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jeudi 28 novembre 2024

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Le point sur les forces en présence

Par Anne-Louise Échevin

ale@jourdegalop.com

De grands enjeux dimanche en vue de l’Arc 2023 ? Oui !

On entend parfois que les préparatoires à l’Arc sont simplement une étape pour peaufiner la condition physique, puisqu’une victoire dans le Niel ou dans le Foy ne change pas grand-chose à la carrière d’un futur étalon, par exemple. C’est vrai. Mais il y a le cas du Vermeille, à la fois préparatoire ou objectif, si ce n’est les deux à la fois. Des trois Arc Trials, c’est dans le Gr1 pour les femelles que les enjeux sont les plus importants cette année, et notamment pour une pouliche : Blue Rose Cen (Churchill), la gagnante de la Poule d’Essai et du Diane (Grs1). Dimanche, elle joue une supplémentation dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) et, pour cela, elle doit montrer avoir les 2.400m dans les jambes. La représentante de la Yeguada Centurion devra réaliser une belle performance, ou au moins assurer sur son aptitude à la distance, pour que son entourage paie les 120.000 € d’engagement supplémentaire.

D’autres doivent aussi gagner leur place au départ

On pense à Fantastic Moon (Sea the Moon), le gagnant du Derby allemand (Gr1) qui est annoncé au départ du Qatar Prix Niel (Gr2). Son entourage l’avait supplémenté dans le Grosser Preis von Baden (Gr1) puis déclaré non-partant pour protester contre un arrosage de la piste qu’ils ont jugé trop important. Fantastic Moon n’est pas engagé dans l’Arc et peut gagner sa place au départ dimanche, même si son entourage devra espérer un été indien durant jusqu’au 1er octobre (inclus). Dans le Vermeille, Blue Rose Cen n’est pas la seule à jouer sa place dans l’Arc. On pense aussi à Place du Carrousel (Lope de Vega), laquelle va découvrir les 2.400m en compétition. Elle est engagée dans l’Arc mais a aussi une option dans l’Opéra (Gr1), dont elle est la tenante du titre.

Plusieurs femelles peuvent gagner dimanche leur ticket pour l’Arc ou, selon leurs performances, être plutôt redirigées vers le Royallieu ou l’Opéra. Une candidature intrigante au Vermeille est celle de Warm Heart (Galileo), gagnante des Yorkshire Oaks (Gr1) et des Ribblesdale Stakes (Gr2). La 3ans d’Aidan O’Brien – lequel a déclaré forfait nombre de ses pensionnaires dès le premier stade, assez rare pour être souligné ! – n’est pas engagée dans l’Arc. Coolmore et ses associés pourraient-ils être tentés de la supplémenter ? Difficile à savoir. Mais pourquoi pas ? Cela dépendra probablement de la façon dont l’entraîneur de Ballydoyle et les lads placent leurs pions sur l’échiquier international. Leur meilleure chance dans l’Arc est, pour le moment, la 3ans Savethelastdance (Galileo), pour laquelle une piste souple serait obligatoire. Si l’été indien continue jusqu’au 1er octobre et que Warm Heart fait belle impression dans le Vermeille, peut-être pourrions-nous avoir une surprise avec sa participation ? Ceci étant dit, Coolmore a un autre atout dans sa manche en cas de bon terrain : le (double) Derby winner Auguste Rodin (Deep Impact). Ce sera en fonction de sa performance dimanche dans les Irish Champion Stakes (Gr1) et selon les moyens de transport, puisqu’une sorte de phobie de l’avion a été évoquée pour expliquer ses deux plus gros échecs.

Les Arc Trials sont-ils la bonne option en vue de l’Arc ? En partie.

Nous sommes remontés jusqu’à l’an 2000. Voici quelques tendances :

– Sur les 23 dernières années, dix gagnants d’Arc sont passés par un “Arc Trial” (43 %).

– De 2000 à 2014, la grande majorité des lauréats le premier dimanche d’octobre ont couru trois semaines auparavant à Longchamp (tous français, sauf Sinndar) : dix sur quinze, soit 66,6 %.

– La tendance s’est inversée à partir de 2015, une date souvent prise en repère sur le sujet de la “compétitivité des chevaux français”. Depuis 2015, un seul lauréat de l’Arc a couru une des préparatoires de Longchamp : c’est Waldgeist (Galileo), qui avait remporté le Qatar Prix Foy (Gr2). L’autre français gagnant de la course sur cette période, Sottsass (Siyouni), avait disputé les Irish Champion Stakes (Gr1) dont il avait conclu quatrième. C’était en 2020 et, sans rien enlever à la victoire de Sottsass, cette édition reste particulière parce qu’il s’agissait de l’année Covid et parce que tous les “O’Brien” avaient été forfaits suite à la contamination des aliments Gain. Dont Mogul (Galileo), qui avait gagné le Grand Prix de Paris (Gr1), lequel avait pris la place du Niel, et Anthony van Dyck (Galileo), qui avait gagné le Foy. Reste le cas de la gagnante du Vermeille 2020 : il s’agissait de Tarnawa (Shamardal), laquelle avait ensuite été dirigée vers l’Opéra plutôt que vers l’Arc. C’est un petit regret, on ne peut s’empêcher de penser que la représentante de Son Altesse l’Aga Khan n’aurait pas “tapé loin” dans l’Arc.

