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vendredi 27 décembre 2024

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Le premier classique d’une troisième vie

Longchamp, dimanche

Emirates Poule d’Essai des Poulains (Gr1)

Le premier classique d’une troisième vie

1er  MARHABA YA SANAFI

2e  ISAAC SHELBY

3e   BREIZH SKY

Marhaba Ya Sanafi (Muhaarar) offre un premier classique à Andreas Schutz… pour sa troisième vie ! L’entraîneur connaît bien les frissons des victoires dans ces courses : cinq Derby allemands, cinq Preis der Diana et deux victoires dans les Guinées allemandes, et des champions. Elle Danzig, Samum, Salve Regina, Shirocco, Borgia en début de carrière… C’était dans sa première vie d’entraîneur. Sa deuxième vie a eu pour théâtre Hongkong, où il a eu sous sa responsabilité le champion Good Ba Ba (Lear Fan). Sa troisième vie, française, a débuté en 2016, à Chantilly. Repartir de zéro, tout reconstruire, avec un effectif d’une quinzaine de chevaux chaque année, guère plus. Et, sept ans plus tard, un premier classique et un premier Gr1 français pour les couleurs de Jabeer Abdullah, fidèle parmi les fidèles.

Une avant-course agitée

La course a été mouvementée avant l’ouverture des stalles. Les concurrents ont commencé à entrer dans les boîtes puis en sont ressortis, Knight (Mehmas) étant déferré d’un postérieur. Sorti des stalles, il a trotté devant le vétérinaire, puis a été déclaré non-partant, boiteux et blessé au jarret gauche. Entrée dans les stalles, acte○2 : pas facile à gérer pour tous les poulains. Cela explique peut-être le départ « mou » d’American Flag (K) (Wootton Bassett), resté là à l’ouverture des boîtes et qui s’est retrouvé loin. Même situation pour Good Guess (K) (Kodiac). La course, devant, a avancé sous l’impulsion de Valimi (K) (Teofilo), qui a mené bien dans son action. Marhaba Ya Sanafi, piloté par Mickaël Barzalona, a eu un parcours parfait, derrière les premiers sur une deuxième épaisseur, mais emmené par Kendly (Kendargent). Dans la ligne droite, il s’est montré dur pour aller chercher Isaac Shelby (Night of Thunder), vu derrière Valimi. Le parcours était sur mesure mais la distance a, peut-être, été le bout du monde pour le nouveau représentant de Wathnan Racing, qui s’incline d’une courte encolure. La troisième place revient à Breizh Sky (Pedro the Great) à deux longueurs, bon finisseur après avoir été vu à l’arrière-garde. Il prend une tête à American Flag, qui n’a pas placé l’accélération qu’on lui connaît mais il a dû faire un effort pour recoller après son mauvais départ. Valimi est cinquième, à une tête.

Une surprise même pour son entraîneur !

Marhaba Ya Sanafi venait d’être nettement battu par American Flag dans le Prix de Fontainebleau (Gr3), après deux victoires sur la fibrée de Chantilly. Pris en 104 de rating, il lui fallait beaucoup progresser pour espérer jouer un premier rôle dimanche. Après le retrait de Knight, il était le moins joué au départ.

La victoire de Marhaba Ya Sanafi est une surprise pour les parieurs et aussi une petite surprise pour son mentor : « Je suis enchanté ! Je m’attendais à une grande performance de sa part mais plutôt pour finir dans les cinq premiers. Il est entraîné comme les autres. Parfois il galope seul, parfois avec d’autres. Pour sa première sortie cette année [le Prix du Lieutenant, Classeâ—‹2, à Chantilly, ndlr], il n’avait pas beaucoup de travail et il a gagné malgré tout. Même chose avant le Fontainebleau, il a eu un galop seul et s’est bien comporté en se classant deuxième. En vue de la Poule d’Essai, il a eu un travail plus poussé en compagnie d’un bon cheval et il a gagné ce galop. J’espérais encore plus de pluie mais le terrain lui a convenu. Le poulain n’a pas eu à aller devant aujourd’hui, ils sont allés à un bon rythme et il a pu se détendre dans le parcours. Il avait bien couru dans le Fontainebleau et j’en attendais des progrès. J’ai gagné beaucoup de classiques en Allemagne donc j’ai pu vivre cette course assez sereinement, j’ai de l’expérience ! Je suis en France depuis sept ans, j’espère que cette victoire est un nouveau tournant dans ma carrière. Il est engagé dans le Qatar Prix du Jockey Club, cela me paraît être la suite logique à cet instant. »

