’allais acheter un cheval ! Et je l’ai acheté le jour même. […] C’était un bon cheval, il a gagné plusieurs courses. Quand vous voyez votre casaque franchir le poteau en tête, c’est une grande émotion ! J’ai eu envie de continuer à la vivre. »

Jacques Bérès, avec sa casaque jaune, ceinture et brassards blancs, a pu compter sur plusieurs bons chevaux, emmenés par Air de Rien (Elegant Air), gagnante du Prix Saint-Alary : « Ce fut une grande joie. Quand on a un cheval, on l’invente. J’achète à petit prix. On trouve le cheval, on rêve et, petit à petit, cela devient une réalité et on est sur un petit nuage. Air de Rien battait une Wildenstein dans le Saint-Alary, Louve Bleue, et tout le monde pensait que c’était elle qui devait gagner ! » Ses couleurs ont aussi été portées par la vaillante Whortleberry (Starborough), qui a remporté le Prix Jean Romanet ainsi que le Lydia Tesio, lesquels sont passés Grs1 l’année suivante.

Le rêve de l’éleveur

Parieur à propriétaire. Propriétaire à éleveur. Jacques Bérès avait sauté le pas : « Devenir éleveur est un rêve très ancien. Je n’étais pas certain qu’il allait un jour pouvoir se réaliser. J’ai élevé de bons chevaux. Je pense à Square de Luynes (Manduro), qui a été un champion en Scandinavie. Julian Ince l’appelle le Frankel des fjords. Mais j’ai aussi élevé un champion en obstacle avec Mail de Bièvre (Cadoudal). L’obstacle est une discipline magnifique mais qui me fait très peur. J’ai passé des années sur les hippodromes à tourner le dos à la piste quand j’avais un partant, en regardant mon entraîneur pour savoir si tout allait bien, si le cheval était toujours debout. » En 2020, avec son épouse Françoise, il achète le haras de la Croix Sonnet. Pas de retraite paisible pour les « Bérès », mais un haras et tous les travaux qui allaient avec : « Nous avons acheté le haras de la Croix Sonnet fin 2020 avec ma femme, Françoise. Il a fallu effectuer de nombreux remodelages pour qu’il soit opérationnel et pour que les personnes qui y travaillent soient heureuses. Nous avons des employés formidables, qui ne comptent pas leurs heures. En cas de coup dur, ils répondent toujours présent. Avoir un haras est un travail d’équipe. Il faut respecter le cheval, il est nécessaire qu’il soit toujours bien manipulé, avec respect. Un haras représente beaucoup de travail mais c’est un grand plaisir. Un cheval, c’est beau ! C’est une paix de l’esprit, je crois, une grande joie. C’est un bonheur que de passer le long des prés en voiture, tout doucement, et de les voir venir vers vous. Nous avons deux structures, avec le haras de la Croix Sonnet et une autre au Pin. […] Quand on travaille avec un cheval de course, on œuvre avec toute une équipe : le jockey, qui ne doit pas se tromper le jour J, l’entraîneur, mais aussi l’éleveur, dont il faut reconnaître l’importance du travail. Il fait naître le cheval, le nourrit, le soigne… On peut penser qu’être chirurgien est aussi un travail d’équipe. Mais le chirurgien est celui qui décide par où l’on opère. C’est lui qui a le bistouri dans les mains. Cela donne mauvais caractère ! J’ai ainsi tendance, avec les chevaux, à dire « je » alors que ma femme fait la moitié du travail, si ce n’est plus de la moitié. »

L’écurie X

Les représentants de Jacques et Françoise Bérès évoluaient depuis quelques années sous les couleurs de l’écurie X. En 2023, ils ont été emmenés par Rue Boissonade (Seabhac), gagnante du Prix de Malleret (Gr2) sous l’entraînement de Mikel Delzangles, tandis qu’en 2022, Flyingbeauty (Galiway) remportait le Grand Prix de Fontainebleau (L). Jacques Bérès nous avait expliqué : « L’écurie X n’est pas liée au célèbre Monsieur X, que j’avais rencontré quand j’étais gamin. Le nom est venu du dessin de ma casaque, qui a une croix formant un « x ». Et comme aujourd’hui, on voit beaucoup « écurie ceci » ou « écurie cela », je me suis dit qu’écurie X serait simple à retenir. La casaque a gagné une Listed l’an dernier avec Flyingbeauty, entraînée par Stéphane Wattel. […] J’ai acheté Flyingbeauty au téléphone. Elle avait conclu quatrième d’un réclamer à Senonnes mais quelque chose m’a plu chez elle. Elle était mise à réclamer à 10.000 €, j’ai fait mettre un bulletin à 10.001 € et je l’ai eue ! »

À sa femme, Françoise, ses enfants, sa famille et ses proches, la rédaction de Jour de Galop adresse ses plus sincères condoléances.

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