– La “forme” des Arc Trials est surtout liée à la “forme” des chevaux français. Sur les dix gagnants d’Arc entraînés dans l’Hexagone depuis 2000, neuf sont passés par les Arc Trials (Sottsass est l’exception).

Y-a-t-il un impact de la météo sur les résultats des gagnants d’Arc Trials dans l’Arc ? Oui, dans un sens ou dans l’autre.

Reprenons nos dix gagnants d’Arc passés par les Arc Trials depuis l’an 2000. Sept d’entre eux ont gagné lors de la répétition générale, dont cinq sur des terrains similaires à celui qu’ils ont ensuite rencontré dans l’Arc. Cela veut dire que “seulement” deux ont réussi à gérer un grand écart en terme d’état de la piste : Waldgeist, qui a gagné le Foy sur un terrain bon (jugé à 3,2), puis l’Arc sur une piste annoncée très souple (mesurée à 4,1), et Dalakhani (Darshaan), gagnant du Niel en bon terrain et de l’Arc sur piste collante. On dit que les bons chevaux vont dans tous les terrains… À chacun son point de vue.

Cela nous laisse trois battus des Arc Trials ayant ensuite remporté l’Arc. Deux d’entre eux ont renversé la vapeur sur des terrains bien différents : troisième du Niel en terrain jugé souple, Bago (Nashwan) a gagné l’Arc sur une piste jugée bonne. Pour la nageuse Solemia (Poliglote), ce fut le contraire : troisième du Vermeille en terrain bon souple, elle a remporté l’Arc sur une piste officiellement collante – et sur un coup de folie d’Orfèvre (Stay Gold). Reste ensuite le cas du deuxième Arc de Trêve : quatrième du Vermeille en bon terrain pour sa rentrée (après des ennuis de santé), elle a rebondi trois semaines plus tard sur une piste jugée au même niveau.

Quatre années ne font pas une tendance, mais…

On parle beaucoup de la météo pour l’Arc et elle n’a pas été tendre avec notre grande course ces quatre dernières années, au point que nombre de personnes parlent désormais du Gr1 comme d’une course pour seuls nageurs. C’est faux. Mais même s’il est difficile d’établir une vraie tendance sur quatre ans, il reste que nous avons à chaque fois fait le grand écart entre les préparatoires et l’Arc sur cette période. Avec, à chaque fois, une météo suivant un schéma plutôt similaire : un mois de septembre ensoleillé et chaud – voire très chaud – jusqu’à sa dernière semaine, où des pluies souvent diluviennes ont fait leur apparition. Aux météorologistes de déterminer si le dérèglement climatique joue un rôle et si cette tendance est amenée à s’ancrer. Pour l’année 2023, le suspense est intact.

Est-ce important de gagner avant l’Arc ? Oui !

Il y a plusieurs écoles. L’une dit qu’une préparatoire n’est pas un objectif, qu’il ne faut pas prendre dur et qu’il faut savoir parfois perdre pour mieux gagner derrière. L’autre dira qu’un cheval qui gagne une course prend moins dur qu’un cheval étant battu, ne serait-ce que mentalement, et qu’il est donc préférable de s’imposer.

Voici une statistique pour vous aider à mieux choisir votre école : sur les 23 derniers gagnants de l’Arc, 17 restaient sur un succès (74 %). Si vous êtes au départ, dimanche, des Arc Trials – ou des Irish Champion Stakes –, visez la gagne !

Le point sur les forces en présence

France Galop a validé, mercredi matin, les forfaits de dimanche à Longchamp. Voici le point sur les trois préparatoires au Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1).

Qatar Prix Vermeille (Gr1)

Du beau monde face à Blue Rose Cen

Elles sont onze en lice dans le Qatar Prix Vermeille (Gr1), dont quatre gagnantes de Gr1 : Blue Rose Cen (Churchill), lauréate de la Poule d’Essai et du Diane, Warm Heart (Galileo), gagnante des Yorkshire Oaks (Gr1), Above the Curve (American Pharoah), qui a remporté le Saint-Alary l’an passé, et Place du Carrousel (Lope de Vega), lauréate du Prix de l’Opéra (Gr1). Elle dispose aussi d’une option dans le Qatar Prix Foy (Gr2).

