Highfield Princess, le sprint à son apogée

Dans l’histoire du sprint, jamais un cheval n’avait été capable de remporter le Prix Maurice de Gheest, les Nunthorpe Stakes, les Flying Five Stakes et le Prix de l’Abbaye de Longchamp Longines (Grs1). Voilà l’exploit qu’a réalisé Highfield Princess (Night of Thunder). Répondant toujours présent dans les grands sprints, la jument n’avait pas réussi à gagner un Gr1 depuis septembre 2022 et les “Flying Five”. C’est chose faite. Désormais, direction Hongkong ou l’Amérique.

Le long du rail le plus proche des tribunes, Perdika (Unfortunately) a fait parler la poudre et a fait le train sous la pression du tchèque Ponntos (Power). Highfield Princess a progressivement effacé son numéro à la corde défavorable (le 14) pour essayer se rapprocher de la tête de la course. À 400m du but, la jument était “dans le dur” et il lui restait énormément de terrain à refaire. Mais Jason Hart, son jockey, n’a rien lâché et Highfield Princess a enclenché à 200m du but. La classe a parlé et elle est venue cueillir la victoire dans un style superbe. Jason Hart a d’ailleurs déclaré : « Quand j’ai marché sur la piste, j’ai pris peur car nous n’étions pas dans la bonne portion du terrain avec notre numéro de corde. Pour se sortir de ce qu’elle a connu dans la course, il fallait du courage et de la classe. C’est une pouliche qui a la rage de vaincre. » Très courageuse, Perdika est deuxième à une longueur. Aesop’s Fables (No Nay Never) complète le podium à une longueur.

John Quinn, l’entraîneur de la gagnante, remporte enfin ce grand sprint après les places de Liberty Beach (3e en 2020) et d’El Astronaute (3e en 2019). Il a déclaré : « Elle a fait toutes les guerres. Je suis sur un nuage. J’ai eu des partants au fil des ans qui ont bien couru dans ce meeting merveilleux et j’ai plusieurs fois été battu de peu dans cette course. Gagner un Gr1 dans cette réunion, c’est incroyable. Cette jument est tellement courageuse. Elle est tellement dure qu’elle prend le dessus face aux difficultés dans le parcours. Son entourage a eu le courage de la garder à l’entraînement. C’est vraiment très courageux comme décision. Je suis ravi qu’ils soient récompensés de leur courage. La Breeders’ Cup est une possibilité. Mais son objectif, c’était aujourd’hui. Nous allons en parler mais je pense fortement à l’Amérique. ShaTin est l’autre possibilité. Dernièrement, au Curragh, la jument était en chaleur. Ce qui nous avait surpris car cela ne l’influence pas habituellement. Mais les vétérinaires nous ont confirmé que c’était bien cela. Depuis dix jours, ses travaux étaient exceptionnels. Aujourd’hui, on peut dire qu’elle est le meilleur sprinter au monde. »

Highfield Princess porte les couleurs de Trainers House Enterprises, derrière lesquelles on retrouve le Britannique John Fairley. Mais elle est française aussi, puisqu’elle est née et a grandi au haras du Camp Bénard ! John Fairley est en effet un grand amoureux de la France. En août 2022, il nous avait confié : « C’est magnifique ! Highfield Princess est née à quelques kilomètres d’ici, au haras du Camp Bénard. Elle y a grandi avant de partir en Grande-Bretagne. Je travaille depuis des années avec Fabienne [Simoes de Almeida, ndlr] : cela fait au moins vingt ou trente ans ! Je viens à Deauville depuis que je suis adolescent : c’est un endroit magnifique, que j’adore… Alors, remporter un Gr1 ici aujourd’hui, dans une si belle journée, c’est absolument magnifique ! Il faut féliciter son entraîneur, John Quinn, et toute son équipe : j’habite juste à côté de son écurie alors, tous les jours, je peux aller caresser Highfield Princess, si ce n’est même deux fois par jour parfois ! »

Sally Nicholls, éleveur et propriétaire de Perdika, nous a confié : « J’en ai le souffle coupé. Elle court tellement bien. Nous sommes presque surpris. Je ne comprends toujours pas pourquoi son père s’appelle Unfortunately… Il devrait s’appeler Fortunately ! L’avenir, c’est certainement le haras en 2024. Une place de Gr1, cela change tout dans son profil de poulinière. Elle aime la France et nous aussi. Dans le Prix Hampton, elle n’avait pas bien couru mais était revenue avec un mauvais scope. Nous lui avons donné du temps et voilà notre récompense. Maintenant, nous allons casser notre tirelire pour une belle saillie. »

Aidan O’Brien, mentor de la troisième, a dit : « Nous sommes vraiment très satisfaits de la performance d’Aesop’s Fables. La pouliche court vraiment très bien face à des sujets qui avaient fait leurs preuves à ce niveau. La pouliche s’épanouit sur le sprint désormais. Je n’ai pas encore décidé de la suite de son programme. Une chose est sûre, c’est que nous la reverrons plutôt sur 1.000m à l’avenir… »

Élevée au haras du Camp Bénard pour John Fairley (Trainers House Enterprises), Highfield Princess est une fille de Night of Thunder (Dubawi), grand étalon aux statistiques exceptionnelles : 60 black types (soit 18,4 % de ses partants). Il a donné trois gagnants de Gr1, dont deux dans l’hémisphère Nord. Pure Illusion (Danehill), la mère, est une ancienne Godolphin. Elle a été dénichée par John Fairley à la vente d’élevage de Tattersalls en décembre 2016, pour 18.000 Gns (22.800 €), alors qu’elle portait Highfield Princess. C’est encore moins que la saillie de Night of Thunder qui a débuté à 30.000 € ! Deux ans après, la pouliche n’a pas atteint son prix de réserve (29.000 Gns) à la vente de yearlings de décembre de Tattersalls, où elle était présentée par le haras du Camp Bénard.

Après l’achat de Pure Illusion, son fils, Cardsharp (Lonhro), est devenu un très bon 2ans pour Godolphin. Il a remporté les July Stakes (Gr2) et s’est classé troisième des Middle Park Stakes (Gr1). Le dernier produit répertorié de Pure Illusion est né en 2020. 

La deuxième mère, Saintly Speach (Southern Halo), était elle aussi une bonne 2ans et elle a gagné les Princess Margaret Stakes (Gr3) à 2ans. Elle est l’aïeule de Chrysanthemum (Danehill Dancer), gagnante des Weld Park Stakes (Gr3) sur 1.400m mais qui tenait le mile, comme elle l’a prouvé en remportant les Park Express Stakes (Gr3). Chrysanthemum est la mère deux gagnants de Groupe : Cunco (Frankel), lauréat du Classic Trial (Gr3) de Sandown, et Maxux (Frankel), qui vient de remporter les Denny Cordell Lavarack & Lanwades Stud Fillies Stakes (Gr3) à Fairyhouse. 

Départ à 600m : 22’’41

De 600m à 400m : 10’’10

De 400m à 200m : 10’’85

De 200m à l’arrivée : 11’’71

Temps total : 55’’07