LE TOUR DES HARAS
Les débuts solides d’Applewood Stud
Installé à Vieux-Pont-en-Auge à quelques kilomètres du haras de Bonneval, du haras du Hoguenet et de l’écurie des Monceaux, Philippe Brosset s’est lancé dans l’aventure de l’élevage avec Applewood Stud… L’ancien directeur du haras du Mézeray présentera pour la première fois des yearlings à la vente d’août.
Par Rose Valais
rv@jourdegalop.com
Des États-Unis au Mézeray en passant par le haras des Wertheimer
Si les enfants de Philippe Brosset sont passionnés par le monde des courses et plus particulièrement par l’élevage, lui n’était pas spécialement destiné à évoluer dans ce milieu… « Mon père était boucher charcutier et il appréciait les courses. Tous les week-ends, nous les passions sur les hippodromes de province. Nous ne rations pas une édition des Trois Glorieuses. J’ai tout de suite accroché. Je « bricolais » dans le haras d’un ami de mon père et, au lieu d’y passer quinze jours, j’y suis resté deux mois. Mes parents m’ont tout de suite soutenu. J’ai réalisé un stage à Coolmore et après l’armée, je suis parti aux États-Unis où je suis resté cinq ans. J’ai adoré, et j’y ai rencontré ma femme, Ciara O’Connor. Elle préférait revenir en Europe mais si j’avais été seul, je serais resté aux États-Unis ! Le nom de mon haras est né de cette expérience. Lorsque je suis revenu en France, j’ai travaillé six mois avec Pierre-Yves Bureau pour les Wertheimer & Frère. Ensuite, j’ai rejoint Henri Bozo au Mézeray. Et lorsque ce dernier est parti aux Monceaux, je l’ai remplacé. Je regrette un peu de ne pas avoir eu d’expérience dans l’entraînement mais je ne suis pas cavalier de nature. J’élève pour les voir courir. »
Une modernisation des lieux
Philippe Brosset et Ciara O’Connor ont créé leur structure l’an passé. À leur arrivée, 30 ha étaient disponibles sur ce site qui n’avait pas accueilli de chevaux pendant presque cinq ans. « Nous avons seulement rénové quelques boxes et la toiture de la maison et nous sommes en train de créer un espace réservé aux yearlings. 10 ha n’étaient pas développés : un barn de dix-sept boxes, un marcheur, ainsi qu’un rond de longe y sont en construction… Avant de trouver notre haras, nous avons visité une bonne vingtaine de lieux. En arrivant, j’ai remarqué et apprécié le calme et nous pouvions occuper les lieux rapidement car tout était fonctionnel. Les fondations sont bonnes, à nous de tout faire pour réussir. »
La confiance de clients prestigieux
Une quinzaine de poulinières sont présentes à Applewood Stud, les clients sont variés et leurs noms bien connus : « J’ai eu la chance d’être soutenu par des anciens clients du Mézeray lors de mon installation Dès les débuts, Serge Boucheron et Charles-Henri de Moussac nous ont confié des poulinières. Ma femme est Irlandaise mais sans vraiment l’avoir cherché, nous sommes soutenus en majorité par des Anglo-Saxons. Je suis content de cette première année. Il est important de fidéliser les propriétaires. »
Philippe Brosset présentera pour la première fois des yearlings en août et à la v.2 : « J’aborde cette première vente d’août sereinement. Concernant la préparation des poulains, ils marchent en main et sont longés tous les jours. J’aime bien alterner les différents exercices. Ils sortent également quotidiennement au paddock . C’est un peu comme les enfants, il faut leur changer les idées. J’ai ma ligne de conduite, même si nous essayons de garder le meilleur de chaque expérience. »
Un Persian King sur la souche de Stacelita
Philippe Brosset présentera un yearling lors de la vente d’août d’Arqana. Le lot 78 est un fils de l’étalon de première production Persian King (Kingman) et de Solliane (Tertullian) dont il est le deuxième produit. C’est la souche de Stacelita (Monsun), lauréate des Prix de Diane, Vermeille, Saint-Alary, Jean Romanet, des Beverly D. Stakes et des Flower Bowl Invitational Stakes (Grs1). « Jérôme Seferte est un client qui m’a rejoint lors de mes débuts. Il est éleveur de trotteurs dans la Somme et a voulu investir dans le galop. Il a acheté Solliane pleine d’Almanzor. L’année dernière, nous avons vendu sa sœur 22.000 € en octobre. Elle est plutôt tardive. Lorsque ce yearling est arrivé, je le considérais comme un poulain type pour octobre. Après deux mois de préparation, il a beaucoup évolué. C’est un grand et beau poulain. Il travaille et se déplace très bien. Désormais, il faut voir comment les premiers produits de Persian King seront jugés par le marché. »
Une belle histoire
Élevé par Philippe Brosset, le lot 450 a un profil plus précoce. C’est un fils de l’étalon de première production Golden Horde (Lethal Force) et d’Idle Tears (Selkirk) qui a déjà donné quatre gagnants : Invernata (Holy Reman Emperor) lauréate d’une épreuve outre-Manche, Padoga (Iffraaj) gagnante d’un maiden et exportée aux États-Unis, Thebah (Olympic Glory), gagnant en obstacle et troisième d’une Listed en Italie, ainsi que Majorette (Showcasing) qui a remporté un 2.400m à Compiègne. La poulinière est une sÅ“ur de Dream Ahead (Diktat) lauréat de cinq Groupes 1. « Golden Horde apporte de la vitesse. J’ai eu la chance de récupérer Idle Tears. J’ai toujours eu des petits bouts de chevaux en tant que propriétaire. Au haras, j’avais déjà une jument de la même souche et je ne l’aimais pas vraiment. Lorsqu’on m’a proposé une liste de poulinières, j’ai mis son pedigree en bas de ma liste. Un week-end, j’ai vu Dream Ahead débuter et gagner de treize longueurs. J’ai appelé mon beau-frère qui s’occupe de Pier House Stud en Irlande. Il m’a conseillé d’acheter la poulinière. Elle est grande, pas forcément très sexy, mais c’est de cette façon que je l’ai eue. Deux semaines plus tard, Dream Ahead gagnait le Morny. Depuis, nous avons toujours envoyé Idle Tears à la saillie outre-Manche. La jument a surtout produit des femelles, ce n’est que son deuxième mâle. »
Les yearlings de la vente d’août
0078 | M. | Persian King | Solliane | Tertullian |
Les yearlings de la v.2
0450 | M. | Golden Horde | Idle Tears | Selkirk |
L’aventure Annie Mc
« Le courtier Matt Coleman nous fait confiance. Je l’ai rencontré aux ventes et l’entente a eu lieu rapidement. Grâce à lui, deux poulinières sont venues en transit à Applewood Stud. Il s’agit de Farne (Strowaway) et Annie Mc (Mahler), lauréate de sept épreuves dont deux Listeds, et du Novices’ Hurdle Series Final (Gr2) sur les claies de Newbury (GB). Elles devaient aller à la saillie par No Risk At All (My Risk) avant qu’il ne se blesse, elles ont finalement rencontré Doctor Dino (Muhtathir). Applewood Stud a pu être mis en lumière grâce à un reportage du Coral Racing Club, les propriétaires d’Annie Mc qui ont voulu suivre l’installation de leur ancienne représentante et désormais poulinière en Normandie. Pour regarder le reportage : cliquez ici. »
Fin encadré