TÊTIÈRE SPÉCIALE ÉLECTIONS
Anthony Baudouin : « C’est l’intérêt général qui m’intéresse »
Anthony Baudouin est tête de liste d’Alliance Galop dans le collège des éleveurs. Il nous livre ses convictions à quelques jours de l’ouverture des opérations de vote.
Jour de Galop.- Tout le monde vous connaît à travers le haras du Hoguenet, mais c’est la première fois que votre nom apparaît en tête d’une liste pour les élections de France Galop ? Pourquoi vous engager politiquement ?
Anthony Baudouin. – J’avais envie de défendre l’élevage mais aussi l’obstacle, dont je suis plus proche, même si je suis également très concerné par le plat via mon métier d’étalonnier. Et puis, c’est très intéressant de collecter l’avis des éleveurs et de voir de quelle manière, ensemble, nous pouvons améliorer les choses. C’est surtout cela qui m’intéresse. Alors, même si c’est nouveau pour moi, même si j’apprends peu à peu les tenants et les aboutissants de l’Institution, l’idée de défendre les intérêts des éleveurs au comité de France Galop me plaît énormément.
Pourquoi avoir choisi Alliance Galop ?
Il s’avère que je me retrouve totalement dans cette association. J’ai commencé en élevant des chevaux d’obstacle mais, aujourd’hui, j’ai une clientèle très variée, aussi bien tournée vers cette discipline que vers le plat. Le fait qu’il y ait une prédominance de l’obstacle au sein d’Alliance Galop m’a conforté dans mon choix. C’est une association qui me convenait parfaitement, de par ses membres et les valeurs qu’elle représente.
« Il est d’important de garder le 2/3 – 1/3 »
Quelles sont les principales mesures de votre programme ?
Il est d’important de conserver le 2/3 – 1/3. C’est même indispensable selon moi. C’est pourquoi je pense qu’il faut l’intégrer dans les statuts. L’ancienne équipe a essayé de le faire ; là , sur cette mandature, ce serait bien de l’entériner. Il faut également veiller au maintien des primes à l’éleveur telles qu’elles le sont, car c’est indispensable pour beaucoup d’éleveurs professionnels, mais aussi pour des passionnés qui élèvent un peu. Il faut aussi veiller au maintien de la prime de 15 % pour les femelles car elle permet à certains de pouvoir conserver les bonnes pouliches, ce qui constitue la base de l’élevage.
Comment se portent les éleveurs, selon vous ?
Les éleveurs, que je côtoie quasiment toute l’année, sont des gens passionnés par leur métier et les courses. Le dynamisme est là et le contexte est plutôt favorable pour l’élevage. La situation, bien sûr, s’est un peu tendue avec l’inflation : les prix de saillies ont augmenté, les frais fixes aussi. Même si certains ont du mal à commercialiser ou placer leurs produits, les éleveurs sont positifs et optimistes pour l’avenir. Même pendant l’épidémie de Covid, le commerce a tourné et nous avons fait saillir nos juments.
« Le commerce n’est pas le fond du problème »
L’élevage s’est beaucoup professionnalisé ces dernières années. Comment faire pour aider davantage les petits éleveurs, ceux qui n’ont pas pris une orientation commerciale ?
L’élevage s’est en effet beaucoup professionnalisé, notamment grâce aux agences de vente performantes et accessibles à tous. Le commerce n’est pas le fond du problème si l’on veut expliquer l’écart entre certains éleveurs. C’est pourquoi il faut veiller au maintien des primes et aller plus loin sur la TVA. À ce sujet des négociations sont en cours et j’espère qu’elles aboutiront. Cela remettrait du pouvoir d’achat dans les chevaux. Pour en revenir au commerce, je pense, au contraire, qu’il est ouvert à tout le monde et que tout le monde a sa chance. Si je me suis tourné vers l’obstacle à mes débuts, c’est parce que j’ai commencé avec peu de moyens. Et, en travaillant « bien », je crois que l’on peut s’en sortir. Il y a certes un gros travail de sélection à faire sur les juments mais l’espoir existe. Par exemple, sans avoir accès à des saillies très chères, j’ai la conviction que tout le monde peut atteindre le haut niveau en obstacle. Des exemples d’éleveurs modestes qui ont réussi en obstacle, je peux vous en citer beaucoup. Et cela, ce n’est pas près de s’arrêter.
Quel regard portez-vous sur les régions ?
Elles sont essentielles au fonctionnement des courses. Elles représentent un vivier de turfistes, de propriétaires et d’éleveurs. Aussi bien au galop qu’au trot. La pluridisciplinarité – plat, obstacle et trot – est une richesse que les régions permettent de préserver. Il faut donc absolument les aider. Au-delà de ça, les équipes de France Galop devraient peut-être un peu plus s’inspirer des régions. Il y a de formidables réussites en matière d’accueil du public, comme Craon, Corlay, le Lion-d’Angers ou encore Vichy… Je rêverais d’ailleurs qu’il se passe la même chose à Paris, avec des hippodromes bien garnis. Il est impératif de faire entrer dans les esprits que, venir aux courses le week-end, en famille ou entre amis, est quelque chose de très sympa. Il n’y a aucune raison que nous n’y arrivions pas sur les hippodromes parisiens.
Est-ce dû à un problème d’image que renvoient les courses ?
C’est sans doute en partie le cas. Et effectivement, l’Institution doit faire attention à l’image que les courses peuvent parfois renvoyer. De gros efforts ont déjà été faits, mais l’accidentologie sera toujours là . Lorsqu’un cheval se casse une jambe devant vous alors que vous venez pour la première fois aux courses, je peux comprendre que cela puisse heurter. Il faut faire comprendre au grand public que les chevaux de course sont choyés comme peu de chevaux le sont, même mieux que certains humains. De nombreux efforts ont été menés en matière de sécurité : à Auteuil, la rivière du huit, qui était accidentogène au plus haut point, a été retravaillée et on ne voit quasiment plus du tout de chevaux tomber à cet obstacle-là . Il faut aussi continuer d’insister sur la reconversion.
Redresser l’image passe aussi par la lutte antidopage. Que proposez-vous sur ce sujet ?
Il faut se monter intransigeant et pour cela s’en donner les moyens. Il faut procéder aux contrôles en amont, plusieurs jours avant les courses. Et même faire des prélèvements dans les haras. Il faut aussi aller plus loin concernant les infiltrations, qu’il faudra davantage encadrer afin qu’elles soient moins fréquentes. Il est impératif de connaître les chevaux qui ont été infiltrés. La transparence doit être de mise. À terme, ne rien faire à ce sujet peut détruire l’élevage. Un sujet archi-médicalisé a-t-il le droit d’entrer au haras pour être reproducteur ? Je ne le pense pas.