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mercredi 20 novembre 2024

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Marian Ziburske : « C’est Andreas Wöhler et Eduardo Pedroza qui m’ont poussé à courir le Diane »

Marian Ziburske : « C’est Andreas Wöhler et Eduardo Pedroza qui m’ont poussé à courir le Diane »

Vous connaissez forcément sa casaque : en 2022, il a eu plus de vingt partants en France. Mais qui se cache derrière Westminster Race Horses Gmbh ? Il s’agit de Marian Ziburske, un propriétaire au parcours étonnant. Dimanche, il sera représenté par Lady Ewelina dans le Diane.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Après des débuts spectaculaires en Pologne, Lady Ewelina (Mukhadram) est passée chez Andreas Wöhler. En Allemagne, la pouliche a gagné deux courses, dont le Karin Baronin von Ullmann – Schwarzgold-Rennen (Gr3). Marian Ziburske explique : « Pour être tout à fait précis, c’est Andreas Wöhler et Eduardo Pedroza qui m’ont poussé à engager Lady Ewelina dans le Diane. Ils étaient tous les deux affirmatifs : c’est une pouliche pour Paris. D’une manière générale, je suis un propriétaire qui fait vraiment confiance à ses entraîneurs. J’ai beaucoup de respect pour Andreas Wöhler, pour son palmarès et son expérience. En 2023, il a de très bonnes lignes à la maison, surtout avec les 3ans : Habana (Kingman) vient de remporter des Guinées allemandes (Gr2) en temps record, alors que Straight (Zarak) a aussi battu un chrono record, celui de l’Union-Rennen (Gr2) qu’il a gagné de cinq longueurs. C’est le favori du Derby allemand (Gr1). L’écurie est en forme et c’est difficile de dire non à son entraîneur dans ce contexte ! Lady Ewelina a gagné son Gr3 d’une longueur seulement la dernière fois, mais pour lui, elle n’était pas au top et pas sur sa distance. Elle a beaucoup progressé et 2.100m sera parfait pour elle. Et, pour gagner ces courses, il faut d’abord les courir ! »

Son rêve français

« La France a le meilleur système de courses en Europe, même si comme partout il y a des problèmes, bien sûr. Et mes entraîneurs aiment courir dans votre pays. Dès lors, j’ai basé mes meilleures poulinières en France. Au haras de Saint-Arnoult par le passé. Désormais au haras de Beaufay. Ainsi, elles produisent des chevaux avec les primes. Je suis ravi de la manière dont l’équipe de Beaufay s’occupe de mes juments et je pense que je vais augmenter mon effectif. Mon grand rêve, en tant que propriétaire, c’est de tomber sur un cheval d’Arc. Pour l’instant, je ne l’ai pas ! C’est la plus grande course du monde, celle qui me fait le plus vibrer. »

Un espoir classique… à 3.500 Gns !

« Tomas Janda, mon courtier, avait déjà acheté sa sÅ“ur, Red Dynamite (Medicean). Et nous sommes donc allés voir Lady Ewelina aux ventes. C’était une belle yearling, mais visiblement très tardive. Nous essayons d’aller contre le marché sur ce point, mais aussi au niveau de la cote des étalons… » Lorsque la pouliche est passée en vente, son père Mukhadram (Shamardal) venait de quitter l’Angleterre pour partir en Italie. Bien qu’elle soit issue d’un bon élevage – celui de Lady Legard (d’où Somnus…) – et sÅ“ur de deux black types, le marteau est tombé à seulement 3.500 Gns. « Honnêtement, nous pensions débourser plus pour elle : entre 15.000 et 20.000 Gns. Dans ces tarifs-là, on ne fait pas forcément de visite vétérinaire. J’étais en route pour l’aéroport, avec Tomas Janda au téléphone car il était dans la salle des ventes. Mais 3.500 Gns, c’était une somme si faible que nous étions abasourdis. Cela paraissait improbable. Nous nous sommes dit : il faut la faire voir par un véto car nous avons forcément loupé quelque chose. Et pourtant, elle n’a rien de particulier si ce n’est qu’elle est belle et bonne ! C’est une forte et superbe surprise d’avoir un espoir classique pour un si petit prix. Quelle chance ! » De son côté Tomas Janda ajoute : « Avec le recul, je pense qu’elle a coûté si peu cher du fait de l’étalon qui n’était pas à la mode. Et elle était clairement tardive. Vu le modèle et la famille, c’était un pari raisonnable lors du book 3. Marian Ziburske a tout gagné dans les pays d’Europe Centrale, mais avec Lady Ewelina, c’est autre chose. Il a une pouliche pour les belles courses d’Europe de l’Ouest. Dans le même temps, Marian Ziburske améliore constamment la qualité de sa jumenterie, tant sur les performances que dans les pedigrees. »

