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lundi 23 décembre 2024

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Serge Tardy : « Rétablissons la confiance pour aller vers une dynamique de croissance essentielle à toute vie économique »

SPECIAL ÉLECTIONS

Serge Tardy : « Rétablissons la confiance pour aller vers une dynamique de croissance essentielle à toute vie économique »

Serge Tardy est le président du Syndicat des propriétaires au galop. Il nous a livré les grandes lignes de son programme pour la prochaine élection.

Par Guillaume Boutillon

gb@jourdegalop.com

Jour de Galop. – Comment jugez-vous la situation actuelle du galop ?

Serge Tardy. – Le galop français possède de nombreux atouts, des sources d’attractivité et des particularités à exploiter, qui sont autant de leviers que nous devons actionner pour entamer la relance. Ces dernières années, nous avons échafaudé des bases solides ; des fondations sur lesquelles nous devons désormais bâtir un projet visant la croissance. Par exemple, nous avons regroupé les Institutions dans l’immeuble Thémis, ce qui permet d’envisager une optimisation progressive des coûts ; nous avons opéré un changement de vision au PMU avec une stratégie de relance du chiffre d’affaires, et de marge, davantage en phase avec nos besoins. Et nous avons multiplié des formes variées et désormais abouties de propriété, ce qui doit permettre d’accroître le tissu des propriétaires français. Voilà pour les réjouissances !

Et pour le reste ?

Malheureusement, nous faisons également face à une inquiétude et un manque de confiance en l’avenir généralisé et grandissant, qui provoque le repli et nourrit un cercle vicieux. Ce manque de confiance trouve son origine dans les trop nombreux dysfonctionnements au sein de notre filière, qu’il s’agisse de marketing, avec une image des courses dégradée dans les médias généralistes ; qu’il s’agisse de compétition, avec des problématiques importantes autour du manque d’équité sportive et sanitaire ou d’un programme des courses instable ; ou qu’il s’agisse de gestion, avec des allocations qui ne sont pas garanties à 100 % et un écart qui se creuse entre les coûts d’exploitation et l’espoir de gain.

Quelles sont les raisons principales de cette situation ?

Depuis une quinzaine d’années, la culture de la répartition de la pénurie a remplacé la dynamique de croissance absolument essentielle dans toute vie économique, quel que soit le secteur d’activité. C’est finalement assez simple à comprendre – plus difficile à réaliser, nous le savons –, mais quand on répartit le manque, on divise, on s’appauvrit, et l’on entre dans ce cercle vicieux dont je parlais précédemment. Il faut rétablir la confiance en réglant les problématiques majeures qui gangrènent notre écosystème pour investir ensuite dans l’avenir et former à nouveau un cercle vertueux.

Quelles sont vos solutions ?

Au départ de ce cercle vertueux, vous avez les propriétaires. Pour leur redonner confiance, à eux, comme aux parieurs et aux sociétés de courses ; pour qu’ils osent, pour qu’ils soient moteurs d’une première croissance et deviennent les relais en tant qu’ambassadeurs d’un second élan salvateur, nous devons nous appuyer sur trois piliers. Concomitamment, le galop français doit pérenniser ses fondamentaux, moderniser son image et conquérir une nouvelle clientèle. Et une fois que nous avons dit cela ? Nous avons tout dit. Maintenant, il reste à faire. Pour concrétiser notre programme, nous proposons des solutions directement inspirées de nos membres et de nos années d’expérience sur tout le territoire.

« Nous demandons le versement systématique de 100 % de la prime propriétaire »

Concrètement ?

Nous avons identifié et commencé à travailler sur plusieurs mesures : certaines solutions seront applicables immédiatement alors que d’autres demandent à évoluer pendant le futur mandat. Par exemple, nous demandons le versement systématique de 100 % de la prime propriétaire ; la création d’un poste de référent dans chaque région pour jouer le rôle de médiateur avec le service des handicapeurs à France Galop ; le renforcement des contrôles sanitaires de chevaux frontaliers ; l’homogénéisation des indemnités de transport et la territorialisation raisonnée des programmes de courses ; la création d’un circuit autour de huit grands pôles régionaux ; l’optimisation de la multipropriété pour développer le recrutement de nouveaux propriétaires ; la modernisation de l’offre et la vulgarisation de la sémantique des paris ; etc. Notre profession de foi, qui sera transmise à tous les électeurs à la fin du mois, détaille ces propositions et d’autres encore. Elles concernent tous les acteurs de la filière, dans les deux disciplines – plat et obstacle –, pour toutes les races, et ont été construites selon l’intérêt collectif.

Quelle est votre position sur l’obstacle et ses difficultés ?

