Où va s’arrêter Beauvatier (K) ?

Très attendu, le représentant de Philippe Allaire et du haras d’Étreham a « fait le job » en s’imposant sûrement. Toutefois, certains spectateurs qui avaient fait le déplacement à Longchamp s’attendaient à le voir gagner plus facilement que cela. Quelques jours avant la course, son entraîneur, Yann Barberot, avait pourtant annoncé que le poulain allait être à 80 % de sa condition physique. On le sait, son objectif est le Jean-Luc Lagardère qui se courra dans quatre semaines. Était-ce utile de le solliciter davantage pour qu’il creuse l’écart ? Souvent, les opinions se divisent lorsque l’on évoque cette question. Certains préfèrent en « garder sous la pédale » tout en prenant une bonne leçon. D’autres, à l’inverse, préfèrent leur donner une vraie course par crainte de manquer le jour J. Chez Yann Barberot à Deauville, le travail des chevaux est connu pour être assez intense. Dimanche, Beauvatier (Lope de Vega) avait-il encore beaucoup de réserves au poteau ? On peut le penser, mais la demi-longueur à l’arrivée mérite discussion et analyse.

L’édition 2023 du Prix La Rochette était particulière. Sur les sept partants, près de la moitié n’avait pas de chance « au papier ». Les deux principaux opposants à Beauvatier étaient Evade (K) (Wootton Bassett) et Havana Cigar (K) (Havana Grey). La logique a été respectée puisqu’ils se sont respectivement classés deuxième et troisième. Estimé, Evade est un poulain électrique, mais pétri de qualité. Dimanche, sa fin de course a été excellente, d’autant plus qu’il avait pris la main à Mickaël Barzalona en se rendant au départ. Quant à Havana Cigar, il se présentait pour la première fois sur 1.400m après avoir montré qu’il n’avait pas suffisamment de vitesse pour espérer s’illustrer sur plus court. Selon le tracking, les trois poulains se tiennent de très près. Beauvatier a bouclé ses 600 derniers mètres en 32’’42, Evade en 32’’35 et Havana Cigar en 32’’36. Cela étant dit, Beauvatier est le seul des trois premiers qui n’a pas pris le moindre coup de cravache. Maxime Guyon l’a donc monté en pleine confiance. Une leçon parfaite avant le Gr1, son véritable objectif…

Avec Vandeek (Havana Grey), le gagnant du Sumbe Prix Morny (Gr1), Beauvatier est le seul à avoir dominé la flèche Ramatuelle (K) (Justify). C’est d’ailleurs la seule fois où il dû produire un effort qui ressemblait à une lutte. Le 28 mai, à Saint-Cloud, dans le Prix Pirette (Classe 2), nos deux meilleurs 2ans avaient longuement bataillé tout au long de la phase finale. Et Beauvatier s’imposait d’une tête. Dans le Prix Roland de Chambure (L), face à trois adversaires, Beauvatier n’avait pas eu à puiser dans ses réserves, effectuant ce jour-là un galop du matin. Pourra-t-il confirmer face à des 2ans plus aguerris ? Le Prix Jean-Luc Lagardère compte rarement plus de dix partants. Toutefois, la présence d’étrangers va donner une tournure différente à la course, et il faudra sortir les crocs pour se sortir des pièges éventuels. C’est la seule ombre au tableau de Beauvatier : pour l’instant, il n’a eu à lutter qu’à une seule reprise et le poulain n’avait pas eu à s’employer vraiment pour venir à bout de la pouliche.

Mais si la piste venait à être bien souple, Beauvatier ne serait pas gêné, conformément à son pedigree. En débutant, il avait gagné sur une piste collante. La magie des courses veut que les meilleurs se rencontrent à un moment donné. Et ce choc aura lieu le 1er dimanche d’octobre… Juste avant ça, le samedi 17 septembre, le propriétaire de Beauvatier, Philippe Allaire, aura du pain sur la planche sur l’hippodrome de Vincennes. Koctel du Dain, le leader de sa génération au trot, tentera de lui offrir un sixième Critérium des 3ans (Gr1). Rien de mieux pour lancer les hostilités !