Charly Prichard : « J’ai gagné un Gr2, pourquoi pas un Gr1 maintenant ? »
C’est l’histoire d’une Galloise. Guidée par sa passion, elle a rejoint la France pour passer un été à Royan chez Guillaume Macaire, comme James Reveley avant elle. Moins de dix ans après son arrivée dans l’Hexagone, elle a remporté son premier Groupe français dans le Prix des Drags (Gr2), samedi à Auteuil, avec Motu Fareone (Getaway). Son nom ? Charlotte Prichard, dit Charly. Quarante-huit heures après, elle est revenue pour nous sur ce succès mais aussi sur sa trajectoire dans le monde des courses.
Une fierté
« C’est une fierté d’avoir enfin remporté mon premier Groupe en France ! Évidemment, j’avais déjà gagné à ce niveau en Italie, mais ce ne sont pas les mêmes chevaux, ni le même niveau. De plus, pouvoir s’imposer pour David [Cottin, ndlr], qui m’a beaucoup aidée lors de mes débuts français, cela m’a fait grandement plaisir. David a monté sur tous les hippodromes, il les connaît par cœur et peut donc nous donner des indications sur la façon de monter. Il m’a incitée à laisser un peu plus faire les chevaux sur les obstacles, à être plus souple afin que les chevaux soient plus libres. »
Le parcours “classique” anglais
« J’ai toujours été passionnée par l’équitation, les chevaux, les courses… J’ai monté des courses de poneys, tout en faisant du concours complet, du hunter, de la chasse. Dès que j’ai eu 16 ans, j’ai commencé à monter dans les point-to-points. J’étais amateur jusqu’en 2019, passant alors professionnelle en France. Mon père a toujours eu un ou deux chevaux de point-to-point à la maison, juste pour le plaisir. Heureusement d’ailleurs qu’il avait ces chevaux, sinon cela aurait été très difficile de monter pour moi. La concurrence chez les amateurs en Angleterre est rude. Chez nous, ils ont le droit de travailler dans les écuries. Ce sont des gens qui sont tous les jours à cheval et il y a beaucoup d’opposition. »
Guillaume Macaire, la première étape
« Mon frère, David, était jeune jockey chez Paul Nicholls. Il a passé un été chez Guillaume Macaire. Ça lui a beaucoup plu et c’est pourquoi j’ai toujours eu dans l’idée de venir à Royan un jour. Je m’y suis tout de suite plu. J’aimais beaucoup le travail et la façon de faire. Guillaume Macaire ne m’a pas fait changer beaucoup de choses dans ma monte. C’est juste une autre façon d’appréhender les chevaux. En France, il y a aussi le fait que l’on accorde plus d’importance au travail sur les obstacles qu’en Angleterre où les chevaux sautent rarement. Guillaume Macaire m’a fait monter les belles courses pour amateurs. Une fois passée professionnelle, il m’apportait encore des montes et des gagnants. Ça se passait très bien. Nous nous sommes séparés en excellents termes et j’ai d’ailleurs remonté pour lui ensuite, ce qui m’a fait très plaisir. J’ai énormément de respect pour lui et Hector [de Lageneste, ndlr]. »
Free lance avec une priorité pour François Nicolle
« Je sentais que je stagnais un peu et je devais changer de routine. Il fallait que je voie autre chose. Je suis passée free-lance, mais je monte pour François Nicolle presque tous les matins. Parallèlement, j’ai cette liberté qui me permet d’aller travailler les chevaux à Paris ou en meeting, à Pau par exemple. Chez François Nicolle, le travail du matin est différent. On travaille un peu plus la vitesse et on peut monter différemment les chevaux. Pour François Nicolle, j’ai gagné le Grand Steeple d’Angers (L) avec Magrudy (K) (Doctor Dino), alors que je rentrais d’arrêt. C’était ma première victoire black type en France et elle m’a fait comprendre que je n’étais pas partie de l’écurie Macaire/Lageneste pour rien. Mon objectif était de monter plus de chevaux de qualité et j’ai pu commencer à l’atteindre. »
Objectif Gr1Â !
« J’ai gagné un Gr2, donc pourquoi pas un Gr1 maintenant ? Voire même être sur le podium dans la course à la Cravache d’or, même si cela ne va pas être facile. Dans le futur, pourquoi pas ? La Cravache d’or féminine [qu’elle a remportée en 2020, ndlr], je ne pense pas que ce soit réellement un objectif. C’est une compétition à part. Nous voulons être en compétition avec les hommes et les battre. Lorsque je pense aux grands jockeys, ce sont ceux qui montent les belles courses. La Cravache d’or féminine ne suffit pas à faire partie des meilleurs jockeys. Il faut gagner de belles épreuves, avoir des professionnels qui vous font confiance en vous donnant les meilleurs chevaux. Je pense que c’est cela qui marque une carrière plus que le fait d’avoir gagné de nombreuses courses. »
Nathalie Desoutter, l’exemple à suivre
« Évidemment, Nathalie serait la voie à suivre. Elle était capable d’aller en province et de s’adapter tout en pouvant gagner des courses à Auteuil. Nathalie est un phénomène. J’ai commencé un peu tard pour atteindre les mêmes chiffres qu’elle. Prendre sa relève ? Je ne pense pas. Mais je veux donner le meilleur de moi-même et remporter de belles courses. »