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mardi 19 novembre 2024

JC

MATCH 1

ACE IMPACT VS AUGUSTE RODIN

Pour nous, Ace Impact est meilleur qu’Auguste Rodin… D’ailleurs – faut-il y voir un signe (en faveur d’Ace) ? –, l’anglais Timeform ne départage pas les deux derby winners à 125p (le “p” signifie que le cheval a encore une marge de progression).

Le premier à dégainer a été le handicapeur irlandais. Il a accordé un 123 à Auguste Rodin (Deep Impact) pour sa victoire à Epsom. Demain, mardi, France Galop l’imitera en dévoilant le rating accordé à Ace Impact (Cracksman) dans le Qatar Prix du Jockey Club (Gr1). Et jeudi, les handicapeurs internationaux harmoniseront les approches locales, pour situer les deux chevaux au sein de la liste des meilleurs chevaux du monde de la Fédération internationale. Nous faisons le pari que les deux y cohabiteront, à 123.

Un Jockey Club sélectif…

Alors pourquoi écrire d’entrée que nous préférons Ace Impact ? D’abord parce que l’impression visuelle est saisissante et pleinement confirmée par le chrono (record) : 2’02’’63. Ace Impact ne bat pas le record d’écart à l’arrivée dans le Jockey Club, détenu par Vadeni (K) (Churchill) – cinq longueurs l’an passé. En revanche, il fait mieux que le précédent recordman de longueurs à l’arrivée : Lope de Vega (K) (Shamardal) – trois longueurs.

Les temps partiels d’Ace Impact sont canon. On dit que le rythme élevé avantage les attentistes. Mais ce n’est pas aussi aussi facile que cela, comme le Jockey Club 2023 l’a montré : Big Rock (Rock of Gibraltar), à l’aise dans son rythme de croisière très élevé, a mis tout le monde dans le rouge… sauf Ace Impact, dont la performance est donc rehaussée par la deuxième place de Big Rock. Le protégé de Christopher Head se présentait en valeur 52,5 (rating 116), ce qui le positionnait déjà comme un poulain de Gr1. Or Ace Impact l’a laissé sur place pour finir. Big Rock était certainement au bout du bout de son effort, c’est vrai, mais les foulées déployées par Ace Impact (et ses derniers 200m en 11’’39) sont marquantes : elles ne sont pas loin de nous rappeler celles de son père, Cracksman (Frankel), même si Ace Impact est moins “brutal” dans son mouvement.

Big Rock a été battu mais, s’il avait gagné, il aurait certainement été considéré comme un grand gagnant de Jockey Club – bien que probablement limité en distance. Le tracking indique un chrono total de 2’03’’11 pour le pensionnaire de Christopher Head. Cela veut dire qu’au chrono brut, seuls deux poulains ont fait mieux que Big Rock dans le Jockey Club 2.100m : Ace Impact et Sottsass. Si l’on s’en tient au temps global, cela signifie que Big Rock aurait pu gagner tous les Jockey Club – sauf celui de cette année et celui de Sottsass.

Un Derby qui n’a pas roulé

Et Auguste Rodin ? Jean-Claude Rouget a comparé les deux Derby en soulignant que, dans les deux cas, un cheval avait course gagnée à mi-ligne droite et avait finalement été rattrapé. La comparaison s’arrête ici. Il y a eu un train d’enfer dans le Jockey Club, ce qui n’a pas été le cas pour le Derby d’Epsom – comme souvent, malgré la présence de leaders. Le parcours d’Epsom est une montagne russe, avec deux principaux juges de paix : Tattenham Corner et les derniers mètres en montée après une longue descente.

Que dit le tracking déployé à Epsom ? Qu’Auguste Rodin a tracé 600 derniers mètres fulgurants en 33’’01, là où Ace Impact l’a fait en 34’’01. Mais quelle importance ? Tout est différent. Dénivelé, tracé, rythme, distance…

Auguste Rodin s’impose d’une demi-longueur dans le Derby. On dit parfois qu’un gagnant de Derby qui s’impose de peu est un mauvais gagnant mais c’est idiot. Surtout lorsque le duo de tête laisse le troisième, White Birch (Ulysses), à quatre longueurs trois quarts.

En restant dans les données purement objectives, Auguste Rodin bat King of Steel (Kingman) pris en rating… 101 ! Encore une fois, le tracé d’Epsom est trompeur : certains y font des sous-valeurs, d’autres des survaleurs. Une chose est sûre : si tout le monde applaudit la performance d’entraînement réalisée par Aidan O’Brien, le niveau du Derby 2023 fait débat – même si King of Steel a le droit d’être bon !

Et puis il y a le style. Une puissante accélération (magnifiée par la caméra de côté) et la manière dont il a passé Tattenham Corner – avec une légèreté et une grâce de danseur que n’aurait pas reniées son illustre père, Deep Impact.

