Une vie de bénévole
Épisode 5 : Patrick Fellous
Membres associés ou élus, ils doivent quitter le Comité de France Galop car ils sont atteints par la limite d’âge. Pour Jour de Galop, ils sont revenus sur leur expérience au sein de la société-mère.
Jour de Galop. – Depuis combien de temps étiez-vous membre du Comité de France Galop ?
Patrick Fellous. – Cela faisait 16 ans, sans discontinuité et toujours en qualité de propriétaire. Ma première élection au Comité remonte à la première mandature d’Édouard de Rothschild, c’est-à -dire en 2007, juste après la présidence de Jean-Luc Lagardère. C’est vers ces années-là également que j’ai été élu président de l’association des propriétaires d’Île-de-France, du Nord et de la Haute-Normandie, sachant qu’entre 2014 et 2019, j’eu l’honneur de présider le Syndicat national des propriétaires. Lors de mon premier mandat, j’ai appris à comprendre comment fonctionnait ce Comité ainsi que les relations entre les membres associés et les membres socioprofessionnels. Cette première expérience m’a permis d’aborder efficacement mes mandats suivants pendant lesquels j’ai travaillé sur de nombreux dossiers, et toujours pour défendre les intérêts des propriétaires. J’ai également mis sur la table des sujets sensibles concernant la stratégie de notre société-mère ou du PMU, mais sans avoir, toujours, beaucoup d’écoute.
Quel bilan tirez-vous de ces années au Comité ?
Il faut bien intégrer qu’au sein de l’association loi 1901 qu’est France Galop, le Comité fait office d’assemblée générale, organe souverain de toute association pour toutes les grandes décisions nécessaires à la réussite de ses missions statutaires. Il est aussi, par les élections qui ont lieu tous les quatre ans, le porte-parole des différentes composantes de l’Institution – c’est-à -dire des éleveurs, des propriétaires, ou encore des entraîneurs. Alors j’ai souvent regretté qu’il ne fasse que valider des décisions déjà entérinées par le seul Conseil d’administration ou par les seules directions générales de France Galop ou du PMU. D’ailleurs les membres du Comité ne se rassemblent que quatre fois par an, soit au total une vingtaine d’heures par an au plus. C’est ridiculement peu quand on réalise l’étendue des activités à mener à bien, le montant des budgets qu’il faut gérer, et la multiplicité des acteurs concernés. Un regret souvent ressenti en tant que membre de ce Comité, qui s’ajoute à celui vécu quand vous présentez un sujet d’importance qui suscite une totale indifférence alors que les faits sont avérés. Ainsi j’ai vainement dénoncé auprès du Comité et des trois derniers directeurs généraux du PMU la diversification vers les grands parieurs internationaux. À ma grande satisfaction elle vient enfin d’être fermement condamnée par la Cour des comptes pour différents motifs, plus graves les uns que les autres. C’est cette frustration que j’ai souvent ressentie en tant que membre de ce Comité qui m’a d’ailleurs amené à œuvrer, avec d’autres, à une réforme de la gouvernance. La Commission mise en place pour faire évoluer la société-mère vers plus de transparence et plus de démocratie a fait un excellent travail. Mais les premières décisions prises à partir de ses conclusions n’ont pas été à la hauteur de nos espérances. Charge alors au nouveau Comité d’aller au bout de la réforme attendue.
À vous entendre, c’est quand même davantage la frustration qui domine…
Non, je vous disais aussi qu’il y avait du positif durant ces 16 années. Je me suis fait entendre sur des modifications à apporter au Code des courses ou aux statuts, ou pour redresser des erreurs redondantes dans les rapports d’activité de France Galop, même si ces succès n’ont pas été rendus publics. Positive aussi car sous la dernière mandature d’Édouard de Rothschild, on peut admettre objectivement au regard d’une crise aussi grave que celle de la Covid, que les instances dirigeantes et les associations ont bien travaillé ensemble, avec une reprise des courses plus rapide que celle des activités sportives ou de loisirs et une réactualisation correcte des encouragements en fin d’année. On peut dire aussi que la situation financière de France Galop s’est améliorée depuis 2016 avec le retour à l’équilibre de son résultat d’exploitation. Enfin, l’emménagement récent dans des bureaux communs avec Le Trot et le PMU était une étape indispensable, que nous réclamions depuis des années, pour de futures mutualisations de services. Elle est réalisée.
Vous quittez donc le Comité, mais allez-vous quand même continuer à rester actif dans la filière ?
Bien sûr que je resterai actif. D’abord au sein du Syndicat des propriétaires dont je suis président-délégué. Ensuite, et je l’espère, auprès du prochain président de France Galop pour travailler sur des sujets importants en interface entre la gouvernance et les socioprofessionnels. Car beaucoup d’indicateurs restent inquiétants : nombre de propriétaires, nombre de chevaux à l’entraînement, nombre moyen de partants par course, nombre de turfistes. Il y a pour cela des raisons anciennes et malheureusement pérennes, dont l’incapacité à refaire des hippodromes et des courses hippiques des lieux et spectacles concurrentiels sur le marché des loisirs. J’espère aussi pouvoir m’investir pour boucler positivement le « vieux » dossier de la T.V.A. des propriétaires. Dossier que j’ai ouvert il y a presque deux ans. Enfin, pour faire prendre conscience à nos dirigeants, et à d’autres, que le vrai maillon faible reste le PMU qui est le cÅ“ur du système et qui aurait dû prendre le relais pour valoriser les paris hippiques et surtout augmenter son résultat pour financer l’accroissement des encouragements. Les sociétés de courses ne peuvent que distribuer le gâteau dont elles disposent. Malheureusement, dès 2010, les orientations prises par les dirigeants du PMU ont conduit à des pertes financières, notamment un cumul de 140 M€ de pertes nettes sur les activités paris sportifs et poker, deux activités que certains voudraient pourtant relancer. Entre fin 2009 et fin 2022 – pardon pour les chiffres –, la marge brute ramenée au total des enjeux a baissé de quelque 4 %, ce qui correspond pour 2022 à une perte nette de près de 400 M€. Une perte principalement amortie par la baisse régulière des prélèvements de l’État, accessoirement par la baisse des charges, ce qui a juste permis de maintenir le résultat net autour de 8 % de ces mêmes enjeux. Quelles actions mèneront les futurs présidents ? Parviendront-ils au moins à repositionner le PMU vers sa vocation première, laquelle reste et devra toujours rester la promotion et le développement du pari hippique.