Valentin Rapin : « Equimetre vient compléter l’œil de l’entraîneur »
Valentin Rapin est le cofondateur et le directeur général d’Arioneo, la société à l’origine de l’Equimètre. Il explique la puissance de sa solution pour optimiser le travail des chevaux.
Jour de Galop. – Quelles sont les données que peut collecter Equimètre, l’outil développé par votre société ?
Valentin Rapin. – Equimètre est un capteur qui s’installe au niveau de la sangle. Il est doté d’électrodes qui viennent au contact de la peau du cheval, brevetées scientifiquement, qui permettent non seulement de mesurer la fréquence cardiaque mais aussi d’enregistrer un électrocardiogramme. Certains vétérinaires peuvent donc l’utiliser pour détecter des anomalies cardiaques comme une fibrillation atriale. La mesure de la fréquence cardiaque est donc particulièrement fiable. Cette donnée permet d’évaluer le niveau d’effort, le fitness du cheval. Chaque individu a une fréquence cardiaque maximale qui lui est propre. Dans une zone allant jusqu’à 80 % de cette fréquence cardiaque maximale, le cheval travaille en aérobie. Au-delà , on entre dans un rythme d’entraînement anaérobie, dans lequel le cheval accumule de l’acide lactique. Equimetre permet aussi de calculer la descente de la fréquence cardiaque, ce qui donne une idée de la récupération.
Au-delà de la fréquence cardiaque, quels autres paramètres sont monitorés par Equimetre ?
Equimètre est aussi muni d’un capteur GPS qui permet de calculer la vitesse, la distance de travail, la tenue de la vitesse… Cette collecte de données et leur analyse viennent en appui du feeling et de l’observation de l’entraîneur : c’est un outil complémentaire, en aucun cas un assistant entraîneur virtuel ! Enfin, Equimètre, ce sont aussi des capteurs de mouvement, ce qui donne des informations sur l’amplitude et la cadence des foulées du cheval. On peut ainsi objectiver le processus d’accélération du cheval, et donc apporter des informations sur le profil du cheval, en matière de tenue, de précocité, etc.
La collecte des données est une chose. Leur analyse en est une autre… Comment intervient Arioneo à ce stade ?
Les données collectées via l’Equimètre sont envoyées sur notre application. Nous avons développé des algorithmes qui permettent de lire ces données. Chaque utilisateur d’Equimètre est accompagné par un data success manager, qui l’aide à lire ces tableaux. L’objectif, c’est que l’entraîneur devienne de plus en plus autonome et qu’il utilise ces données en fonction de ses besoins : un entraîneur d’obstacle n’utilisera pas les mêmes données qu’un entraîneur de plat, par exemple.
Quels sont les pays les plus en avance en matière de data pour l’entraînement des chevaux de course ?
L’Australie, de par sa culture sportive, a une longueur d’avance. C’est en Australie qu’a été fondée la société leader mondial sur le marché des données sur les performances des athlètes. Equimetre a été adopté par des entraîneurs avec de gros effectifs, comme Chris Waller et Ciaron Maher. La France est un marché moins mature, mais, depuis deux ans, on note une vraie accélération. Nous avons signé en début d’année un partenariat avec l’Association des entraîneurs au galop, dans le but d’apporter un soutien financier aux adhérents de l’association souhaitant s’équiper avec notre capteur.