Javanaise se révèle

À 3ans, l’entourage de Javanaise (Free Port Lux) lui a donné des parcours école, la pouliche prenant des places dans de bons lots, à l’issue de fins de courses prometteuses. Cette année, la représentante de Paul Couderc et Patrick Joubert a fait de la croissance, et après une cinquième place dans un handicap sur les haies d’Auteuil, son entourage l’a respectée. Un peu ronde, Javanaise manquait d’une course mais elle a signé sa première victoire à Auteuil dans le Prix Christian de Trédern (Gr3). Excusez du peu ! Son jockey, Johnny Charron, a monté une course dont il a le secret, patientant longtemps dans la seconde moitié du peloton. C’est entre les deux dernières haies que Javanaise s’est enfin annoncée, s’assurant l’avantage dans les 100 derniers mètres pour l’emporter devant Impulse Précieuse (Balko), et ce à la cote de 20/1. Une cote un peu élevée qui aurait pu être nettement plus basse jugée sur ce que la pouliche avait réalisé à 3ans. 

C’est une deuxième victoire dans ce Prix Christian de Tredern pour Isabelle Gallorini, mentor de Javanaise, et ce deux ans après le succès de Belle Promesse (Fuissé), qui lui offrait alors un premier succès de Groupe. La professionnelle basée à Royan a réalisé un superbe travail, façonnant littéralement sa pensionnaire, laquelle possède une belle marge de progression. Elle nous a expliqué : « Aujourd’hui, c’était un pari. Javanaise est une pouliche très tardive, une AQPS de 4ans, qui affrontait les bonnes juments. Je voulais préparer autre chose et j’ai hésité jusqu’au dernier moment avec le Prix Daniel Lescalle. Finalement, nous avons décidé de tenter ce Gr3. La pouliche manquait d’une course, étant un peu grosse. Mais je n’avais pas vraiment le choix car elle a fait pas mal de croissance plus tôt dans la saison. Il fallait la respecter. Aujourd’hui, elle montre un beau finish et possède de la marge. Cela fait plaisir de remporter une nouvelle fois ce Gr3. Javanaise est une nageuse, donc elle sera mieux à l’automne. C’est une bonne famille. Son frère Kandalius (Pastorius) a débuté au Lion d’Angers en se montrant très, très immature. Il a fini deuxième mais on le reverra avec le gagnant plus tard à l’automne. Javanaise est une bonne jument qui n’est pas à 100 %. Maintenant, nous verrons la suite à l’automne, chaque chose en son temps. Le contrat est rempli. Elle a vraiment fait quelque chose. Je me disais que si nous étions troisièmes, ce serait magnifique, vu qu’elle manquait d’une course. Elle avait eu de bons parcours à 3ans, suivant ma philosophie de travail. »

On connaît Impulse Précieuse. Une jument bouillante, mais pétrie de qualité, qui attend durant le premier tour avant de “lâcher la vapeur” en face. Une fois encore, la jument de Mireille Desvaux a attendu parmi les dernières, en étant allante, avant de progresser vivement en face. Elle s’est assuré les commandes avant le tournant final, faisant longuement illusion ensuite. Bien qu’elle ait penché sur sa gauche dans la ligne droite, elle n’a été battue qu’à la fin, confirmant néanmoins sa victoire dans le Prix d’Arles (L). Son entraîneur, Mireille Desvaux, nous a expliqué : « Impulse réalise encore une superbe course. Il n’y a pas eu assez de rythme, donc elle a été obligée de subir et de partir plus tôt au risque de la contrarier. Elle rendait trois kilos à la lauréate et, en plus, je pense qu’Alban [Desvaux, son jockey, ndlr] s’est fait une fracture à un doigt. Il n’a pas pu pousser comme il le voulait et, comme Impulse Précieuse est partie à droite, il ne pouvait plus la ramener. C’est tout à son honneur car travailler dans ces conditions… Je tire mon chapeau aux jockeys d’obstacle et, bien sûr, à Alban. Pour moi, cette deuxième place vaut un gagnant. Ce n’est que partie remise. Aujourd’hui, c’est du bonus car après sa dernière course, nous pensions la mettre en vacances. Mais elle avait tellement bien récupéré qu’au moment de la faire décompresser, nous nous sommes dit qu’il fallait simplement la ramener aux courses. Cette fois, en revanche, c’est certain, elle part en vacances ! »

Petite jument très dure et courageuse, Mandurose (Manduro) a elle aussi attendu son heure avant de terminer vite pour conclure troisième devant Montabella (Montmartre) et Flash Davier (Doctor Dino). Mentor de la pouliche de Dominique Le Breton et Jean Michel, Donatien Sourdeau de Beauregard nous a appris : « La jument a très bien tenu son rang car nous possédions la cinquième ou sixième chance. Nous étions d’ailleurs abandonnés au betting. La jument a un gros cÅ“ur. Elle ne fait pas 400 kilos mais elle se donne. Nous courions pour une petite place, donc nous sommes ravis. Elle est très généreuse, elle fait les haies, le steeple et va partout. Elle est vraiment étonnante. Elle commence à être barrée, mais cette fois encore, elle bat de bonnes femelles. »

Il faudra maintenant voir si tout ce petit monde rentre bien avant de penser à l’automne car il faisait très chaud. Plusieurs professionnels nous ont d’ailleurs dit qu’ils auraient souhaité courir plus tôt, sans succès…

L’étalon basé au haras de Vains Free Port Lux (Oasis Dream) a signé sa première victoire de Groupe avec Javanaise, lui qui avait notamment produit Itours Brun, troisième notamment du haras d’Étreham-Prix Magalen Bryant-Prix Bournosienne (Gr2) et Jourdefête, troisième du Juvenile Hurdle (Gr3).

Élevée par ses propriétaires, Javanaise est une fille de Candaline (Martaline), également élevée par l’écurie Joubert et l’écurie Couderc. Candaline a gagné le Grand Steeple-Chase de Lyon (L) et, au cours de la totalité de sa carrière, six courses, en haies et en steeple. Javanaise est son premier produit. La poulinière a un 3ans, Kandalius (Pastorius), à l’entraînement chez Isabelle Gallorini et deuxième en plat au Lion-d’Angers pour ses débuts, ainsi qu’une yearling par Born to Sea.

Candaline est une sÅ“ur de Vitorio des Champs (Robin des Champs), troisième du Grand Steeple-Chase Alain du Breil – Prix Kauto Star (L, steeple) à Craon. Javanaise descend de Mirande (Tiaia), gagnante du Prix Violon II. Cette famille AQPS a été fabriquée par l’élevage Parreau-Delhote à partir d’une souche anglo-arabe.