La discipline de l’obstacle est essentielle pour notre filière et à plusieurs égards : elle permet le recrutement de propriétaires et de vocations professionnelles, une forte attractivité pour le grand public par sa dimension spectacle, et un rayonnement international grâce à notre élevage aujourd’hui considéré comme étant le meilleur au monde. Cependant, force est de constater que nous n’avons pas assez de partants. Pour y remédier, il est urgent de créer un programme spécifique pour les chevaux inédits en obstacle, selon l’âge, et ainsi créer des passerelles entre la discipline du plat et celle de l’obstacle. Ces mesures auront pour conséquences immédiates et mécaniques de revenir au 2/3 – 1/3 plat-obstacle, de fournir les pelotons, et de diversifier les débouchés sportifs et financiers pour les propriétaires.

« Les courses et la jeune génération ne sont pas incompatibles »

Les courses souffrent d’un déficit d’image, surtout auprès des jeunes. Est-il, selon vous, possible d’inverser cette tendance et comment doit-on procéder ?

Je dirais que nous pâtissons d’un déficit de réputation et d’une mauvaise image auprès de la jeune génération pour plusieurs raisons et en grande partie parce que nous n’avons pas encore créé un lien solide avec elle. Mais comme l’a dit l’écrivain américain, Mark Twain, « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ! » C’est exactement cela : les courses et la jeune génération ne sont pas incompatibles. Nous pouvons nous adapter l’un et l’autre, mais pour cela, il faut créer le lien et nous disposons de ressources et de canaux de communication puissants. Tout d’abord, nos hippodromes. Ils jouent un rôle fédérateur pour les familles et pour les jeunes en particulier. Nous pensons que nous devrions, par exemple, saisir l’opportunité du projet de rénovation d’Auteuil pour créer un Futuroscope sur l’hippodrome, projet qui sera déclinable sur les autres champs de courses de France.

Ensuite, nous avons des réseaux digitaux importants. Ils nous offrent de grandes opportunités, permettent d’intégrer dans nos messages une forte et prédominante dimension RSE (responsabilité sociétale des entreprises), comme l’a initiée la Fédération nationale des courses hippiques avec sa campagne #RaceandCare.

Enfin, nous avons le PMU. Il possède les ressources pour créer des jeux répondant au mode de pensée et de vie de la jeune génération. En bref, nous avons tout ce qu’il faut. Ce qu’il nous manque, c’est une vision stratégique globale de reconquête du public. Je ne pense d’ailleurs pas seulement à la jeune génération, car c’est sur l’ensemble de la pyramide des âges que nous devons travailler, cible par cible.

Quelle est votre position sur l’arrivée de la Française des Jeux ?

C’est une opportunité, principalement pour deux raisons : la médiatisation de notre sport en sera renforcée et toute émulation induit le progrès. Mais c’est aussi un risque. La Française des Jeux, qui n’a pas vocation première à alimenter une filière équine d’excellence pourrait, par des stratégies marketing, progressivement détourner notre clientèle du pari hippique vers le pari sportif. Un appauvrissement potentiel existe donc. Face à cela, nous devons enjoindre l’État à une extrême vigilance, en nous appuyant sur l’impact sportif, économique et social de toute une filière sur l’ensemble du territoire français. Tous les sujets abordés précédemment sur la réputation de notre sport, son image, son ancrage au cœur du grand public devront prendre plus d’importance et d’envergure dans ce contexte de concurrence. On devra être plus visibles, plus « beaux », plus « forts ». Car on ne joue que sur ce que l’on connaît et que l’on aime…

Comptez-vous faire évoluer la gouvernance de France Galop ? Et si c’est le cas, de quelle manière ?

En tant que première association et première force de proposition des propriétaires au Comité de France Galop, nous avons déjà fait évoluer la gouvernance avec notamment la limitation du cumul des mandats au Comité et la création statutaire de trois nouvelles commissions – finances/ressources/rémunérations ; marketing/commercial/communication ; régions. Forts de cet acquis, nous souhaitons maintenant continuer d’être présents dans toutes les strates de la gouvernance pour insuffler nos idées et notre vision, qui n’en auront que plus de poids.

Les Propriétaires au galop présenteront-ils un candidat à la présidence ?

Avant d’aborder la question des personnes, nous préférons nous concentrer sur le débat d’idées. Le projet devra être fédérateur tout en restant exigeant, si nous voulons sortir de la culture de la répartition du manque et atteindre nos objectifs, qui se doivent d’être ambitieux. Il est aujourd’hui vital pour la filière d’élaborer un projet qui instaurera une culture de la croissance, car elle seule permettra de créer de nouvelles richesses que nous répartirons ensuite sur l’ensemble des composantes de la filière et des acteurs des courses.

Soutiendront-ils l’un des candidats déjà annoncés ?

Pourquoi se limiter aux candidats en lice ? Comme je le disais, nous privilégions un projet, d’abord et avant tout, et aujourd’hui rien n’est défini. Il est trop tôt ! La route est encore longue jusqu’à l’échéance du 12 décembre. Laissons donc le temps faire son office…

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