Repartir de zéro

Andreas Schutz a actuellement quinze chevaux à l’entraînement – dont Go Athletico, en partance pour l’Irlande. Depuis son installation à Chantilly, il n’a jamais eu beaucoup plus de chevaux : « Quand je suis arrivé en France, je savais que cela serait difficile. Ce fut une décision réfléchie de venir. Je m’attendais à travailler avec quelques propriétaires allemands pour lesquels j’avais entraîné auparavant mais ils ont eu des plans différents. Donc, actuellement, je n’ai guère que des propriétaires français – ce que j’apprécie, ils sont polis et généreux – ainsi que Jabeer Abdullah, qui est de Dubaï. Je suis très content de cette victoire. J’avais eu un autre partant dans un classique français depuis mon installation ici, Dawn Intello (Intello), qui a conclu quatrième du Jockey Club. C’est une bonne réussite ! Je pensais que Marhaba Ya Sanafi fournirait un résultat similaire à celui de Dawn Intello. Nous ne connaissons pas vraiment ses limites et nous allons voir s’il a encore de la marge. Il n’est pas engagé dans l’Arc de Triomphe car nous ne pensons pas qu’il tiendra les 2.400m. Mais les 2.100m du Jockey Club, pourquoi pas ? »

Allemagne, Hongkong, France…

Installé en Allemagne dans les années 1990, prenant la suite de son père, Andreas Schutz part à Hongkong en 2006. Il y brille avec Good Ba Ba, lauréat de six Grs1, mais, sur la fin, cela se complique. Or, à Hongkong, il faut performer ! Le Hong Kong Jockey Club ne renouvelle pas sa licence pour la saison 2016-2017 et Andreas Schutz doit repartir : « J’avais quitté l’Allemagne pour certaines raisons. Les courses allemandes ne se portaient pas très bien. J’ai comparé les chiffres avec ceux de mon début de carrière en Allemagne et ce n’était pas positif. Pas en termes de grandes victoires, mais par rapport au nombre de partants que nous avions, de courses à disposition et des allocations à gagner. De plus, en Allemagne, la taxation était de plus de 50 %. Quand j’ai eu l’opportunité de partir à Hongkong, la décision était logique : les allocations y sont exceptionnelles, avec 18 % de taxation. Il n’y avait pas vraiment à y réfléchir et je suis parti. Quand il a fallu revenir, j’ai trouvé que la situation en Allemagne s’était encore détériorée. On peut être entraîneur tête de liste avec 60 victoires alors que, à mon époque, il en fallait 100 ou 120 ! Donc pourquoi retourner en Allemagne ? L’autre chose est que le PMU contrôle 51 % des courses allemandes et ma philosophie est simple : je préfère travailler directement pour le boss plutôt que pour ceux qui sont sous sa responsabilité ! Je voulais donc venir en France. J’adore Chantilly, j’adore les installations, j’aime les courses ici et si je voulais entamer de nouveau une carrière d’entraîneur, alors il fallait que ce soit en France… »

Jabeer Abdullah, au bon souvenir de Germany

L’histoire entre Jabeer Abdullah et Andreas Schutz a débuté il y a vingt ans, quand le propriétaire confie à son père, Bruno, avec lequel il travaillait, un certain Germany (Trempolino). Le cheval était malade mais les Schutz non seulement l’ont sauvé, mais ils ont aussi réussi à lui faire gagner deux Grs1. Jabeer Abdullah n’a jamais lâché Andreas Schutz, même dans les moments les plus difficiles, et l’entraîneur lui offre un premier classique labellisé Gr1 – il a gagné les 1.000 Guinées allemandes (Gr2) avec Full Rose (Aqlaam). Il y a une semaine, son Hi Royal (Kodiac) se classait deuxième des 2.000 Guinées de Newmarket (Gr1).

