La 10e édition du grand rendez-vous des anglos

Paul Couderc, le président d’Anglo Course, nous a confié alors que la journée venait de toucher à sa fin : « Cette dixième édition s’est bien passée. Nous voulions marquer le coup car cette manifestation, c’est la vitrine de l’anglo-arabe de course ! Si on veut attirer des clients, il faut que la vitrine soit la plus belle possible. En dix ans, la qualité des chevaux a beaucoup augmenté. Preuve en est, le lot 2023 des mâles et femelles à 12,5 % était vraiment exceptionnel et le jury a longuement hésité ! » 

L’étalon Entrée de Jeu (Carghese des Landes) est représenté par ses premiers 2ans en 2023. En attendant ses premiers partants – en 2024 donc –, la victoire de Légende Laboueyrie aura sans aucun doute ravi les propriétaires de la petite quarantaine de produits qu’il a déjà donnés. François Rohaut a déclaré pour le jury : « Tout le monde a flashé dessus lorsqu’il est entré sur le ring. Il a la classe et apparement aussi le mental. Il a un très beau physique, même s’il n’est pas irréprochable. Le jury, à l’unanimité, a considéré qu’il était au-dessus du lot. » Légende Laboueyrie a ensuite été « élu » champion des 37,5 % et plus, face à la gagnante de la section des femelles et Jacques Cyprès, pour le jury, a expliqué : « C’est vrai que ce poulain n’a pas de défaut. Il attire et est très bien présenté. Il marche très bien aussi. C’est un cheval parfait pour passer à une vente. Je l’ai jugé comme si je devais l’acheter car je ne connais pas les pedigrees anglo-arabes. »

La mère, Oasis du Galopin (Blue Boy), a eu six partants à ce jour… ils ont tous gagné ! Deux sont montés sur le podium du Prix du Ministère, c’est-à-dire le Derby de la race : Avatar d’Estivaux (Carghese des Landes) s’est classé deuxième en 2013, alors que Juste Laboueyrie (Frisson du Pecos) s’est imposé en 2022. La deuxième mère, Fleur du Galopin (Dormane), est ce que l’on appelle une « 50 direct » c’est-à-dire qu’elle est issue du croisement d’un pur-sang anglais et d’un pur-sang arabe. Elle apporte donc du sang neuf à ce pedigree, ce qui est un réel avantage car il n’y a pas beaucoup de diversité en matière de lignées chez les anglo-arabes à 37,5 % de sang arabe. L’éleveur, Dominique Fonseca, nous a confié : « Par le passé, nous avions quelques chevaux à la maison, pour notre agrément, sans objectif de compétition. Nous avons commencé en 2018 à élever. Étant dans le bassin de l’Adour, région traditionnelle d’élevage des anglo-arabes, nous avons choisi cette race. Je suis maréchal-ferrant et j’ai connu l’époque où il y avait une jument dans chaque maison le long de l’Adour. Nous sommes un petit élevage familial avec trois poulinières. Les premiers résultats sont encourageants. Nous sommes basés dans le sud des Landes. »

Chez les femelles à 37,5 %, la palme revient à Flingueuse (Olzarte de Collongues) pour une association d’éleveurs aux nombreux succès, celle de Jean-Marc Davezac et Daniel Lacassagne. Femme de cheval aussi polyvalante qu’accomplie, Renée-Laure Koch a déclaré au nom du jury : « Elle a beaucoup de bec et elle se déplace bien. Très homogène, elle est aussi très déliée. Il n’y a pas grand-chose à lui reprocher ! » La mère, Flinguee (Gnome), était bonne, ayant remporté le Diane de la race, c’est-à-dire le Grand Prix des Pouliches. Deux de ses trois partants ont gagné. La deuxième mère, Foly du Pecos (Khanjer Joli), n’avait pas brillé en piste, avec une place en cinq sorties. Elle s’est largement rattrapée au haras : neuf de ses dix produits ont gagné, ils ont tous pris de l’argent et quatre sur dix ont remporté un « classique » tout en dépassant la barre des 100.000 €. Cinq ont remporté des courses de sélection pour anglo-arabes. Ferdelia (Perdalian), la troisième mère, est l’une des juments de base du stud-book français. Foly du Pecos, grâce sa production, a fait partie des dix anglos de la décennie lors du vote organisé en ligne par Anglo Course. Flingueuse a cinq fois dans son papier la souche « F » de l’élevage Davezac. Cette femelle est issue d’Olzarte de Collongues (Faucon Noir), étalon incontestablement sous-utilisé mais qui sort régulièrement un bon cheval. 

