Un premier test pour les jeunes étalons

Cette année, quatre jeunes étalons à “vocation plat” ont 100 produits ou plus. C’est quatre de moins qu’en 2022. Et les sires ayant 20 produits ou plus sont au nombre de 28, soit huit de plus que l’an dernier. Il y a une explication possible à cette évolution. Elle se situe au niveau économique et provient du tarif des jeunes étalons. En 2021, neuf ont débuté à 20.000 € ou plus. C’est beaucoup d’argent et c’est trois de plus que l’année précédente. Mais ceci n’explique pas tout.

Les deux saisons de monte 2020 et 2021 ont été marquées par le Covid. En 2020, les jeunes sires ont débuté de manière normale, les saillies étant réservées depuis 2019… avant la pandémie. Douze mois plus tard, tout avait changé. Au moment des croisements, après des ventes logiquement à la baisse et malgré l’arrivée des vaccins, l’envie d’investir n’était pas au rendez-vous…

Les éleveurs se sont montrés plus sélectifs au moment de faire confiance à des étalons débutants. Le plus cher de cette catégorie reste Pinatubo (Shamardal), champion des 2ans avec un rating canon de 128. Il a débuté à 35.000 £ (40.500 €). Too Darn Hot (Dubawi), lui aussi meilleur 2ans de sa génération, a remporté un Gr1 de plus, à 3ans, les Sussex Stakes, et il a effectué ses débuts à 50.000 £ (58.000 €). Pour ce qui est du pedigree, on peut attribuer un avantage à Too Darn Hot. Ce dernier a eu 113 produits issus de sa première génération, dont 48 ont enregistré un prix moyen de 135.257 € aux ventes de yearlings 2022. Pinatubo, quant à lui, peut compter sur 99 yearlings, dont sept ont été vendus foals au prix moyen de 163.417 €. C’est plus que les premiers foals de Too Darn Hot. Cette année, dans l’attente des catalogues des ventes de mi-septembre et octobre, on répertorie neuf yearlings de Too Darn Hot à Deauville ainsi que trois à Doncaster et deux à Baden-Baden.

Deux étalons ont débuté à 20.000 € lors de leur première saison au haras d’Étreham. Lauréat de la Poule d’Essai des Poulains (Gr1), Persian King (Kingman) a remporté les Prix d’Ispahan et du Moulin de Longchamp (Grs1) avant de boucler sa saison par une troisième place dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1). Il a reçu le titre du meilleur miler dans le classement international avec un rating de 125, ex aequo avec Palace Pier (Kingman). Proposé à 30.000 €, Persian, King a donné 89 yearlings dont 16 ont affiché un prix moyen de 68.393 € sur le marché des foals. Le grand test est attendu à la vente d’août où il aura 19 yearlings, trois autres à la V2 et encore deux de plus à Baden-Baden. Soit un total de 24 yearlings sur le marché avant les ventes de Goffs, Tattersalls, Tattersalls Ireland et Arqana Octobre. Un seul étalon en compte plus. Lui aussi est stationné à Étreham. Il s’agit d’Hello Youmzain (Kodiac), qui a franchi la barre des 100 yearlings. Il est exactement à 102 produits conçus à 25.000 €. C’est un tarif mérité pour un sprinter double lauréat de Gr1. Hello Youmzain a 33 yearlings à Deauville (12 dans la V2), deux à Doncaster et un à Baden-Baden. Outre ceux-ci, il peut compter sur une première génération de 95 produits en Nouvelle-Zélande. C’est un vrai pari pour l’étalonnage français dans le créneau de la vitesse.

Un seul autre débutant – parmi les huit à 20.000 € ou plus – compte 100 yearlings. Il s’agit d’Earthlight (Shamardal) qui avait réussi le doublé de Gr1 Prix Morny & Middle Park Stakes. Sa campagne de 3ans n’a pas été si brillante que cela mais, à 20.000 €, on peut parler de tarif plus que “correct”. Earthlight a eu 30 foals vendus l’an dernier au prix moyen de 59.806 €, presque trois le prix de saillie. Le jeune sire est bien représenté dans les premières ventes de la saison avec quatre yearlings à Deauville (un dans la V2) et huit à Doncaster. 

Un des chevaux à avoir marqué la saison 2020 se nomme Ghaiyyath (Dubawi), trois fois lauréat de Gr1, avec à la clé un rating de 130. Il n’a pas été précoce et a fait ses débuts à 30.000 € avec 98 produits, dont 28 ont trouvé preneur dans les ventes de foals à 115.159 €, soit trois fois et demie le prix de sa saillie. Ghaiyyath a trois yearlings à Deauville et trois à Baden-Baden. Sottsass (Siyouni) est un gagnant du Prix du Jockey Club (Gr1), une course qui fait les étalons, et il a bouclé sa carrière en remportant le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1). Son tarif de 30.000 € était raisonnable et il a 86 yearlings dont 15 seront offerts en août à Deauville et un autre en Allemagne. Le gagnant des 2.000 Guineas (Gr1), Kameko (Kitten’s Joy), peut compter sur 81 yearlings conçus à 25.000 £ (29.000 €), dont quatre en vente à Arqana et trois à Doncaster. Mohaather (Showcasing) s’est révélé à 4ans dans les Sussex Stakes (Gr1). Il a produit 56 yearlings au tarif de 20.000 £ (23.000 €). Dix sont dans le catalogue de Doncaster et un sera présenté à Deauville.

Les 13 autres débutants français représentant un total de 694 yearlings. Les quinze jeunes sires stationnés en Angleterre et en Irlande en comptent 1.146. En tête de liste, on retrouve Sergei Prokofiev (Scat Daddy) avec 120 produits. En 2022, ce dernier aurait occupé la quatrième place, bien loin d’Inns of Court (Invincible Spirit) qui en avait 161 et était offert au même tarif : 7.500 €. Les premiers foals de Sergei Prokofiev ont enregistré un prix moyen de 32.203 € pour 52 vendus. On en retrouve 15 dans le catalogue de Doncaster. Un étalon qui, ô surprise, compte sur une première génération à trois chiffres est le français d’élevage Shaman (Shamardal) qui a connu une réussite correcte aux ventes de foals (trente vendus au prix moyen de 13.400 €) et qui aura trois de ses yearlings à Deauville, sept autres à Doncaster. D’autres jeunes étalons qui officient en France; à l’image de Romanised (Holy Roman Emperor), Wooded (Wootton Bassett) et Golden Horde (Lethal Force), sont bien présents. Ce trio-là a trouvé le soutien des éleveurs et il sera dignement représenté aux ventes de l’Hexagone. Un book fiable et qui allie quantité et qualité reste toujours la première règle afin de donner toutes ses chances à un étalon…

LES JEUNES ÉTALONS AVEC 20 YEARLINGS OU PLUS