Elusive Princess ou l’amour des Roth pour les pouliches
Les Roth sont des propriétaires américains assez atypiques. Pas issus du sérail, ils ont créé en quelques années l’une des écuries les plus en vue outre-Atlantique, LNJ Foxwoods. Dans leurs achats, ils ont beaucoup misé sur les pouliches… comme Elusive Princess !
Par Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
Parmi les gens capables d’acheter un cheval de Gr1 à l’entraînement, il y a peu d’Européens – voire aucun. Malgré tous ses problèmes, le galop américain a par contre une grande force : ses propriétaires. Pour une très bonne pouliche, le nombre de prospects pouvant vous l’acheter pour tout ou partie n’est pas infini. Aux États-Unis, c’est notamment le cas de Peter Brant, des syndicats montés par Sol Kumin ou encore de LNJ Foxwoods. Et c’est effectivemment Larry, Nancy et Jaime Roth – leurs initiales formant le “LNJ” – qui ont acquis 50 % d’Elusive Princess (Martinborough), laquelle appartenait jusqu’alors en totalité à son entraîneur et éleveur Jean-Philippe Dubois. Assurément, Elusive Princess aura un grand avenir aux États-Unis – où les allocations sont colossales – si son entourage se laisse tenter par l’aventure américaine. Mais pour l’instant, celle qui a débuté par une quatrième place à 2ans dans un maiden à Dieppe va prendre la direction du Diane. Elle a très bien couru dans le Prix Cléopatre (Gr3), terminant deuxième après une ligne droite assez spectaculaire. Et elle s’est classée deuxième du Prix Saint Alary (Gr1) derrière Jannah Rose (Frankel) qui semble toute bonne et fait partie des trois favorites de dimanche.Â
Tout a commencé avec Rachel Alexandra
Jaime Roth et ses parents sont propriétaires depuis le début des années 2010. Soit les dernières années de compétition de la championne Rachel Alexandra (Medaglia d’Oro). Et ce n’est pas un hasard, comme Jaime Roth l’a expliqué à plusieurs reprises : « J’ai pratiqué le sport face aux garcons. Et voir Rachel Alexandra battre les poulains, c’était pour moi une image très forte. Progressivement, je suis devenue obsédée par cette pouliche. J’adore le sport en général et j’ai commencé à suivre les courses à la télévision. » Larry Roth, qui sera présent à Chantilly dimanche, était l’un des dirigeants de Marchon, l’un des plus grands fabricants et distributeurs mondiaux de lunettes. En 2021, sa fille Jaime a rencontré Alex Solis et ce dernier lui a dit : « S’il vous plaît, ne me dites pas que vous voulez que je vous achète un gagnant de Derby ! » Pourtant en 2019, Country House (Lookin At Lucky) – dont les Roth possédaient une part – a gagné la grande course de Churchill Downs… Mais en 2012, le jeune courtier a proposé de miser sur les pouliches. Bonne pioche quand on a face à soi la plus grande fan de Rachel Alexandra… Trois ans plus tard, LNJ Foxwoods avait cinquante chevaux. De l’Australie à l’Europe, en passant bien sûr par les États-Unis, la chasse aux pouliches et juments était lancée. La meilleure de toutes, c’est Covfefe (Into Mischief) dont le nom fait référence à une bourde de Donald Trump sur Twitter. Nommer un cheval avec un nom provocateur, cela n’est pas toujours payant. Mais dans ce cas – et c’est toute la beauté du geste – il s’agit d’un coup de maître car elle a remporté la Breeders’ Cup Filly and Mare Sprint (Gr1). Covfefe a gagné deux Eclipse Awards : meilleure 3ans et meilleure femelle sur le sprint.Â
Éleveur vendeur en FranceÂ
En 2018 Jaime Roth confiait à Americasbestracing : « Ma meilleure expérience aux courses fut d’être à Deauville pour la victoire de notre Golden Valentine (Dalakhani) dans le Prix Minerve (Gr3). Je ne peux pas mettre de mots sur ce que cette victoire signifiait pour LNJ Foxwoods. Se retrouver au milieu de l’élite des courses et gagner avec un cheval dont on est l’éleveur… c’était tout simplement extraordinaire. » Aujourd’hui, Golden Valentine est à l’écurie des Monceaux où elle a donné Ancient Wisdom (Dubawi) acheté par Godolphin pour deux millions d’euros en août dernier à Deauville. Il a gagné son maiden de manière très spectaculaire il y a quelques jours en Angleterre. Les Roth ont acheté la deuxième mère, Gold Round (Caerleon), lauréate du Prix Cléopâtre (Gr3), pour 520.000 € dans lot de Wertheimer & Frère lors d’une vente de décembre à Deauville.