Des parcours opposés

Ace Impact se présentait invaincu au départ du Jockey Club, après avoir débuté au mois de janvier. Nous ne connaissions pas ses limites et nous ne les cernons toujours pas. Le cas d’Auguste Rodin est très différent. Quand Ace Impact faisait encore son poil en pleine canicule aoûtienne, Auguste Rodin comptait déjà deux sorties et deux victoires. Il a conclu son année de 2ans par une victoire dans le Vertem Futurity Trophy (Gr1), en étant invaincu, et un rating de 118 ! À 3ans, le souci est que nous n’avons rien vu dans les 2.000 Guinées pour sa rentrée, et sa performance dans le Derby est difficile à analyser. Un gagnant de classique doit confirmer ensuite face aux chevaux d’âge. À ce stade, Ace Impact semble offrir plus de garanties qu’Auguste Rodin. Mais comme l’a dit Jean-Claude Rouget, tout est une question de marge de progression avec les chevaux, surtout avec les 3ans…

MATCH 2

ACE IMPACT VS LES “JC” DE ROUGET

Si vous voulez agacer Jean-Claude Rouget, il y a une méthode simple : demandez-lui qui est son gagnant de Jockey Club préféré, entre Le Havre, Almanzor, Brametot, Sottsass, Vadeni et Ace Impact ! Pour nous, c’est Ace Impact.

Jean-Claude Rouget, après la course, a commenté : « Quand Sottsass a couru le Jockey Club, je n’y croyais pas en raison du terrain et il nous avait estomaqués ; comme Ace Impact aujourd’hui ! » Sottsass est peut-être celui qui a le plus de points communs avec Ace Impact : il s’est imposé avec un record de la course à la clé et, comme Ace Impact, est passé par le Prix de Suresnes. Il est peut-être plus difficile de le comparer à un Brametot (K) (Rajsaman), qui avait déjà montré toute sa classe en remportant la Poule d’Essai des Poulains, ou même à Le Havre (Noverre), qui avait été deuxième de la Poule. Ace Impact avait plus de “preuves” à faire dimanche, et son entraîneur n’en revenait pas de le voir s’imposer de cette manière… Un peu comme Sottsass à l’époque qui, un an et demi plus tard, deviendra un gagnant d’Arc.

Notons que les précédents lauréats de l’entraîneur avaient tous couru à 2ans et, sauf Sottsass, tous avaient tenté leur chance au niveau dès leur plus jeune âge.

Une question de marge

Si l’on part du principe qu’Ace Impact aura un rating de 123 dans le Jockey Club, cela le place sur la lignée de Vadeni, gagnant ensuite des Eclipse Stakes (Gr1) puis troisième des Irish Champion Stakes et deuxième du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Grs1). Sottsass avait obtenu un (excellent) 121, Brametot était à 118, Le Havre à 120… Et il y a le cas d’Almanzor. Les handicapeurs lui avaient attribué un “petit” 116. Nous connaissons la suite, avec un doublé de Champion Stakes entre l’Irlande et l’Angleterre ! Le classique sacre le leader de sa génération et Jean-Claude Rouget le sait bien. Il s’agit, ensuite, d’une question de marge de progression. Sur ce qu’a fait Ace Impact dimanche pour seulement sa quatrième sortie et son premier test au plus haut niveau, il y a des raisons d’avoir de beaux espoirs.

MATCH 3

ACE IMPACT VS LES GAGNANTS DE JOCKEY CLUB

S’il obtient un rating de 123 sur sa performance de dimanche, Ace Impact sera considéré comme l’un des meilleurs gagnants du Jockey Club sur 2.100m. À égalité avec Vadeni, mais derrière Shamardal, jugé en 125, et Lope de Vega qui avait obtenu un 124.

Chaque cheval à sa façon de faire, chaque personne à ses préférences. Certains préfèrent par exemple Sea the Stars à Frankel, pour sa façon de courir, son accélération tranchante – là où le crack de Juddmonte était un rouleau compresseur capable de faire exploser un peloton. Les ratings sont une donnée objective pour étalonner les chevaux qui ne se sont jamais affrontés. Mais, comme dirait André Fabre, on ne compare pas ses amis…

Beaucoup d’observateurs ont été stupéfaits par la performance d’Ace Impact dans le Jockey Club 2023 : Big Rock avait en effet “course gagnée” dans le rond de présentation (quelle sérénité !), dans le chemin vers le départ, à la sortie des boîtes, dans le parcours… et jusqu’à mi-ligne droite. Mais le Jockey Club (nouvelle version) est rempli de grandes performances. Pensons à Lope de Vega : au rond, personne n’aurait misé un centime sur lui tant il était “en eau”. Bouillant derrière les stalles, il devait de plus s’élancer de la stalle 20. Mission impossible. Mais sa classe était telle qu’il a tourné autour des autres, ne leur laissant que les miettes.

Et Shamardal (Giant’s Causeway) ? Taille patron ! Devant et seul au monde jusqu’au bout, alors que Hurricane Run (Montjeu) finissait en boulet de canon pour venir échouer d’une encolure.

D’autres se sont imposés au terme d’une ligne droite exceptionnelle. On se souvient de New Bay (Dubawi) et de son attitude déterminée pour aller chercher Highland Reel (Galileo). Belle revanche pour celui qui avait été si malheureux dans la Poule d’Essai, avec un numéro à la corde épouvantable, tout comme Intello (K) (Galileo)…

Brametot appartient à la caste de ceux capables de remonter tout le peloton pour finir. Sa victoire était si particulière, alors que la rhinopneumonie à forme nerveuse faisait des ravages dans l’écurie de Jean-Claude Rouget. St Mark’s Basilica (Siyouni) avait plié l’affaire en trois foulées, Mishriff (Make Believe), avec son port de tête particulier, The Grey Gastby (Mastercraftsman), le gris aux chaussettes blanches, Saônois (Chichicastenango), le “cheval du boulanger”, Vision d’État (Chichicastenango), avec une casaque plus connue du côté d’Auteuil, premier lauréat du Jockey Club sur 2.100m en étant invaincu. Comme Reliable Man et, désormais, comme Ace Impact.

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