On note la présence de deux représentantes Wertheimer : Left Sea (Sea the Stars), battue tout à la fin dans le Prix de Psyché (Gr3), et Pensée du Jour (K) (Camelot). Pour ses débuts sous sa nouvelle casaque, elle a conclu quatrième du Sumbe Prix Alec Head – Prix de la Nonette (Gr2). Reprise en partant et dernière, elle n’a pas été heureuse dans le tournant final, quand les trois premières ont sèchement accéléré et que la pouliche devant elle, Abha, est complètement restée là, l’entraînant dans sa perte. Pierre-Yves Bureau, qui gère les intérêts de l’écurie Wertheimer & Frère, nous a dit : « Concernant Left Sea, nous aviserons dans les jours à venir si nous la courons ou non. Nous en saurons plus après les partants probables. Il est possible qu’elle soit au départ mais elle dispose aussi d’autres options, comme le Bertrand de Tarragon la semaine prochaine. Pensée du Jour devrait être au départ, si tout va bien d’ici là. La pouliche avait eu une course pas évidente dans le Diane et, à Deauville, le plus important était qu’elle ait un bon comportement, ce qui a été le cas. Il est encore trop tôt pour dire si elle ira ensuite vers l’Arc. Il faut attendre dimanche, voir si nous retrouvons la bonne Pensée du Jour de début d’année avant de faire des plans. »

Francis-Henri Graffard a laissé Baiykara (Zarak) et Melo Melo (Gleneagles), pour lesquelles une décision devrait être prise dans les heures à venir, Fabrice Chappet compte sur Crown Princesse (Zarak), pas revue depuis sa quatrième place dans les Ribblesdale Stakes (Gr2) à Royal Ascot, Mikel Delzangles devrait courir Rue Boissonade (Seabhac), la lauréate du Prix de Malleret (Gr2), tandis qu’on ne trouve qu’une anglaise : Sea Silk Road (Sea the Stars), cinquième des Yorkshire Oaks (Gr1).

Qatar Prix Niel (Gr2)

Feed the Flame (K) en attraction

Feed the Flame (K) (Kingman), troisième favori de l’Arc, fait son retour en piste en terrain connu dans le Niel, lui qui n’a pas couru depuis sa victoire dans le Grand Prix de Paris (Gr1). Dimanche, il va retrouver Christophe Soumillon en selle et pourrait potentiellement être muni d’un leader, King of Records (Sea the Stars), si le lot venait à se creuser. Face à lui, on trouve le gagnant du Derby allemand, Fantastic Moon (Sea the Moon), qui apprécie le bon terrain, et celui du Derby italien (Gr2), Goldenas (Golden Horn), qui aime les pistes bien souples. Une candidature intrigante est celle de Marhaba Ya Sanafi (Muhaarar), gagnant de la Poule d’Essai, troisième du Jockey Club et qui vaut bien mieux que sa performance dans le Jacques Le Marois (Grs1). On ne trouve pas de britannique en lice, mais un irlandais : Greenland (Saxon Warrior), laissé par Aidan O’Brien et à revoir après sa quatrième place, pour sa rentrée, dans le Guillaume d’Ornano (Gr2).

Qatar Prix Foy (Gr2)

Sept dont trois pouliches

Ils sont sept dans le Foy, dont trois pouliches. Place du Carrousel et Baiykara ont l’option du Vermeille, ce qui n’est pas le cas de Pleasant Jane (Pivotal), huitième du Sumbe Prix Jean Romanet (Gr1). Aidan O’Brien a laissé Point Lonsdale (Australia), aussi engagé dans les Irish Champion Stakes (Gr1) où les bookmakers le proposent à 100/1.

Le Foy devrait nous permettre de revoir en piste un gagnant de Gr1 n’ayant aucune prétention pour l’Arc : le hongre Irésine (Manduro), tenant du titre. Il retrouvera Marie Velon. Jean-Pierre Gauvain nous a dit sur son pensionnaire, pas revu depuis sa victoire dans le Ganay : « En ce qui concerne la piste, j’ai toute confiance envers les équipes de France Galop pour compenser la chaleur et assurer un terrain bon, bon souple. Concernant la chaleur, il va voyager “à la fraîche”, même si j’espère qu’il fera le moins chaud possible. Irésine a ses repères à Longchamp, son boxe, et il va voyager avec un camarade, ce qui est indispensable. Je pensais très honnêtement que le Foy allait arriver trop vite pour lui mais il a tellement bien travaillé la semaine dernière que nous avons décidé de saisir l’opportunité du deuxième engagement. Le cheval a travaillé ce matin et sa présence dimanche est liée à sa récupération. S’il est aussi bien qu’après son galop de la semaine dernière, il sera au départ. On dit que le Foy est son petit Arc mais il a gagné deux Grs1, c’est bien mieux que ce Gr2 (rires) ! Nous aviserons ensuite concernant son programme. Il va sur toutes les distances, donc peut aussi bien être rallongé pour défendre son titre dans le Royal Oak, qu’être raccourci pour tenter sa chance dans les Champion Stakes sur plus court, le timing étant très bon. Mais nous ne fermons pas la porte à un voyage en Asie. Ce pourrait être Hongkong ou la Japan Cup. Nous avions fermé la porte au Japon l’an passé mais le trajet est désormais tout aussi simple que vers Hongkong, avec la quarantaine sur place à Tokyo, et il y fait moins chaud qu’à Hongkong, donc pourquoi pas ? Si nous prenons l’option de l’Asie, nous passerions par le Prix du Conseil de Paris en préparatoire. »

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