Shawinigan dans un Anjou-Loire en batterie

Nous connaissions les courses de trot en batterie, notamment en Scandinavie et en Italie, mais nous n’en avions encore jamais vu en obstacle… Plus sérieusement, l’Anjou-Loire Challenge (L) 2023 a été marqué par un fait de courses que nous n’avions vu jusqu’à ce jour que dans un cross pour gentlemen à Merano. En effet, après 2.500m de course (sur 7.300m), Johnny Charron, en selle sur Butterfly du Mou (Daramsar), alors en tête, a arrêté son partenaire, imité par tous ses collègues. La raison ? Une lice n’avait pas été retirée pour permettre le passage des chevaux dans le virage vers le parc de l’Isle-Briand… L’erreur est humaine, mais il est dommage qu’elle arrive dans la course la plus médiatique du printemps dans l’Ouest. Après un moment d’incompréhension générale, les chevaux sont repartis à l’endroit où ils s’étaient arrêtés pour finir les deux derniers tiers de course. Animateur, Butterfly du Mou a sauté fort le fence, éjectant Johnny Charron. Lauréat de la préparatoire avec aisance, Shawinigan (Kapgarde) s’est retrouvé en tête et il a contrôlé le reste de l’épreuve. Attaqué sur le plat par Bingo de l’Aunay (Dream Well), il est reparti pour l’emporter de trois longueurs et demie devant 15.000 personnes. Espoir (Spider Flight) a tracé un excellent parcours concluant troisième devant Côte Fleurie (Montmartre), superbe à ce niveau. Très en vue, Havanea (Saddler Maker) est tombée au contre-haut devant les tribunes.

Avec Shawinigan, Patrice Quinton a signé son troisième succès dans l’Anjou-Loire après les deux victoires de Nuit Rochelaise (Dress Parade). Il a également remporté une nouvelle fois la Crystal Cup qui prenait fin jeudi. Après avoir récupéré son trophée, Patrice Quinton nous a expliqué : « Shawinigan est un cheval qui avait le gaz, mais il ne respirait pas, donc il fallait inventer quelque chose. Au départ, nous lui avons fait passer le cross pour lui apprendre à respirer… Et il s’y prenait bien. Il a été facile à dresser dans cette discipline. Nous l’avions emmené à Pau, ce qui n’est pas rien. Je suis très content car il est arrivé tard sur le cross et il a franchi une étape. Nous avons ce cheval avec des copains. C’est une superbe victoire. Il avait déjà été impressionnant la dernière fois et là, il a confirmé. »

La victoire de Shawinigan consacre une bande d’amis réunis autour du cheval. La passion des courses comme on l’aime ! Frédéric Rault, qui gère l’écurie des M, propriétaire du cheval, a raconté sur le podium : « C’est magnifique ! Nous avons eu la chance d’arriver au bout, d’avoir un bon cheval et un bon entraîneur. C’est un bonheur incommensurable. Je souhaite à tout le monde de vivre ça ! Notre dernier associé est arrivé il y a trois mois seulement et il vit cela… C’est superbe ! Nous sommes trois associés et là, c’est comme si nous avions gagné un championnat d’Europe de football. Nous avons récupéré Shawinigan il y a quinze mois, il était chez monsieur Bressou. Patrice Quinton m’avait dit qu’on le mettrait en cross et qu’il pourrait faire un super cheval pour cette discipline. Patrice Quinton et le cross, c’est une histoire d’amour. C’est notre plus belle victoire. Notre écurie d’associés a seulement un an… » De son côté, Jean-Stéphane Lebrun, jockey de Shawinigan, était sur un nuage : « C’était un rêve de gagner cette course et maintenant, c’est fait ! »

Lauréat du Grand Cross de Lignières, Bingo de l’Aunay affrontait un autre lot jeudi, mais il a remarquablement couru. Longtemps attentiste, il a laissé les leaders prendre du champ au dernier passage des pianos et il était encore loin pour aborder la descente du tournant final. Mais il a terminé fort pour se classer deuxième. Son entraîneur, Adrien Fouassier, nous a dit : « Le cheval a très bien couru, à ma grande surprise, il n’est pas rentré trop éprouvé. C’est un cheval qui en garde toujours un petit peu. Bravo à Patrice [Quinton, ndlr]. Le deuxième départ a joué contre nous car nous sommes allés loin, mais le principal est que le cheval et le jockey rentrent entiers. On essaiera de gagner l’Anjou-Loire l’année prochaine. Mais j’aurai signé pour cette deuxième place. Il ne connaissait pas le parcours, mais c’est un cheval qui s’adapte bien. Il a fait quand même beaucoup d’efforts en partant. Je suis ravi. »

Élevé par Fabrice Simon, Shawinigan est un fils de Kapgarde (Garde Royale), étalon au haras de la Hêtraie, et de Savage River (Sageburg), placée sur les haies d’Enghien à 3ans. C’est le seul vainqueur de sa mère qui a une 4ans, Peribonka River (Kapgarde), exportée en Irlande alors qu’elle était foal, St Henri Detaillon (Goliath du Berlais), un 2ans, et Mystère du Large (Kapgarde), un yearling.

La deuxième mère, Loin de Moi (Loup Solitaire), a enlevé cinq de ses douze sorties sous l’entraînement de Thomas Trapenard, dont le Prix Hopper (Listed à l’époque). Elle avait été jugée digne de courir les Prix Ferdinand Dufaure (Gr1) et Alain du Breil (Gr1). Shawinigan est le neveu de Robin Royal (Robin des Champs), deuxième du Grand Steeple du Lion (L) et de Hammersly Lake (Kapgarde), vainqueur du Prix Champaubert et deuxième de Gr2 sur le steeple de Cheltenham. Loin de Moi est la sœur de Présent Bleu (Epervier Bleu), troisième de Gr3 sur le steeple de Merano et de Far Away Girl (Cadoudal), gagnante du Prix Chalet et mère de Far West (Poliglote), vainqueur de Gr2 sur les claies à Cheltenham et deuxième du Triumph Hurdle (Gr1), de Fabulously (Antarctique), lauréat des Prix Robert Lejeune (L) et Rush, et troisième du Prix Fleuret (Gr3), et de Firmini (Mansonnien), lauréate du Prix Champoreau et troisième du Prix d’Iéna. Firmini a donné Fiumicino (Sageburg), vainqueur du Prix Wild Monarch (L).

Mesurant l’intense travail de préparation de l’Anjou-Loire Challenge accompli par chaque entourage des dix compétiteurs, le président de la société des courses, André Martin, et son comité adressent aux propriétaires et entraîneurs leurs sincères excuses consécutivement à l’incident qui s’est produit pendant le déroulement de cette édition 2023.