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lundi 23 décembre 2024

AccueilA la uneBienvenue au "Grand Steep" !

Bienvenue au « Grand Steep » !

Bienvenue au « Grand Steep » !

Cela n’a pas échappé aux personnes présentes à Auteuil pour le week-end du Grand Steeple-Chase de Paris… Il y avait du soleil, du monde et, surtout, on y entendait beaucoup parler l’anglais, souvent avec l’accent irlandais. C’était le cas sur la piste, avec les pensionnaires de Willie Mullins – qui est chez lui à Auteuil – mais aussi ceux d’Emmet Mullins, de Shark Hanlon ou encore de Gavin Cromwell, mais aussi dans le public, chose beaucoup plus étonnante !

Par Anne-Louie Échevin

ale@jourdegalop.com 

Si près mais si loin

L’obstacle français est une sorte de curiosité pour les turfistes anglais et irlandais, qui suivent cela d’un Å“il souvent distrait et lointain. Chose étonnante si on considère que bon nombre de « FR » sont exportés et brillent de Cheltenham à Punchestown. Ou encore si l’on se souvient des belles pages de l’histoire de l’obstacle anglo-irlandais qui ont été écrites avec des chevaux entraînés en France, par François Doumen ou Guillaume Macaire pour ne citer qu’eux. Après tout, de grandes histoires de Cheltenham, The Home of Jump Racing, commencent à Auteuil, le Temple de l’obstacle. Passionnant pour un amoureux de la discipline, lequel peut même s’amuser à devenir un courtier en herbe en repérant un 3ans ou un 4ans suite à des débuts prometteurs et, peut-être, amené à être exporté.

Depuis 2018, suite à un accord avec France Galop et le PMU, Sky Sports Racing diffuse les courses françaises et met ainsi « notre » obstacle, ses acteurs et ses chevaux, à l’honneur outre-Manche. Et qui dit visibilité accrue dit plus d’enjeux… Le week-end du Grand Steeple arrive alors que, outre-Manche, la saison de plat bat son plein, laissant frustrés pour quelques mois nombre de turfistes amoureux des fences. Pourtant, malgré cette belle couverture télévisuelle offerte par Sky Sports, ainsi que par le travail de notre confrère Scott Burton du Racing Post, nous avons le sentiment que notre fête de l’obstacle passe souvent inaperçue de l’autre côté de la Manche. Sauf cette année.

Une attention sans précédent outre-Manche

Ce n’est pas « notre » Adrien Cugnasse qui dira le contraire, lui qui a été contacté à deux reprises pour parler d’Auteuil dans le Nick Luck Daily Podcast – avant et après le week-end. Auteuil a très rarement été à l’honneur dans ce podcast, pour ainsi dire jamais. De même, les journaux hippiques britanniques et irlandais se contentent souvent du minimum, sauf victoire locale, dans le traitement de la réunion… parce qu’ils n’ont pas les lecteurs, tout simplement, pour notre « Grand Steep » ! Oui, c’est ainsi qu’Irlandais et Anglais font souvent référence à notre course, reprenant notre mauvaise prononciation française d’un mot anglais…

Nous avons voulu avoir le point de vue d’un Irlandais habitué d’Auteuil et, lundi, nous avons appelé Willie Mullins. L’homme a beau gérer une écurie mammouth – qui fait débat actuellement outre-Manche –, il est toujours d’une disponibilité exceptionnelle. Il répond, visiblement dans la rue, et des bruits de gyrophares nous font craindre un instant qu’il ne soit en course-poursuite avec la police. Pas de panique : il profitait d’une dernière belle journée à Paris pour faire du tourisme dans un bus à ciel ouvert. « J’ai en effet ressenti beaucoup plus d’intérêt pour le week-end du Grand Steeple cette année. Je pense que cela est dû à une forte présence d’entraîneurs irlandais et de chevaux bien connus du public outre-Manche. Je trouve cela très positif de voir cette belle réunion mise en valeur chez nous et de constater l’intérêt des professionnels irlandais qui ont fait le déplacement. J’y suis peut-être pour quelque chose, dans le sens où ils me voient tous les ans aller à Auteuil. Quand notre saison s’arrête et qu’ils me demandent quels sont mes plans, je leur parle de mon équipe pour Auteuil et cela leur a peut-être permis de mieux connaître ce week-end. Côté anglais, j’ai aussi croisé Fergal O’Brien, qui avait un partant samedi, et que je suis allé saluer. » Très actif sur son compte Twitter – assez drôle –, Fergal O’Brien a d’ailleurs bien documenté sa première aventure française, riche en champagne, auprès de ses 59.400 followers. Une bien belle vitrine qui donnera peut-être envie à des passionnés de faire le déplacement dans le futur.