Cinquante chevaux à l’entraînement

Marian Ziburske est allemand mais il habite en Pologne. Il a beaucoup investi dans l’immobilier dans les pays limitrophes : « J’ai environ cinquante chevaux à l’entraînement dont la très grande majorité dans les pays de l’Est. Au départ, j’ai confié Lady Ewelina à Maciej Janikowski. C’est lui qui a formé Va Bank (Archipenko). » Bien que né en Irlande, Va Bank a vite été adopté par les Polonais et il a même été surnommé “The Polish Frankel”. Après avoir remporté ses douze premières sorties (dont un Gr3 à Baden-Baden), il a été acquis en partie par Team Valor et transféré chez Andreas Wohler. Troisième du Grosse Dalmayr Preis (Gr1), il a remporté le Premio Roma (Gr2) malgré des problèmes de santé. Barry Irwin a toujours expliqué qu’on n’avait jamais vu l’étendue du potentiel de ce cheval. Marian Ziburske poursuit : « L’histoire de Va Bank est inspirante. Son formateur, Maciej Janikowski, est octogénaire et il a gagné le Derby polonais quinze fois. Quand Lady Ewelina a survolé son maiden, j’ai décidé de la confier à Andreas Wöhler qui avait si bien réussi avec Va Bank. Tous les ans, nous avons une vingtaine de yearlings : environ dix de notre élevage et dix autres achetés en vente publique. Au niveau du prix des saillies, nous essayons de rester en deçà des 20.000 € avec quelques exceptions pour des sires comme Soldier Hollow (In the Wings). La force des entraîneurs des pays de l’Est, c’est qu’ils ont beaucoup de personnel. Ce sont des hommes de chevaux aussi. Et le prix des pensions est vraiment accessible, cela permet d’être vraiment patient avec les jeunes sujets. En République tchèque, la pension est à 700 € par mois, en Pologne 500 € et en Slovaquie 350 €. À ce tarif, ce n’est pas un drame si vous ne courez pas à 2ans… »

Un engagement fort pour le sport hippique

« La moitié de mes chevaux portent un nom composé avec celui de mon entreprise “Westminster”. Et l’autre est nommée en référence à des partenaires commerciaux ou des employés. Par exemple, Lady Ewelina a un nom qui fait référence à l’épouse d’un de membres de mon équipe. C’est une question d’identification. Les courses et l’élevage, c’est une grande passion. Par exemple, nous sponsorisons le Grosser Preis von Berlin (Gr1) en Allemagne. Et l’ensemble des épreuves classiques de Pologne, ainsi que les Oaks slovaques et de bonnes courses en Hongrie et République tchèque. » Marian Ziburske est par ailleurs le sponsor de l’équipe du Canada, gagnant de la finale de la Coupe du monde de Hockey sur glace, mais aussi de l’équipe allemande. Il est aussi actif dans le football et les sports motorisés : « Aller aux courses, c’est une bonne manière de rencontrer du monde et de faire du “réseautage”. Lors des réunions que je sponsorise à Varsovie, j’invite gratuitement les élèves de l’école française et de l’école anglaise, ainsi que leurs familles. J’aime voir du monde et des enfants passer du bon temps sur l’hippodrome. Le champ de courses doit proposer des zones et de la restauration pour chaque public : les enfants, les fêtards, les végétariens… tout le monde doit être le bienvenu. Quand vous invitez des clients au stade, ils ne restent que deux heures et ils viennent seul. Aux courses, ils sont là toute la journée… et viennent en famille. Cela donne une tout autre dimension aux liens que vous tissez avec eux. J’ai commencé en tant que sponsor dans les courses il y a vingt ans à Berlin. Le propriétariat et l’élevage sont arrivés plus tard. J’essaye de faire mon possible pour que l’allocation des bonnes courses progresse. Le Derby polonais était à 35.000 € contre 75.000 € désormais. Forcément, on est loin de l’allocation du Prix du Jockey Club.  »

Ça bouge à l’Est

Une des grandes victoires de Marian Ziburske est d’avoir réussi à porter l’allocation du Wielka Warszawska, l’Arc Polonais, à 100.000 €. Et la course a obtenu le statut de Listed, une première dans l’histoire des courses du pays : « En ce moment, les dix meilleurs polonais et les dix meilleurs tchèques ont le niveau pour décrocher du black type en France ou en Allemagne. Vous connaissez bien des chevaux comme Nagano Gold (Sixties Icon) ou Subway Dancer (Shamardal) qui ont brillé au niveau Groupe en Angleterre. Même les Slovaques sont capables de gagner une Listed en France, regardez Opasan (French Navy) ! Les pays de l’Est représentent un véritable marché pour les éleveurs français car l’élevage local n’a pas la quantité et la qualité non plus. » Lui-même ne manque pas d’espoir avec les 3ans : « Je pense que Westminster Moon (Sea the Moon) est mon autre bon 3ans. L’entraîneur le voit aussi bon que Lady Ewelina. Après le Derby local, il ira certainement chez Andreas Wöhler. Je crois aussi au “FR” Manwhataman (Manduro). » Marian Ziburske a acheté deux étalons : Shakeel (Dalakhani), gagnant du Grand Prix de Paris (Gr1) et Amico Fritz (Fasliyev) qui a brièvement fait la monte en France : « Pour Amico Fritz, c’est par amitié pour le stud manager du Gestüt Harzburg qui m’a demandé d’en prendre soin sur son lit de mort. Mais il a tout de même donné un gagnant classique dans les pays de l’Est… »

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