Jabeer Abdullah – et Rabbah Bloodstock – est issu de la première campagne de recrutement de nouveaux propriétaires émiratis, qui fut organisée par Darley et Gainsborough à l’époque. Jabeer Abdullah et Rabbah Bloodstock ont placé des investissements très importants dans les courses. Son représentant le plus célèbre, au moins en France, est certainement Youmzain (Sinndar), trois fois deuxième du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1)… Mais il faut aussi citer Hello Youmzain, Queen’s Logic, Zafeen…

Un peu de frustration avec Isaac Shelby

Deuxième, battu de peu, Isaac Shelby court bien. Il portait pour la première fois les couleurs de Wathnan Racing – dont la casaque a aussi pris la deuxième place de la President of UAE Cup – Coupe d’Europe des Chevaux Arabes (Gr1 PA) un peu plus tôt dans la réunion avec Abbes (TM Fred Texas). Gagnant des Greenham Stakes (Gr3), Isaac Shelby découvrait le mile dimanche. Pour Brian Meehan, il est battu plus par le manque de rythme que par la distance. Il nous a dit : « Nous sommes un peu frustrés par le fait que la course ait manqué de train. Notamment dans la première partie de l’épreuve. Cela n’allait pas assez vite pour lui. Mais il a très bien couru. Je suis ravi pour le cheval, pour son propriétaire et pour l’équipe à la maison. Il n’a pas encore tout montré. Le meilleur est à venir, surtout dans des épreuves avec plus de rythme. Nous pensons à Royal Ascot et en particulier aux St James’s Palace Stakes (Gr1). »

Breizh Sky prend rendez-vous avec Royal Ascot

Il y avait un doute sur la distance pour Breizh Sky. Sa seule sortie sur le mile a été un échec dans le Critérium International (Gr1), mais le terrain était particulièrement pénible. Dimanche, monté patiemment à l’arrière-garde – il avait le dix sur dix dans les boîtes –, il a réalisé la meilleure valeur de sa carrière. Il réalise les 600 derniers mètres les plus rapides de la course, en 34’’86. Alessandro Botti, heureux, nous a dit : « C’était beau ! Avant le coup, j’étais quand même inquiet par le numéro à la corde. Mais Maxime Guyon a monté une belle course. Il y a eu du rythme et, dans la fausse ligne droite, j’ai bien vu qu’il avait du gaz. Quand Maxime Guyon l’a décalé, il était encore très loin et il ne pouvait pas refaire autant de chemin… Mais il lui a donné un très bon parcours ! Et je pense que la piste en devant était plus favorable. Normalement, il est prévu d’aller à Ascot sur 1.400m en ligne droite [les Jersey Stakes, ndlr]. Nous allons essayer de préparer cela. Tout dépendra de la récupération du cheval. »

Un jour sans pour American Flag ?

American Flag n’est pas à condamner sur sa quatrième place dans la Poule d’Essai. Le représentant de Malcolm Parrish a complètement loupé son départ et, à un tel niveau, cela ne pardonne pas – sauf si vous êtes Zarkava ! Yann Barberot, son entraîneur, nous a dit : « Ce qu’il s’est passé au départ nous a évidemment coûté cher, le cheval n’était pas dans la course. Il a eu le passage pour venir dans la ligne droite, mais il a rapidement fait la grimace. À chaud, je n’ai pas grand-chose à dire, il avait facilement battu le vainqueur dans la préparatoire. C’est un jour sans, mais je n’ai pas d’explications. »

Il faudra aussi revoir Good Guess, sixième à une longueur de Valimi après avoir aussi manqué son départ. Le tracking indique qu’il a tracé les meilleurs 400 aux 200m de la course, en 11’’17, et les deuxièmes meilleurs 600 derniers mètres, en 34’’90.

Valimi à revoir sur plus court

Bien parti, Valimi a fait parler sa vitesse naturelle. Pour finir, il marque un peu le pas, traçant les derniers 600m en 35’’72, soit les deuxièmes les plus lents. Il y avait une question sur sa tenue et une probable réponse : le mile est certainement le bout du monde pour lui. Jean-Claude Rouget nous a dit : « Valimi a beaucoup de vitesse. Je pense qu’il est battu par son manque de tenue. Lorsque les deux premiers sont venus sur lui, il a été un peu écÅ“uré et c’est ce qui lui a coûté la troisième place. Malheureusement, ils ne peuvent pas tous gagner un Gr1, même si nous allons essayer d’y arriver. On va le raccourcir. Il n’est pas impossible qu’il aille directement sur le Prix Jean Prat (Gr1), sur place à Deauville. Quant à Kubrick (Dubawi), je pense que c’est une question de terrain. La piste semble quand même très pénible. À l’avenir, il va falloir le courir sur une piste plus légère. Il devrait trouver sa voie, notamment à Deauville. »

