mardi 16 juillet 2024
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Rosario, le nouveau Baron d’Auteuil

Auteuil, dimanche

Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1)

Rosario, le nouveau Baron d’Auteuil

1er ROSARIO BARON

2e GEX (K)

3e STARLET DU MESNIL (K)

Rosario Baron (Zambezi Sun) a remporté le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1) d’une encolure, à l’issue d’une belle bataille avec le grand favori, Gex (K) (Khalkevi). Ce petit cheval au grand cœur, généreux, a été façonné depuis son plus jeune âge par Daniela Mele.  L’entraîneur est devenu, dimanche, la troisième femme à gagner le Grand Steeple après Isabelle Pacault et Louisa Carberry. Au fil des années, le représentant de Frédéric et Mauricette de Sousa a passé les paliers. Double gagnant du Prix Gaston Phoebus, la consolante du Grand Prix de Pau (Gr3), il a enlevé le Prix Troytown (Gr3) et s’est alors immiscé dans la course au Grand Steeple. Son entourage lui a choisi le programme adéquat et Rosario Baron a répondu présent le jour J. C’est un premier Grand Steeple pour Daniela Mele, mais aussi pour les propriétaires du cheval. Gex a été un formidable deuxième, comme il y a un an, précédant une Starlet du Mesnil (K) (No Risk at All) exceptionnelle, Imperil (No Risk at All) et le tchèque Suroît (Linda’s Lad).

Johnny B. Good

C’est un deuxième pour Johnny Charron, lequel conserve son titre, un an après le succès de Sel Jem (Masked Marvel). Meilleur que jamais, il a monté la course parfaite. Rosario Baron est bien parti et a galopé en sixième position, de suite dans la bataille. Après le second saut de la rivière des tribunes, il a pu pister Gex et il l’a fait sur toute la piste extérieure. À la sortie du tournant final, Rosario Baron est venu à une demi-longueur de Gex, qui avait pris les commandes pour aller sur le rail-ditch. Et à l’issue d’une belle lutte sur le plat, il s’est assuré un minime avantage pour l’emporter nettement.

Daniela Mele : « C’est un rêve qui se réalise ! »

Alors qu’elle venait de récupérer son trophée, nous avons rejoint Daniela Mele sur la piste. Elle s’est confiée sur la trajectoire de Rosario Baron, lequel a fait partie des premiers 3ans qu’elle a eus sous sa responsabilité. Que de chemin parcouru pour la jeune suissesse, passée chez Jean Dasque, Thierry Civel et Guy Cherel. Trois ans et demi après sa première victoire à Auteuil avec Stratagem (Sunday Break), dans le Prix Emilius, elle tient son premier Grand Steeple !

Jour de Galop. – Qu’est ce que ça représente de gagner le Grand Steeple moins de cinq ans après votre installation ?

Daniela Mele. – Je ressens beaucoup de bonheur ! C’est génial, c’est un travail d’équipe avec le cheval, les propriétaires, qui sont formidables. C’est un rêve qui se concrétise ! Je ne réalise pas encore…

Pourquoi l’avoir préparé dans le Prix du Mont-Dore sur les haies de Compiègne ?

Je ne voulais plus qu’il coure sur un gros parcours d’Auteuil avant le Grand Steeple. C’est un cheval qui marche au moral. S’il était revenu à Auteuil pour refaire un gros parcours, il aurait pu prendre dur mentalement. De plus, comme il est généreux, s’il avait repris une course dure, cela aurait pu être compliqué. Avant le Grand Steeple, je voulais aller au plus facile et il y avait le Prix du Mont-Dore en haies qui me paraissait pas mal. Au départ, je voulais presque venir sur le Grand Steeple directement. Mais en réfléchissant, je préférais lui redonner une course plus facile, mais sans avoir la prétention de gagner. Il s’était imposé à Compiègne parce qu’il a de la classe.

Rosario Baron fait partie de la première promotion de 3ans que vous avez entraînés. Il avait fait sensation à Compiègne à 4ans. C’est à partir de là que vous avez senti que vous aviez un bon cheval ?

En débutant, il avait été la bonne surprise de l’écurie à 3ans, à Compiègne. Puis ensuite, il avait regagné là-bas très facilement. Il a fait effectivement partie des premiers 3ans que j’ai eus. C’est cela qui est sympathique : faire évoluer un cheval qui est jeune ! C’est formidable. C’est le « kiff » d’avoir un jeune cheval, de le fabriquer, de le dresser. À 3ans, il confondait les choses, toujours joueur, il voulait aller plus vite que la musique.

C’est en fin d’année de 4ans que vous avez proposé Rosario Baron à Frédéric et Mauricette de Sousa ?

Nous leur avons conseillé de l’acheter car il montrait de la qualité déjà très jeune. Il avait quelques pépins, mais rien de grave. Ça l’avait toujours retardé dans son évolution et de ce fait, il s’est fabriqué tout seul.

À Pau, vous privilégiez souvent le Prix Gaston Phoebus, la consolante du Grand Prix, plutôt que de courir cette épreuve. Il avait besoin de temps ? 

