Barbara Moser, deux podiums classiques en une semaine !
Quel printemps pour le haras du Long Champ. Après Light Infantry et Ace Impact, c’est au tour de Maylin de mettre en avant le travail de Barbara Moser et William Thareau.
Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
C’est une période de forme assez extraordinaire. Ace Impact (Cracksman), brillant lauréat du Prix du Jockey Club (Gr1), et Maylin (Footstepsinthesand), troisième des Oaks d’Italie (Gr2) dimanche soir, sont deux élèves de l’allemande Waltraut Spanner. Ces deux chevaux ont été élevés en Normandie, au haras du Long Champ, par Barbara Moser et William Thareau. Un bonheur ne venant jamais seul, Light Infantry (Fast Company) s’est classé deuxième du Prix d’Ispahan (Gr1), lui qui a déjà décroché le premier accessit des Prix Jean Prat et Jacques Le Marois (Grs1).
Lights on Me, un achat très inspiré
La mère de Light Infantry, Lights on Me (Kyllachy) n’a coûté que 7.500 Gns lorsqu’elle était yearling, chez Tattersalls. Barbara Moser explique : « J’ai acheté Lights on Me fin 2014, à l’amiable, après sa carrière de course, fin 2014. D’abord parce que j’aime bien cette famille, mais aussi pour son père, Kyllachy (Pivotal). En compétition, elle était courageuse. » La pouliche avait bien gagné son maiden sur 1.500m, à 2ans, avant de courir sans succès le Preis der Winterkönigin (Gr3). Elle a plus tard gagné sur 1.600m. Barbara Moser poursuit : « J’aime bien les juments qui ont couru sur le mile. En général, elles ont naturellement de la vitesse et peuvent transmettre cette qualité. » À l’époque, Fast Company (Danehill Dancer) officiait à 9.000 € chez Kildangan Stud et il venait de donner ses premiers gagnants de Groupe dans l’hémisphère Nord. Au sujet de ce croisement, l’éleveur poursuit : « Il me semblait bien convenir à la jument… et la saillie était dans notre budget. » Lights on Me a été revendue 330.000 Gns en décembre dernier, à Newmarket.
Testa Rossi, une sacrée 2ans
Avant les chevaux que nous venons de citer, il y a bien sûr eu Patascoy (Wootton Bassett), deuxième du Jockey Club, alors qu’il était le premier élève de Barbara Moser à prendre part à ce classique. Ou encore Testa Rossi (Dr Fong), deuxième du Breeders’ Cup Juvenile Fillies Turf (Gr1) : « La mère de Testa Rossi, Peggy Lane (Dancing Spree), était un achat de yearling pour une association de plusieurs propriétaires et amis. Elle était très belle et je me souviens bien que son éleveur était assez vexé qu’elle parte à l’entraînement en Allemagne. Elle aussi était très courageuse en course. Et, après sa carrière j’ai donc souhaité la prendre comme poulinière. Ses six premiers partants ont tous gagné et le dernier fut Testa Rossi. Elle n’avait pas “fait “le prix qu’on souhaitait aux ventes. Elle a couru à cinq reprises à 2ans en France, pour deux victoires et trois places avant malheureusement d’être vendue aux États-Unis. La même année, elle a fini deuxième du Breeders’ Cup Juvenile Fillies Turf (Gr1) face à la future gagnante des 1.000 Guinées (Gr1), Chriselliam (Iffraaj). Testa Rossi a gagné trois autres Groupes jusqu’à l’âge de 4ans. »
La réussite des Allemands de France
Saint-Pair, la Pérelle, Chevotel, Rainer Engelke… la réussite des éleveurs allemands installés en France est manifeste. Barbara Moser réagit : « Il y a de très bonnes souches maternelles en Allemagne, solides et qualiteuses. Ce n’est donc pas étonnant. La seule critique qu’on puisse évoquer est le manque de précocité. Ce qui est en train de changer un peu depuis un moment, avec l’utilisation des étalons internationaux. Mais je ne me serais jamais installée en Allemagne… j’aime trop la France pour cela ! » On prête aux lignées allemandes une réelle solidité, qualité qui a tendance à diminuer dans la population des chevaux de course à travers le monde : « Les chevaux de course sont des athlètes de haut niveau. Pour la solidité, c’est quelque chose dont on doit se soucier dès le plus jeune âge à l’élevage. Nous essayons de voir chaque cheval comme un “individu” et d’être aux petits soins, en faisant sur mesure. Je pense aussi qu’il est important de ne pas dénaturer l’animal : le cheval est fait pour vivre dehors. La robustesse vient aussi d’une nourriture adaptée. Pour moi, c’est la base de l’élevage. Je ne pense pas dire quelque chose de très orignal, mais chacun a sa propre manière d’essayer de faire au mieux. »
La naissance d’une passion
Le grand-père de Barbara Moser était entraîneur de trotteurs : « Le trot monté n’existe pas en Allemagne. Et comme je montais en tant que cavalière, c’était pour moi une évidence de se diriger vers une race aussi superbe que le pur-sang anglais. » Le galop fut aussi le fil rouge de sa vie d’adulte : « En Allemagne, j’étais en couple avec un entraîneur, mais je n’ai jamais travaillé à l’entraînement. Je travaillais en tant qu’assistant manager dans une grande entreprise de sport. Cela étant dit, je participais au travail de l’écurie en m’occupant de l’administratif, des relations clients et je montais le matin dès que j’avais un moment de libre. Cela m’a appris à être attentive au comportement des chevaux à chaque instant. En 1999, je me suis séparée de mon compagnon et j’ai quitté l’Allemagne pour une autre aventure, celle de l’élevage. Nous avions eu un propriétaire autrichien qui voulait investir dans les chevaux nés en France. Par connaissance, il avait entendu parler du haras de Maurice de Lastours. En 1990, nous l’avons visité pour la première fois. Un lien amical s’est créé… » Cette année-là , Le Balafré (Groom Dancer), futur gagnant du Prix Jean Prat (Gr1) voyait le jour chez Maurice de Lastours. Lorsque cet éleveur a cessé son activité, c’est Barbara Moser qui a pris le relais… avec succès ! Cette année, pour la v2, elle présente deux filles de Galiway (Galileo). Pour octobre, le haras du Long Champ a un mâle et une pouliche par Intello (Galileo). Le premier cité est un frère d’Ice Love (Three Valleys), lauréate du Prix Ronde de Nuit (L) puis mère de trois black types. Toujours en octobre, elle présentera aussi : « Une chic fille de Territories issue d’une gagnante à 2ans de la famille de Dar Re Mi. Ainsi qu’un Belbardo, avec une mère par Cape Cross et une souche Aga Khan… »