À l’arrivée des classiques sur le continent, Ikalana (Zamouncho) a fait carrière en Corse. Il est ensuite revenu dans son Massif Central natal pour y faire la monte et a déjà donné un gagnant sur l’île de Beauté. Ikalana – ou « Il faut y aller » en occitan – est soutenu par les éleveurs aveyronnais et en particulier par Vincent Corp dans le cas de Zikalana (Ikalana), vainqueur de la section des mâles à 25 %. Isabelle Gallorini a déclaré, au nom du jury : « C’est un beau poulain et on ne peut rien lui reprocher dans ses applombs. Mais surtout, il se déplace d’une manière exceptionnelle. Et c’est très important. Il pousse derrière et engage devant. C’est un poulain calme et souple. » Zikalana est le premier produit d’une mère placée en Corse. Laureen (Dearling), la deuxième mère, a gagné le Critérium des Jeunes. Son meilleur produit, Zaureen (Bernebeau), a gagné six courses et s’est classé troisième du Prix du Ministère. Sur le coup des 15 h 45, le jury a élu Zikalana meilleur 2ans chez les 25 % face à la gagnante du lot des pouliches, Lovely de Chaillac (Paban de France). Et François Rohaut a précisé : « Il a peut-être un peu plus de présence. C’est un poulain en croissance qui sera magnifique dans deux ou trois mois. À titre personnel, il m’a beaucoup plu. C’est notre choix. Mais il y a peu de différences entre les deux premiers… »

Très bon cheval de course au pedigree impeccable, doté d’un modèle à l’avenant, Paban de France (Benevolo de Paban) était très attendu haras. Et en 2023, il a ses premiers 3ans en piste. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il a déjà donné cinq gagnants, dont Vertigo Pontadour, lauréat de la Poule d’Essai par trois longueurs… Sa fille Lovely de Chaillac porte bien son nom. C’est la sÅ“ur de deux partants et d’un gagnant, Idéal de Chaillac (Jeu St Eloi), qui s’est imposé sur 3.000m en plat à Mont-de-Marsan. Sous la troisième mère, on retrouve la belle souche Parreau-Delhote, avec Monpilou (Saint des Saints) et Synaptique (Saint des Saints), deux chevaux de Groupe à Auteuil… Pierre Boulard, au nom du jury, a déclaré : « Nous ne regardons pas les papiers. Nous avons choisi cette pouliche alezane brulée, profonde, avec du passage de sangle et du cadre. Elle a une très belle attitude, calme et en marchant très bien. Elle est peut-être un peu légère mais n’a pas vraiment de défaut. Phyiquement, il n’y a pas beaucoup d’écart entre les deux premières… »

Battle of Marengo (Galileo) a effectué quelques saisons de monte chez Mathieu Daguzan-Garros avant de quitter le Sud-Ouest. Durant cette période gersoise, il a donné neuf produits anglo-arabes en 2020 et 2021. L’homme du haras des Granges lui a confié sa bonne jument « anglo », Thera (Rashbag), qui, à défaut d’avoir brillé en course, a vraiment percé au haras. C’est la mère de Santo Rini (Ragtime Pontadour), champion suprême lors du Grand show 2020, puis double lauréat en plat. Avec Naxos (Battle of Marengo), Thera a donné une autre « bête à concours ». Le poulain a gagné sa section, mais aussi le titre de meilleur 12,5 % face à la pouliche.  Parfois, les champions des concours de modèles et allures ne confirment pas en piste. Ce n’est pas le cas de la production de la poulinière qui a vraiment très bien produit, avec en particulier Thirassia (Walk in the Park), gagnante de trois courses en steeple, dont le Grand Steeple des Anglo-Arabes des 4ans à Pau, ou encore Fira (Diamond Green), excellente en plat et sur les obstacles, entres autres lauréate du Grand Prix des Pouliches et du Grand Steeple des 5ans. C’est la grande souche Laborde du haras du Bosquet… 

Ils n’ont pas fait le déplacement jusqu’à La Teste pour rien ! Mercredi soir, Nadine et Marc Minvielle ont reçu le trophée de Couleur Fauve (Ares de la Brunie) qui fait partie des 10 anglos de la décennie selon les votes du public. Et jeudi après-midi, alors que le soleil commencait à baisser sur le bassin d’Arcachon, ils ont été récompensés par la victoire de White and Blue (War Front) dans la section des femelles de 12,5 %. Pour le jury, François Rohaut a déclaré : « Le choix fut difficile ! Mais celle-ci est faite en pouliche de course. » Et Pierre Boulard a précisé : « Le cadre a certainement fait la différence. »  White and Blue est une fille de Whitecliffsofdover (War Front), un étalon avec beaucoup de modèle qui a donné de manière innatendue (vu son papier) quelques sauteurs (comme With the Stars) au haras de la Haie Neuve avant d’être exporté. La mère, Vertiblue (Vertigineux), était bonne, ayant remporté l’Omnium des Juments. Elle n’a pas encore eu de partant. Maliblue de Tounut (Blue Boy), la deuxième mère, a donné Carblue (Carghese des Landes), troisième du Prix du Ministère après avoir gagné sa section lors du premier Grand show… il y a dix ans pile ! C’est une bonne famille du haras du Bosquet, celle de Roseline (Royal Ascot).