Paddington, le nouveau géant

SANDOWN PARK (GB), SAMEDI

C’est fait ! Le français d’élevage Paddington (Siyouni) a réussi le doublé St James’s Palace – Eclipse Stakes (Grs1). Comme avant lui Giant’s Causeway (Shamardal), en 2000, lui qui fut le premier des sept gagnants de la grande course de Sandown, présenté par Aidan O’Brien. L’élève de Dayton Investments poursuit donc sa saison parfaite. Il l’a démarrée fin mars dans le Madrid Handicap. Paddington et Giant’s Causeway ont des profils bien différents, certes, mais ils ont la même classe. Les Eclipse étaient un test pour le poulain de Coolmore qui n’avait jamais couru sur 2.000m. Et il l’a réussi en prouvant que sur cette distance, la vitesse l’emporte. La course s’annonçait comme un match entre Paddington et Emily Upjohn (Sea the Stars). Et les parieurs ont choisi le jeune mâle, probablement en se fiant aux bruits peu avenants sur les galops de la pouliche. Malgré le faible nombre de partants, ce fut une vraie course. Paddington, bien parti, s’est confortablement placé derrière West Wind Blows (Teofilo) qui a assuré un train sélectif, alors qu’Emily Upjohn est sortie des boîtes en faisant des facéties (c’est son défaut). William Buick a pourtant réussi à la placer en troisième position. Paddington a déposé l’animateur à 400m du but. Et à cet instant, il allait plus facilement qu’Emily Upjohn. La pouliche n’a rien lâché, elle lui a donné du fil à retordre et elle ne s’incline d’ailleurs que d’une demi-longueur. La vitesse a fait la différence, et les deux ont mis six longueurs à West Wind Blows qui a largement mérité l’allocation du troisième.

Ryan Moore est convaincu que Paddington possède encore beaucoup de marge : « Je ne pense pas qu’on a encore vu le meilleur visage de ce poulain. Il a pris la tête assez facilement mais tout seul en pleine piste, il s’est retrouvé un peu perdu. On attendait les attaques, et quand Emily Upjohn est arrivée, il est reparti. Paddington est un poulain qui possède de la vitesse et beaucoup de classe. Nous étions confiants sur sa tenue et il a confirmé. » Aidan O’Brien veut éviter de faire courir Paddington contre Auguste Rodin (Deep Impact) : « Paddington a pris du poids après sa course à Royal Ascot et aussi de la vitesse. D’après Ryan, il a galopé librement. C’est un rêve, les propriétaires prendront la décision sur la suite de son programme, mais je pense qu’il sera raccourci dans les Sussex Stakes (Gr1). Ce n’est pas encore sûr mais c’est une option. » La cote de Paddington dans le mile de Goodwood a baissé (à égalité…).

Emily Upjohn n’a pas à rougir de sa défaite d’après John Gosden : « Le mauvais départ ne l’a pas aidée mais elle a eu toute la ligne droite pour attaquer Paddington. On a vu une très belle course, avec deux chevaux de grande classe. Elle rendait du poids au poulain et la distance était trop courte. Emily Upjohn a super bien couru. Son objectif est le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1). » D’ici le mois d’octobre, elle doit apprendre à s’élancer correctement puisque dans un lot de dix-huit partants, il est plus difficile de refaire du terrain…

Paddington a été élevé par l’écurie des Monceaux pour Dayton Investments. Il a été acheté 420.000 € à la vente d’Octobre, où il était présenté par l’écurie des Monceaux. Le bon était signé par Broadhurst Agency. Ce poulain est qualifié pour la prime. Il s’agit du deuxième lauréat des Eclipse de son père Siyouni (Pivotal) après St Mark’s Basilica. Trois autres étalons ont produit deux gagnants de la grande course de Sandown depuis le début de notre siècle : Galileo (Ulysses et Nathaniel), Dubawi (Ghaiyyath et Al Kazeem) et Cape Cross (Golden Horn et Sea the Stars). Ce dernier est le seul qui a gagné les Eclipse avec deux poulains de 3ans. La mère Modern Eagle (Montjeu) a gagné le Prix Belle de Nuit (L) et a donné le placé black type Masterpiece (Mastercraftsman). La deuxième mère Millionaia (Peintre Célèbre) s’est classée deuxième du Prix de Diane (Gr1). La troisième mère Moonlight Dance (Alysheba) a remporté le Prix Saint-Alary (Gr1), et la quatrième mère Madelia (Caro) avait réussi le coup de trois : Poule, Saint-Alary et Diane. C’est le classicisme de l’élevage Wildenstein à l’état pur…