Comme le Dublin Racing Festival

Le week-end du Grand Steeple-Chase de Paris a de quoi séduire les passionnés de courses d’obstacle anglais et irlandais, comme nous l’explique Willie Mullins : « J’ai trouvé que l’ambiance était excellente tout le long du week-end et, en effet, des passionnés avaient effectué le déplacement cette année. C’est la première fois, je crois, que les turfistes irlandais étaient aussi présents. Et ils ont raison de venir ! Le week-end du Grand Steeple est comme un mini-festival où, sur deux jours, les meilleurs chevaux s’affrontent avec, cette année, un nombre plus important de concurrents internationaux. C’est différent de Punchestown ou de Cheltenham. Je dirais que cela se rapproche plus de notre Dublin Racing Festival, en février, où les meilleurs éléments irlandais sont présents au départ sur deux journées de course de haut niveau. »

Nous avons parlé avec une jeune irlandaise, Emma O’Brien qui, munie de son appareil photo, avait fait le déplacement à Auteuil pour la première fois : « L’an dernier, j’étais allée à Chantilly et Longchamp et j’avais vraiment aimé les courses là-bas. J’avais réellement envie de revenir et de découvrir l’obstacle français. Le fait qu’il y ait autant d’irlandais au départ a rendu la réunion encore plus passionnante. D’un point de vue général, j’apprécie vraiment les courses françaises : elles sont accessibles financièrement, l’ambiance y est très plaisante et les hippodromes sont magnifiques. J’ai eu le sentiment que beaucoup plus de personnes s’intéressaient au Grand Steeple cette année, peut-être parce que l’Irlande n’a jamais gagné la course et nous comptions cette année sur un lauréat de Grand National [Noble Yeats, ndlr]. »

Vers une grande Europe de l’obstacle ?

Les Anglais et Irlandais présents ont pu découvrir quelques chevaux français pouvant potentiellement courir à Cheltenham dans le futur, comme Gex (K) (Khalkevi) et Thélème (Sidestep). Il y a finalement peu eu d’affrontements entre français et anglo-irlandais dans les Grs1 de Cheltenham ces années récentes, ce qui a fait des tentatives de Gold Tweet (On est Bien) et Henri Le Farceur (Hunter’s Light) dans le Stayers’ Hurdle 2023 un vrai événement. Willie Mullins est un habitué d’Auteuil mais peu de ses compatriotes font peu le déplacement et les Britanniques sont rares sur la butte Mortemart. Y aura-t-il plus d’échanges dans le futur ? Peut-être que les Irlandais viendront profiter davantage des opportunités à Paris, même si ce n’est pas évident. Mais, hors Cheltenham, une présence française accrue paraît peu probable selon Willie Mullins : « Ce serait évidemment quelque chose d’intéressant mais si je prends l’Irlande, je pense que nous avons un problème d’allocations pour intéresser vraiment les entourages français. Il faudrait qu’elles soient augmentées. Ensuite, par rapport au plat par exemple, nous avons entre la France, l’Angleterre et l’Irlande, un problème de saisonnalité. Notre saison reprend en novembre et, pour l’Irlande, se termine avec Punchestown en avril/mai. Quand nous envoyons des chevaux au week-end du Grand Steeple, il faut trouver des éléments capables de performer après une longue saison ou qui ont commencé en décembre. Ce n’est pas évident pour tous. Le grand week-end français de novembre arrive trop tôt pour nous. Et pour les français, courir en Angleterre ou en Irlande au cÅ“ur de la saison est difficile car beaucoup de chevaux ont pris du repos et il est difficile de les avoir à 100 % pour février ou mars, par exemple. Je crois qu’il faudrait énormément de changements pour qu’il y ait davantage d’échanges entre les trois pays. »

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