L’homme qui a redécouvert Asymmetric
Riccardo Santoliquido : algorithmes, tuyaux et Maradona
La Dritta, dans le jargon italien des courses, cela signifie le tuyau. Ladritta en un seul mot c’est aussi le nom d’un site de pronostics créé à l’époque des connexions internet effectuées avec des modems 56k par Riccardo Santoliquido, 53 ans, scénariste pour la télé de formation. Au fil des années, il est devenu un chercheur érudit dans le domaine des courses. Dimanche, à Deauville dans le Prix du Cercle (L), Asymmetric (Showcasing), de retour d’Amérique, a offert au propriétaire italien et à ses associés une victoire qui en appelle sûrement d’autres. Riccardo Santoliquido, grand supporter de l’équipe de football de Naples, n’était pas à Deauville mais il a suivi la course à la télé affublé d’un maillot dédicacé de Diego Maradona : « C’est peut-être encore un miracle signé Maradona ! J’ai eu très peu de chevaux mais voilà déjà trois ans que je ne gagnais plus une course… » S’en remettre à un miracle de Maradona, voilà qui est plutôt amusant pour un passionné qui a fait de l’étude scientifique des courses hippiques sa raison d’être. Ceci dit, le rêve, c’est avant tout la base du sport. Riccardo Santoliquido travaille sur les speed ratings depuis plus de vingt ans et il a peaufiné ses études au fil de l’évolution de cette discipline : « Je travaillais déjà sur cela à l’époque de mon premier site, que j’avais pour ainsi dire créé dans ma cuisine. Lorsque j’ai constaté que j’avais 50 visites par jour, il s’agissait déjà pour moi d’un succès. L’ouverture du marché des paris en Italie nous a boostés en très peu de temps à plus d’un million de visites par mois ! Les chiffres restent assez minuscules toutefois si on les compare à ce qui s’est passé avec les réseaux sociaux, mais c’était déjà quelque chose. Et cela m’a donné la force et l’envie de continuer… »
L’intelligence artificielle
Ladritta a beaucoup évolué. Le site a bien changé avec l’arrivée des paris sur le football et de nouveau clients : « Nous avons lancé une nouvelle version avec des pronostics sur le football basés au départ sur une étude à base d’algorithmes ainsi qu’un passage obligé avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. Le résultat est excellent : un parieur qui mise sur tous les matchs en se basant sur nos pronostics arrive à un profit de 6,8 %. En affinant encore le produit, je pense qu’on va pouvoir arriver à plus de 11 % de bénéfice. Pour les courses, c’est autre chose, nous avons conservé les pronostics gratuits pour l’amour du sport, mais à partir de septembre, nous allons lancer un site uniquement réservé aux professionnels. »
L’analyse des breeze up
Riccardo Santoliquido est un analyste de courses, mais depuis quelques années, il s’est bien impliqué dans l’étude des ventes breeze up : « Nous sommes peu dans ce segment : Blandford, Middleham Park Racing et nous. Chacun a son propre système. Nous travaillons sur un algorithme qui prend comme base le chrono brut du galop, l’accélération, le galop-out (les 200m qui suivent le galop), la force du vent qui peut changer et la fréquence des foulées. Chaque facteur compte et il est référencé. » Dans l’esprit de Riccardo Santoliquido il y a toujours le breeze de Perfect Power (Ardad) : « Il avait fait le meilleur breeze de Doncaster et, surtout, il avait galopé en diagonale, parcourant donc plus de terrain. Malheureusement, nous n’avons pas pu l’acheter. Comme j’ai dit, chacun a son système mais tout le monde n’a pas le même budget. Ce qui est intéressant de noter, c’est que les trois « groupes » que j’ai cités précédemment travaillent presque toujours sur les mêmes sujets… »
L’histoire de Shantisara
Un autre joli souvenir des breeze up est lié à Shantisara (Coulsty), achetée 10.000 Gns à la Guineas breeze up : « C’est la pouliche qui a un peu changé ma vie. C’était en 2020 et la breeze up avait eu lieu au mois de juillet. Elle avait le douzième chrono de la vente et venait d’une souche de tenue. Toutes les autres données étaient top et nous l’avons achetée pour une petite somme. Après des débuts corrects sous la férule de Daniele Zarroli, un vrai homme de cheval, on l’a courue dans un réclamer sur les 1.900m de la P.S.F. de Chantilly. Elle a gagné de cinq longueurs et quand le chrono canon a été affiché j’ai failli tomber à la renverse. C’était en même temps le meilleur et le pire moment dans ma vie hippique. J’avais compris que j’avais touché une bonne pouliche et que j’allais la perdre aussitôt. J’avais mis un bulletin de défense – à 31.000 € de mémoire – mais elle est partie à 35.555 €. Je suis tombé en dépression et j’ai même fait appel à un préparateur mental… »
Les ventes et les courses
Shantisara est devenue une gagnante de Gr1 et Riccardo Santoliquido a retrouvé la confiance : « Je travaille pour des amis comme Alessandro Botti qui m’a mis en contact avec les entraîneurs de football Carlo Ancelotti et Max Allegri mais aussi pour d’autres clients. Ghislain Bozo est également très attentif à mon travail. J’ai trouvé un segment encore peu exploré mais je reste également focalisé sur les courses. C’est avec ce mélange entre les breeze up et l’étude des courses que je suis arrivé à Asymmetric. Je regarde et j’analyse les courses autour de la planète. Je fais confiance au travail de grands spécialistes comme Bruno Barbereau et d’autres. » Parmi les chevaux qui l’ont impressionné au cours des dernières semaines, on retrouve le gagnant des Richmond Stakes (Gr2) Vandeek (Havana Grey) : « Ce n’est pas une surprise ! Lors de son breeze à Newmarket, il avait les meilleurs indicateurs et ce très largement. Il était déjà lauréat de Groupe en avril et a confirmé ». À l’inverse, le meilleur 2ans n’est pas passé aux ventes breeze up. Il s’agit de City of Troy (Justify). Riccardo Santoliquido est sans appel à son sujet : «Je n’ai pas vu un poulain comme lui depuis un certain Frankel ! »Â