Hukum, le cheval des miracles

Quel est le dernier cheval à avoir remporté l’Arc en n’ayant pas couru depuis les King George VI and Queen Elizabeth Stakes (Gr1) ? Il s’agit de Workforce (King’s Best), en 2010. Le dernier à l’avoir tenté, l’an dernier en l’occurrence, est un adversaire qu’Hukum (Sea the Stars) connaît bien puisqu’il s’agit de Westover (Frankel). Il l’a d’ailleurs devancé au mois de juillet après un duel titanesque à Ascot. Dimanche, la mission n’est pas simple, mais pour Owen Burrows, l’atout fraîcheur va jouer en faveur de son pensionnaire : « Nous sommes pleinement satisfaits de son état. Il a couru à la fin du mois de juillet et a pu être ralenti suite à cela. Nous avons ensuite pu le reprendre afin de le préparer en vue du très grand rendez-vous qu’est l’Arc. Il a toujours montré bien courir sur la fraîcheur. L’an passé, il s’était imposé pour sa rentrée à Meydan, puis il avait remporté la Coronation Cup (Gr1) alors qu’il n’avait pas couru depuis la Sheema Classic. Cette année, pour sa grande rentrée, il a gagné les Brigadier Gerard Stakes (Gr3) [devant le Derby winner 2022, Desert Crown, ndlr]. Il sera prêt dimanche. »

On parle parfois des King George VI and Queen Elizabeth Stakes comme de l’Arc d’été. Pourtant, en 2023, les conditions n’étaient pas estivales sur Ascot et Hukum s’est imposé sur une piste good to soft – probablement un souple français. Du côté de Paris, l’été est pour le moment encore là. Pas de quoi s’inquiéter avec Hukum, tant que la piste n’est pas légère : « Un terrain bon, bon souple est parfait en ce qui le concerne. Il a gagné la Coronation Cup en bon terrain, idem pour les Brigadier Gerard. »

L’an dernier encore, même s’il était gagnant de Gr1 après son succès dans la Coronation Cup, Hukum était surtout désigné comme le grand ( et propre) frère de Baaeed, lauréat de six Grs1 de 1.600m à 2.000m. Pendant que Baaeed traçait sa route durant l’été, Hukum était en convalescence suite à une vilaine blessure à Epsom. Il est finalement revenu et, encore plus incroyable, il est revenu plus fort ! « Cette année, il est meilleur que jamais. Il avait déjà montré des progrès en 2022, avant que sa blessure contractée à Epsom ne l’oblige à être arrêté. Nous l’avons repris cette année et, quand il a recommencé à travailler, il n’a jamais montré autant d’enthousiasme. Pour une raison que je ne m’explique pas, il semble en plus avoir gagné en vitesse, comme on l’a vu dans les Brigadier Gerard sur 2.000m… » Peut-être a-t-il observé son petit frère ?

Le cheikh Hamdan Al Maktoum nous a quittés en mars 2021. Owen Burrows était son entraîneur privé. Après sa disparition, Shadwell est passé par une restructuration, vendant un nombre certain de chevaux, à l’entraînement comme à l’élevage. La disparition du cheikh a donc eu des conséquences sur l’entraîneur, qui a toutefois rapidement pu compter sur le soutien de la cheikha Hissa Al Maktoum : « Quand le cheikh Hamdan nous a quittés, c’était un moment très triste. Pour l’écurie, ce ne fut pas une période facile. Nous avons perdu un certain nombre de chevaux dans la restructuration de Shadwell. Ainsi, depuis 2022, j’entraîne pour d’autres propriétaires. Mais la cheikha Hissa m’a toujours soutenu, elle a toujours été d’une immense gentillesse et a été géniale. Quand Hukum a été opéré avec succès l’an passé, elle m’a appelé pour me dire que si la convalescence se passait bien, le cheval retournerait ensuite à l’entraînement chez moi. Cela nous a donné à tous beaucoup de courage tant Hukum est un cheval fantastique. J’espère vraiment qu’il réalisera une grande performance dimanche. »

Shadwell n’a jamais remporté l’Arc comme propriétaire. C’est en effet sous les couleurs Godolphin que Sakhee (Bahri) s’est imposé en 2001. Derrière Hukum, le miraculé qui a su renaître encore plus fort de ses cendres, il y a une dimension d’hommage et symbolique forte. Owen Burrows ne se met pas plus de pression sur le sujet puisque cette dernière est déjà là : « C’est l’Arc de Triomphe ! Évidemment, j’aimerais tellement offrir une première victoire à la casaque dans cette course incroyable, ce serait un immense honneur. Mais je ne peux pas me rajouter de pression : avoir un partant dans l’Arc offre déjà beaucoup… »

Les observateurs se grattent la tête pour savoir quelle sera la configuration de course dimanche. Owen Burrows, pour le moment, n’a pas de plan défini : « C’est encore trop tôt, nous en saurons certainement plus au tirage au sort des places à la corde. Une chose est certaine, la course sera très compétitive. Nous avons battu Westover de peu dans les King George et il avait très bien couru à Longchamp l’an passé dans un terrain trop souple. Ace Impact a le droit d’être un crack. Il a été très impressionnant jusque-là. Le seul doute concerne son aptitude à la distance et nous en saurons plus dimanche mais je ne vois pas pourquoi il ne tiendrait pas. Il y a aussi Feed the Flame et la jument japonaise Through Seven Seas, qui vient de finir proche d’Equinox. Le niveau est relevé et c’est normal : c’est l’Arc ! »