Nous voulions aller sur le Grand Prix cet hiver avec Rosario Baron, mais comme il avait fait une mauvaise course auparavant, nous avons privilégié Youtwo Glass (Joshua Tree). Mais il aurait très bien pu courir le Grand Prix et peut-être qu’il aurait gagné. Il n’a fait que progresser.

Une poulinière et un Grand Steeple

Jean-Yves Baron, éleveur de Rosario Baron, était aux anges après la victoire de son élève dans le Grand Steeple, lequel lui offre son premier succès de Gr1… En allant sur le podium, il nous a confié avec sa femme : « Ce n’est pas un hasard… Même dans le Troytown ce ne l’était pas ! Certes, c’était le petit poucet, mais le petit poucet a grandi. J’étais tendu pendant la course. Rosario Baron était vraiment bien placé. Il fallait aller au bout et il l’a fait. Il y a eu une magnifique lutte après la dernière. Mais il a tellement un gros cœur. Je n’ai que sa mère à l’élevage. Nous l’avons mise à Zambezi Sun et le croisement a très bien fonctionné. J’élève sur mes terres. C’est une petite ferme mais j’ai un peu de terrain. Ma femme est passionnée de courses et, un jour, nous avons décidé d’acheter une poulinière, Early la Hutte, et elle nous fait des produits exceptionnels ! Elle a un foal par Bathyrhon cette année. » Les propriétaires, Frédéric et Mauricette de Sousa, nous ont simplement dit : « Nous y croyions fort ! Le cheval était en forme. »

Un printemps exceptionnel pour Johnny Charron

Ce printemps, et même depuis plusieurs mois, Johnny Charron transforme tout ce qu’il touche en or. Au micro d’Equidia, il a eu ces mots : « Depuis le début de l’année, je suis deuxième au classement des jockeys, tout en conservant ma façon de monter. Je n’ai pas d’agent, je travaille dur, je traverse la France et je fais 16.000 km par an. La récompense est là ! Nous nous étions mis d’accord de bien partir et comme je dis toujours, la boucle en début de parcours avec la haie, la double barrière, le bull-finch et l’oxer, c’est l’échauffement. Une fois que la rivière des tribunes est passée, là, c’est la course. Je me suis appliqué car c’est un cheval petit qui aime avoir son confort. Il a de la rate ! Bravo à l’équipe « Mele » car emmener un cheval sur le Grand Steeple avec une seule préparatoire, c’est beau ! Il a gagné partout, c’est un tout bon cheval, un petit champion. C’est un truc de fou ! Toute ma famille est là ! Je suis vraiment heureux ! »

Des faits de course contrarient Gex

Grandissime favori, Gex n’a pas forcément eu la course souhaitée durant le dernier tour. Il est passé dans la seconde moitié du peloton après les premiers obstacles, suivant facilement et sautant à la perfection. Au deuxième saut de la rivière des tribunes, Carriacou (Califet) et Gabin Meunier ont cherché un appui sur la corde. Gex a dû être décalé par son jockey, Bertrand Lestrade, et il a avancé, venant librement en troisième position après la haie du Pavillon. Puis il a pris les commandes pour se diriger vers le rail-ditch. Légèrement fautif sur le dernier obstacle de la ligne d’en face, il a continué à son rythme. Attaqué par Rosario Baron, lequel lui a pris le meilleur peu après la dernière haie, Gex est reparti dans les cent derniers mètres, venant échouer à une encolure… Sur la piste extérieure, il a semblé aller un brin vite, faisant un peu le jeu de Rosario Baron. Son entraîneur, Emmanuel Clayeux, nous a déclaré : « Je suis forcément déçu mais il ne faut pas toujours regarder en permanence le verre à moitié vide. Gex est quand même bon deuxième. Il confirme tout simplement qu’il fait partie des meilleurs. Cela étant, il y a eu quelques faits de course qui nous ont contrariés. Je ne veux pas citer de noms mais c’est le genre de courses qui ne doivent pas être montées par des jockeys inexpérimentés. Aujourd’hui, ce sont à cause d’eux que nous perdons la course. Les ordres étaient de venir sur la tête après le deuxième passage de la rivière des tribunes. Habituellement, Gex est plutôt un cheval qui préfère se faire emmener. Sinon, je n’ai rien à reprocher à mon jockey, Bertrand Lestrade, qui a été irréprochable. Ce sont les courses, et nous gagnerons l’année prochaine… » Rencontré aux écuries, Jacques Cyprès, copropriétaire et éleveur de Gex, nous a indiqué que le cheval pourrait aller sur la Cheltenham Gold Cup (Gr1), ayant le profil pour cela. Il est vrai qu’il a le physique pour, mais il a également beaucoup de tenue et ne craque pas. Dans le Grand Steeple, il est tombé sur deux chevaux ayant plus de vitesse (Sel Jem et Rosario Baron). Mais une Gold Cup, ça ne se gagne pas de la même manière qu’un Grand Steeple et Gex a beaucoup d’atouts pour imiter The Fellow.