Muhaarar, l’incroyable retour en grâce

C’est un retour en grâce spectaculaire, comme on en voit rarement. Lorsqu’il a quitté l’Angleterre, Muhaarar (Oasis Dream) était en perte de vitesse. Personne n’en voulait et c’est à cet instant qu’Alain Chopard l’a récupéré. L’année 2022 fut pourtant celle de toutes les réussites pour l’étalon du haras des Faunes, avec pas moins de vingt black types soit 10,1 % de ses partants dans l’hémisphère Nord. C’est un taux de réussite trois fois supérieur à celui de 2021 ! À titre de comparaison, Siyouni (Pivotal) était à 10,5 en 2022. Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, Muhaarar est monté à 11,2 %… Où va-t-il s’arrêter ? Marhaba Ya Sanafi est le premier gagnant classique de son père mais son deuxième lauréat de Gr1 après Eshaada (British Champions Fillies/Mares Stakes, Gr1). Au total, on lui doit 10 gagnants de Groupe.

Alain Chopard, ravi, nous a confié : « J’ai du travail à la maison… et j’ai donc regardé la course à la télévision. Ce qui arrive avec Muhaarar, c’est incroyable. Cette année, il a reçu des juments de tous les grands haras normands. Et personnellement, je lui ai mis quinze juments tous les ans ! Mais je crains que Shadwell ne le reprenne l’année prochaine car mon contrat de deux saisons arrive à son terme. Il reste de la place et on peut encore lui envoyer des juments pour les semaines à venir ! » 

Un petit-fils d’une placée des Lancashire Oaks

Élevé par Rabbah Bloodstock – dont le palmarès est exceptionnel – Marhaba Ya Sanafi est un fils de Danega (Galileo), une jument restée inédite. Marhaba Ya Sanafi est son troisième produit et son deuxième gagnant après Mofridge (Iffraaj), lauréat à 3ans en Allemagne. Au haras, elle a une 2ans par Acclamation (Royal Applause) et a été saillie par Hello Youmzain (Kodiac) en 2022. Rabbah Bloodstock a acheté Danega pour 58.000○Gns en décembre 2016… avant de la revendre 16.000○€ en décembre dernier à Goffs. Le bon était signé par Duncan McGregor.

La deuxième mère, Danelissima (Danehill), a remporté à 3ans les Noblesse Stakes (Gr3) de Naas et elle s’est classée troisième des Lancashire Oaks (Gr2) à Haydock (GB). Elle est la mère de trois gagnants dont Fergus Mclver (Sadler’s Wells), lauréat d’une épreuve sur 2.000m au Curragh et deuxième des Ballysax Stakes (Gr3), à Leopardstown.

La grande souche Bolger

Marhaba Ya Sanafi est un descendant de La Meilleure (Lord Gayle), la célèbre poulinière de Jim Bolger, mère de Sholokhov (Sadler’s Wells), gagnant du Gran Criterium (Gr1). Elle est l’aïeule de très nombreux black types, dont Skitter Scatter (Moyglare Stud Stakes, Gr1), Subjectivist (Ascot Gold Cup & Prix Royal-Oak, Grs1), Sir Ron Priestley (2e du St Leger, Gr1), Intense Focus (Dewhurst Stakes, Gr1), Soldier of Fortune (Coronation Cup & Derby d’Irlande, Grs1)…

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LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Du départ à 1.000m : 38’’98

De 1.000m à 600m : 24’’35

De 600m à 400m : 11’’89

De 400m à 200m : 11’’47

De 200m à l’arrivée : 11’’87

Temps total : 1’38’’56

Green Desert

Oasis Dream

Hope

Muhaarar

Linamix

Tahrir

Miss Sacha

MARHABA YA SANAFI (M3)

Sadler’s Wells

Galileo

Urban Sea

Danega

Danehill

Danelissima

Zavaleta

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