De Kingmambo à King Gold, une histoire de ruissellementÂ
La théorie du ruissellement est une hypothèse économique selon laquelle l’enrichissement des personnes les plus fortunées contribuerait à augmenter l’activité économique et l’emploi du reste de la société, davantage que si les revenus ainsi investis avaient été prélevés et redistribués via les impôts et les prélèvements sociaux. Le FMI et l’économiste Thomas Piketty, véritable coqueluche des médias français, vous diront que cette théorie ne fonctionne pas. À vous de juger. En tout cas, au galop, son impact est réel. King Gold (Anodin) a offert un premier Gr1 à la famille Wingtans et à Nicolas Caullery dans l’Arc Prix Maurice de Gheest (Gr1). Ce cheval existe (aussi) car la famille Wertheimer investit des sommes considérables depuis des décennies, ce qui se manifeste par la présence d’un étalon comme Anodin (Anabaa) en France (au haras de La Haie Neuve). De même, les “Wertheimer” sont à l’origine de Galiway (Galileo) qui fait le bonheur des éleveurs français au haras de Colleville. On lui doit par exemple Vauban, brillant lauréat des Ballyroan Stakes (Gr3). Désormais les bookmakers ont fait de lui leur favori pour la prochaine Melbourne Cup (Gr1). S’il venait à s’imposer en Australie, il serait l’un des rares chevaux capables de s’imposer au niveau Gr1 en plat et sur les obstacles sur deux continents. À leur manière, Kingmambo (Mr Prospector) et Machiavellian (Mr Prospector) – deux chevaux marquants de la casaque Niarchos – ont fait du ruissellement “à la sauce hippique”… Ainsi, le précité King Gold a pour père de mère Kingsalsa, qui est, lui, par Kingmambo.
Kingmambo, ça ruisselle
Sans être un crack, Kingmambo était un très bon cheval de course. À 2ans, il s’était classé deuxième du Prix de la Salamandre (Gr1) et en fin de saison, François Boutin avait confié que ce représentant de Stavros Niarchos avait souffert tout au long de l’année d’une “infection virale à l’Å“il”. Débarrassé de ce virus et plus étoffé physiquement, Kingmambo a signé une grande saison à 3ans, remportant la Poule d’Essai des Poulains, les St. James’s Palace Stakes et le Prix du Moulin de Longchamp (Grs1). Troisième du “Marois” de Sayyedati (Shadeed) – où il ne fut pas battu de beaucoup –, Kingmambo s’est révélé encore supérieur au haras qu’en piste. Il a donné 95 lauréats black types, soit un extraordinaire taux de réussite (10 % de ses naissances), on lui doit un très bon fils au haras avec King Kamehameha, tête de liste des pères de gagnants au Japon à deux reprises. C’est aussi le père de mère de Camelot (Montjeu). Parmi les sires plus accessibles qui ont fait le bonheur des éleveurs français ou européens, on peut citer de manière non exhaustive (outre Kingsalsa) des pères de gagnants de Gr1 comme King’s Best, Archipenko, Thewayyouare… Ces dernières années, les remarquables propres frères Baaeed (Sea the Stars) et Hukum illustrent l’excellence de Kingmambo en tant que père de mère. Dans ce rôle, il a donné 169 lauréats black types.Â
L’importance d’Hernando et de Machiavellian
En 1990, la génération en “or” des Niarchos comptait – outre Kingmambo – le bon Hernando (Niniski), lauréat des Prix du Jockey Club et Lupin (Grs1). Installé à Lanwades, il n’a pas beaucoup sailli. Mais cet étalon aux bonnes statistiques a donné six gagnants de Gr1 et ses filles ont bien produit, avec bien sûr la célèbre Alpinista (Frankel). L’héritage Niarchos a aussi tracé via Machiavellian, lauréat des Prix Morny et de la Salamandre (Grs1). Père de 79 lauréats black types – soit 9 % de ses naissances, ce qui est exceptionnel –, Machiavellian a pris un poids exceptionnel dans le stud-book moderne avec une longue série d’étalons ayant commencé à petits tarifs avant d’atteindre les sommets. C’est le père de mère de Mehmas (Acclamation), passé de 7.500 € à 60.000 € en l’espace de quatre saisons, ou encore de Dark Angel (Acclamation), dont le tarif a bondi de 7.000 € à 85.000 € entre 2011 et 2018. Shamardal (Giant’s Causeway) était lui aussi issu d’une fille de Machiavellian, et son fils Lope de Vega a donc deux fois ce “Niarchos” dans son pedigree. On fait difficilement plus influent… Enfin, Street Cry (Machiavellian) a indéniablement été un grand étalon international. Quand on parle de ruissellement !Â
Freddy Head a monté Kingmambo et Machiavellian
Au cours de sa longue carrière en tant que jockey, Freddy Head s’est mis en selle sur de grands chevaux de course. Et il garde un souvenir très précis de Kingmambo et Machiavellian : « J’ai monté Kingmambo à 2ans, puis Cash Asmussen a pris le relais. Il était assez tardif et a progressé avec l’âge. Machiavellian avait une classe folle, mais il était très délicat, et compliqué à relaxer dans un parcours. Il n’avait pas le tempérament en relation avec sa classe. Il était vraiment doué d’une vitesse formidable, et je pense qu’en valeur, il était supérieur à Kingmambo. J’adore voir Machiavellian dans un pedigree, car il transmet cette vitesse qui fait les grands chevaux. »Â