Coup de gueule de Bertrand Lestrade

Au micro d’Equidia, Bertrand Lestrade, jockey de Gex, n’a pas mâché ses mots: « À chaud, j’ai beaucoup de regrets. Au second passage de la rivière des tribunes, avec Gabin Meunier qui m’emmène tout à gauche, je l’appelle, il n’écoute pas… Je trouve ça un peu grave à ce niveau-là… Il est apprenti, nous ne pouvons pas lui en vouloir. C’est dommage car ça me coûte un Grand Steeple. Je suis obligé de reprendre, mon cheval enclenche et je me retrouve un peu vite devant, trop bien. Nous étions trop bien, trop tôt. Nous avons payé pour finir. C’est frustrant car nous avons le gaz. Je suis déçu pour l’équipe d’Emmanuel. J’aurais aimé offrir son premier Grand Steeple à Emmanuel. Nous montons avec des générations qui régressent d’année en année… Et en plus, on leur fait confiance à ce niveau-là… » Le pilote a ensuite présenté ses excuses au micro d’Equidia.

Une superbe Starlet

Starlet du Mesnil abordait la distance pour la première fois et après avoir longuement attendu, elle a surgi dans la ligne droite pour aller prendre la troisième place. Son entraîneur, François Nicolle, qui présentait aussi Poly Grandchamp (Poliglote), arrêté, nous a dit : « C’est très bien ce que fait Starlet du Mesnil. C’est une jument de Grand Steeple ! C’est la première fois qu’elle fait ça. Avant le coup, je ne savais pas trop pour la distance. Mais finalement, cela ne lui a pas causé de problème. La course a vraiment été très belle et c’était régulier. Starlet du Mesnil fait toujours toutes ses courses. Un jour, elle va finir par en gagner une bonne. Concernant Poly Grandchamp, il a fait une faute au rail ditch et il est rentré dans le rang… C’est Poly quoi ! Il est venu après la rivière sur la ligne des chevaux de tête. je me suis dit qu’on était bien et après c’était plus ça. »

Incroyable Imperil !

Nous n’aurions pas donné cher des chances d’Imperil après sa faute au second passage de la haie du Pavillon. Mais le lauréat du Président a fait un bout magnifique sur la piste extérieure qu’il a prolongé. Puis, sur le plat, il s’est mis à plat ventre pour accrocher la quatrième place. Son mentor, Nick Littmoden, nous a dit : « Quel cheval fantastique ! Je savais qu’il ferait bien la distance extrême. J’étais ravi de sa dernière performance, sur une distance trop courte pour ses aptitudes. Nous reviendrons l’année prochaine ! Peut-être irons-nous courir outre-Manche ! C’est génial pour un jeune entraîneur français comme moi (rires)… »

Suroît excellent

Le tchèque Suroît a tracé un parcours parfait, sans trop de fautes, toujours parmi les premiers. Il a été courageux pour conserver la cinquième place. Son entraîneur, Josef Vana Jr, nous a rappelé qu’il n’avait pas eu la préparation idéale, mais qu’il était ravi du résultat. De son côté, son jockey, Josef Bartos, nous a déclaré : « Avant la course, nous aurions signé pour une place dans les cinq premiers ! Le cheval a été fort tout au long de la course. Il a un peu fatigué sur la fin avant de repartir grâce à son courage après le dernier obstacle. » Carriacou a conclu sixième devant Noble Yeats (Yeats), lequel a fait quelque chose dans la ligne droite.

Une première pour Zambezi Sun

Élevé par Jean-Yves Baron, Rosario Baron est le premier gagnnant de Groupe de Zambezi Sun (Dansili), désormais étalon à Coolagown Stud, en Irlande, où il approche des 20ans. Le cheval, stationné au haras de la Barbottière, faisait partie du catalogue du haras de la Hêtraie lors de ses années françaises pour la petite histoire, Rosario Baron a été conçu à partir d’une saillie appartenant à Xavier Lippens.

Sa mère est Early la Hutte (Daliapour), gagnante d’une course plate sur 2.400m à Saint-Malo. Rosario Baron est le troisième vainqueur de sa mère après Saint Baron (Confuchias), gagnant sur les steeples d’Orléans et de Segré, et Mango Baron (Nicaron), lauréat d’un réclamer sur le steeple de Dieppe. Après Rosario Baron, Early la Hutte a donné Kaiser Baron (König Turf), un 4ans, et French Baron (Gentlewave), un 3ans. En 2023, elle a été saillie par Anodin (Anabaa). C’est une fille de Daliapour (Sadler’s Wells) qui a donné quelques bons sauteurs mais également la mère de Sainte Saône (Saint des Saints), gagnante des Prix Sytaj et André Michel (Grs3).

Danehill

Dansili

Hasili

Zambezi Sun

Zafonic

Imbabala

Interval

ROSARIO BARON (H6)

Sadler’s Wells

Daliapour

Dalara

Early la Hutte

Bering

Early Winter

Winter Breeze

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